La première erreur de jugement grave de Mark Carney


Mario Dumont
Plusieurs controverses ont marqué les premiers jours de campagne de Mark Carney. Aucune cependant ne représentait dans mon esprit une faute grave dans l’exercice de son rôle de chef de parti et de premier ministre.
Commençons par souligner à quel point il est normal qu’un nouveau venu sur la scène politique, peu connu, soit scruté à la loupe. Le public veut savoir avant de voter, alors les médias jouent leur rôle.
Monsieur Carney refuse de participer au Face-à-Face de TVA? C’est une décision stratégique qui peut décevoir des électeurs, ce n’est pas une faute lourde. On déterre des gestes qu’il a posés dans le cadre de ses fonctions chez Brookfield? Il travaillait alors pour un grand fonds d’investissement, il n’était pas premier ministre.
On déplore l’insuffisance de son français? C’est certainement une faiblesse de sa candidature, mais ses efforts semblent satisfaire bon nombre d’électeurs. Personnellement, j’aurais aimé le voir inclure le français dans ses priorités des dernières années, alors qu’il lorgnait la plus haute fonction au Canada.
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Complice de la Chine?
L’affaire du député Paul Chiang est d’un autre ordre. Député depuis quatre ans et à nouveau candidat libéral, Chiang a formulé un souhait inimaginable, honteux. Il a suggéré à ses concitoyens de livrer un candidat conservateur aux autorités chinoises en échange d’une récompense.
Ce candidat conservateur, Joe Tay, est véritablement recherché par la police de Hong Kong. Même s’il n’habite plus là-bas, on ne tolère pas qu’il critique ouvertement le régime communiste chinois. Une récompense équivalant à 184 000$ est offerte à quiconque le livre aux autorités chinoises.
Imaginez le scandale! Après des années à enquêter sur l’ingérence chinoise dans notre politique, un élu canadien suggère de livrer un autre citoyen à la répression chinoise. Ce faisant, Paul Chiang renie la liberté d’expression au Canada. Il joue le jeu illégal d’une puissance étrangère qui pourchasse des ennemis du régime à travers le monde.
De surcroît, permettez-moi de m’inquiéter de la fidélité première de cet élu libéral. Est-ce qu’il garantit sa loyauté au Canada ou au Parti communiste chinois?
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La posture du chef
Mark Carney l’a défendu. Mark Carney a défendu l’indéfendable. Il a traité l’affaire comme une petite déclaration malencontreuse. Les excuses du député suffisaient. Le chef lui faisait toujours confiance.
Il s’agit d’une erreur de jugement inexcusable de la part du chef libéral. Une faute lourde du point de vue moral. Il démontre par la même occasion qu’il n’a rien compris des conclusions de la commission sur l’ingérence étrangère dans la politique canadienne.
Paul Chiang s’est finalement retiré de la campagne. Supposons que des organisateurs libéraux lui ont expliqué le supplice de la goutte d’eau. Peut-être ont-ils même été assez gentils pour l’aider à écrire sa lettre...
Ce n’était pas la chose à faire. Ce candidat devait être destitué par le chef avec fermeté et au nom de principes fondamentaux. Mark Carney a cruellement raté ce test.