L'Ukraine demande à l'OTAN des armes «maintenant» ou «ce sera trop tard»
Agence France-Presse
L'Ukraine a besoin des armes des pays de l'OTAN «maintenant» pour repousser l'offensive russe, ou «ce sera trop tard», a déclaré jeudi son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba lors d'une réunion de l'Alliance atlantique à Bruxelles.
«Je ne doute pas que l'Ukraine aura les armes nécessaires pour combattre. La question c'est quand», a-t-il insisté après avoir rencontré ses homologues des pays de l'OTAN. Il a réclamé avec la même urgence l'arrêt des achats de pétrole et de gaz à la Russie.
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«Soit vous nous aidez maintenant, et je parle de jours, pas de semaines, ou votre aide arrivera trop tard», a-t-il averti lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion.
Les forces russes se sont repliées et regroupées pour faire mouvement vers l'est de l'Ukraine où l'OTAN s'attend à une offensive d'envergure.
«La bataille pour le Donbass est en cours», même si «elle n'a pas atteint son apogée», a affirmé Dmytro Kouleba.
«Elle vous rappellera la Seconde Guerre mondiale, avec des milliers de chars, de véhicules blindés, des avions, de l'artillerie», a-t-il prévenu. «Ce ne sera pas une opération locale».
«Les alliés sont conscients de l'urgence de fournir plus de soutien à l'Ukraine», a assuré le secrétaire général de l'Alliance, le Norvégien Jens Stoltenberg, à l'issue de la réunion.
«Il est préférable de ne pas se montrer trop précis sur les armements qui seront fournis», a-t-il dit. «Mais il s'agit d'un soutien significatif».
«Nous avons accepté de fournir des armes lourdes à l'Ukraine et d'aider les forces ukrainiennes à passer de leur équipement de l'ère soviétique à un équipement conforme aux normes de l'OTAN, sur une base bilatérale», a confirmé la ministre britannique Liz Truss.
«Si les Ukrainiens sont parvenus à repousser les forces russes, c'est grâce à leur courage extraordinaire, mais aussi parce qu'ils avaient les armes pour le faire», a pour sa part commenté le secrétaire d'État américain Antony Blinken.
«Nous allons continuer à leur fournir les armements dont ils ont besoin et qu'ils peuvent utiliser dès leur réception», a-t-il assuré.
Le patron de l'OTAN a averti qu'il fallait se préparer à «une guerre de longue durée, sur plusieurs semaines, voire des mois ou des années, ce qui sera une tragédie pour le peuple ukrainien et comportera des risques d'escalade au-delà de l'Ukraine».
«Il faut arrêter la machine de guerre russe aujourd'hui», a insisté le chef de la diplomatie ukrainienne. Il a salué les nouvelles sanctions que l'Union européenne s'apprête à adopter, mais a appelé à aller rapidement plus loin.
«Tant que l'Occident continue d'acheter le gaz et le pétrole à la Russie, il soutient l'Ukraine d'une main tout en soutenant la machine de guerre russe de l'autre», a-t-il déploré.
Le ministre a dit être prêt à rencontrer à nouveau son homologue russe Sergueï Lavrov «si cela peut mettre un terme à cette guerre», mais «je ne suis pas optimiste quand je l'écoute, car tout ce qu'il dit vise à bloquer la négociation».
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«Le fait qu'il justifie les bombardements d'un hôpital à Marioupol et les crimes de guerre commis à Boutcha et dans d'autres villes et villages d'Ukraine (...) le rend complice de ces crimes», a-t-il accusé.
«Les atrocités faisaient partie du plan d'action de la Russie pour terroriser», a affirmé Antony Blinken au cours de sa conférence de presse, estimant que Moscou continuait à en commettre «en ce moment même».
Au-delà de Boutcha, localité près de Kyïv où l'Ukraine et les Occidentaux accusent Moscou d'avoir commis un «massacre» de civils, «il y a beaucoup d'autres villes que la Russie a occupées et d'autres villes qu'elle occupe encore, des endroits où nous devons estimer que les soldats russes commettent davantage d'atrocités en ce moment même», a-t-il déclaré.