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L'article provient de TVA Sports
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«Kent essaiera de les accommoder» - Martin St-Louis

Martin Chevalier / JdeM
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Photo portrait de Jonathan Bernier

Jonathan Bernier

2023-02-06T17:08:03Z
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Lorsque Martin St-Louis s’est amené à la barre du Canadien, le 9 février 2022, il trouvait une équipe en déroute. Sous la gouverne de Dominique Ducharme, le Tricolore n’avait remporté que deux de ses 25 matchs précédents. Un an plus tard, la situation est un peu plus rose, bien que les embûches demeurent encore présentes.

«Cette saison, je n’ai pas eu à recommencer à zéro. J’avais passé trois mois avec l’équipe l’an dernier. Je suis content de notre progrès comme équipe. J’ai une vision de l’équipe que je désire construire et de la culture que je veux bâtir, mais ça n’arrivera pas du jour au lendemain», a indiqué St-Louis, en entrevue avec Le Journal.

Le Lavallois de 47 ans n’a pas voulu en dire plus sur cette vision, sur cette culture : «Il faudrait qu’on passe des heures à faire de la vidéo ensemble. Et on ne le fera pas», a-t-il lancé, dans un éclat de rire.

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Un peu de patience 

Cependant, il assure que l’instauration de ses concepts va bon train. Et ce, même si avec une aussi jeune équipe que celle qu’il a sous la main, il faut un peu de patience.

«Les jeunes sont prêts à absorber les informations, mais il faut prendre le temps. Les parties nous parlent. Elles nous disent si on est prêt à passer à un autre aspect, a expliqué St-Louis. Si tu essaies de travailler sur 10 ou 15 choses en même temps, oublie ça. Ça deviendra trop difficile.»

Et combien de temps faudra-t-il pour assimiler tous ses aspects?

«Je trouve qu’on est sur la bonne voie, a-t-il assuré. À la fin de l’année, je peux te dire qu’on va être vraiment proche, vraiment, d’avoir touché à tout. Après ça, on va pouvoir commencer à entrer dans les détails.»

Comme les téléphones 

La réponse de l’ancien attaquant du Lightning peut avoir de quoi surprendre considérant que, pas plus tard que pendant la période des Fêtes, le Canadien a possiblement atteint le fond du baril.

On se rappelle la mornifle de 7 à 2 subie aux mains des Panthers et celle de 9 à 2 encaissée contre les Capitals. St-Louis a admis que ce fut une période très difficile à vivre, mais qu’elle fut formatrice. Même pour lui.

«C’était dur. C’est une expérience que j’avais besoin de vivre comme entraîneur. Je me demandais si des équipes avaient trouvé une brèche dans notre jeu. Vous savez, il y a tellement de vidéos maintenant dans la LNH. Je devais trouver où était la brèche.»

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«C’est une évolution, a-t-il poursuivi. C’est comme les téléphones. Il y a les versions 1.0, 2.0, 3.0. Ça continue de monter et de s’améliorer, a-t-il mentionné pour illustrer son propos. Où en sommes-nous avec notre téléphone? Pas encore où on veut, mais on n’est pas à 1.0.»

Ouvert aux débats 

Reste maintenant à savoir si l’évolution se fait assez vite au goût des vétérans. Certains soirs, certains donnent l’impression qu’ils aimeraient être ailleurs.

«Ça peut arriver qu’il y en ait qui veulent partir. Si c’est le cas, Kent [Hughes] essaiera de les accommoder.»

À ce sujet, dans les premières semaines du calendrier, St-Louis a déclaré qu’il souhaitait miser sur «du monde qui va planter des arbres, mais qui ne s’assoira jamais à l’ombre de ces arbres-là.»

En d’autres termes, il souhaitait pouvoir miser sur des vétérans qui contribueraient au développement de l’équipe sans pouvoir être témoins de ses succès, une fois le temps venu.

«J’ai des conversations et des débats avec les joueurs. C’est important de parler avec les vétérans. Je ne prétends pas tout connaître. Je ne suis pas borné.»

«Ça ne me dérange pas de voir un joueur qui cherche à me convaincre. Parfois, ces discussions débarrent une chose dans ton cerveau et ça t’amène à une autre place», a-t-il poursuivi.

Et qui sait? Peut-être accélérer un peu plus le processus?

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Une relation différente avec les médias

À l’époque où il portait les couleurs du Lightning et des Rangers, Martin St-Louis n’était pas fervent des entrevues d’après-match. Depuis qu’il a troqué chandail et épaulettes pour veston et cravates, on découvre un tout autre personnage.

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En un an, on peut compter sur les doigts d’une main les fois où il a perdu patience. Et encore là, on était loin des envolées de certains de ses prédécesseurs.

«À l’époque où je jouais, je venais peut-être tout juste de me faire chialer après par mon coach, j’avais peut-être joué une mauvaise game, reçu un coup de coude sur le menton, une rondelle sur une cheville», a-t-il expliqué.

Une réalité maintenant totalement différente

«Comme entraîneur, je n’ai pas ces émotions-là parce que je ne suis pas sur la glace, personne ne crie après moi. J’essaie de faire avancer mon équipe avec du rationnel, pas avec de l’émotionnel. Parce que quand tu es dans l’émotion, tu te perds. Tu perds ton chemin.»

N’empêche, avoir des micros sous le nez plus souvent que le premier ministre du Québec ne doit pas toujours être commode.

«Oui, parfois, c’est exigeant. Mais je sais que quand je vous parle, je parle aux partisans. C’est la plateforme que j’ai et je prends ça au sérieux parce que je sais ce que le CH représente», a-t-il indiqué.

Par l’entremise des médias, les amateurs sont donc plus à même de comprendre la direction que St-Louis veut donner à son équipe et certaines de ses décisions.

«Je ne dirais pas que je fais de l’enseignement. Mais ça me permet de leur donner vraiment une idée de ce qu’est notre processus et d’être honnête. J’essaie aussi de le faire sans me prendre trop au sérieux.»

Ne pas se prendre au sérieux 

Cette dernière phrase est importante. Elle explique pourquoi il n’hésite pas à avoir recours aux suggestions de Chantal Machabée lorsqu’il cherche la bonne traduction. Quitte à être la vedette d’un sketch du Bye Bye ou de passer à Infoman.

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C’est également la raison pour laquelle on peut parfois le voir esquisser un sourire lors de son point de presse d’après-match, même après une défaite.

«J’aime rire. Même dans des moments difficiles. Je pense que c’est important de ne pas se prendre au sérieux et de, parfois, être vulnérable. De toute façon, arriver avec l’air bête, ça ne donne rien. Si tu as tout le temps l’air fâché, quand tu te fâches, on ne te prend plus au sérieux.» 

Sans compter que la vie est plus rose quand on a le bonheur facile.

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Pas question de couler pour Connor Bedard

«Quand tu essaies d’influencer les choses en ne te comportant pas de la bonne façon, ça vient te hanter tôt ou tard.» 

Rarement dans le marché montréalais, au cours de la longue histoire du Canadien, les partisans de l’équipe ont-ils autant souhaité voir l’équipe couler le plus possible au fond du classement. 

L’idée de pouvoir obtenir le tout premier choix du prochain repêchage et sélectionner Connor Bedard les fait davantage saliver que l’espoir de voir le Tricolore participer aux séries éliminatoires en se qualifiant par la porte arrière. 

Martin St-Louis est au courant de ce désir, mais sa conscience de compétiteur l’empêche d’y donner suite. 

«En plus, même si tu finis dernier, ça ne garantit rien», rappelle-t-il. 

En effet, la loterie mise en place pour éviter les chutes libres intentionnelles au classement fait en sorte que la formation qui termine au 32e et dernier rang du circuit obtient environ 25% des chances d’obtenir le premier droit de parole. 

Prions Dame Chance 

Non seulement ça laisse quelque 75% des chances de passer à côté de Bedard, mais ce serait contre-productif pour une organisation qui tente d’implanter une nouvelle culture au sein de son groupe.

D’ailleurs, Kent Hughes en a laissé plusieurs perplexes lorsqu’il a déclaré, pendant son bilan de mi-saison, qu’ils étaient rendus à l’étape où «les victoires sont bonnes jusqu’à un certain point et les défaites ne sont pas bonnes jusqu’à un certain point.»

Conscient que son directeur général s’était quelque peu fait critiquer, St-Louis avait choisi de venir à sa défense dès le lendemain en précisant sa pensée. Il l’a de nouveau fait devant les deux représentants du Journal de Montréal.

«Ils interprétaient ses propos. J’ai choisi d’en parler. Oui, on veut gagner. Mais pas au prix de ne pas développer nos jeunes, a-t-il expliqué. Si on est dans le match et qu’on se bat, on ne commencera pas à se frapper sur la tête après une défaite.»

Pour espérer voir Bedard aboutir à Montréal, il faudra donc compter sur Dame Chance et, peut-être, sur un coup de main des Panthers, dont le Canadien détient le premier choix.

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