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Culture

Karine Gonthier-Hyndman se confie sur le fait d’avoir joué à l’écran avec son ex, Guillaume Girard

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Patrick Delisle-Crevier

2024-03-20T10:00:00Z
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À sa sortie de l’école de théâtre, la comédienne a connu la disette. Huit années au cours desquelles elle n’a eu que très peu de rôles à se mettre sous la dent. Au début de la trentaine, elle a passé une audition pour l’émission Like-moi!, qui a marqué le commencement d’une belle carrière. Nous l’avons rencontrée au visionnement de presse de l’ultime saison de C’est comme ça que je t’aime, où elle incarne une dernière fois Micheline, pour faire un trop rare brin de jasette avec elle.

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Karine, que peux-tu nous dire de cette troisième et ultime saison de C’est comme ça que je t’aime?

On a tourné ces épisodes il y a un an et, sur un plateau, il est très difficile d’avoir une vision globale de ce qu’on fait. Forcément, notre oeil, notre radar est vraiment centré sur les scènes dans lesquelles on tourne, parce qu’on n’a pas accès au reste. Ça fait donc vraiment du bien de voir le résultat. Non que je n’avais pas confiance — j’ai toujours eu confiance en cette série et en l’écriture de François Létourneau — mais, après l’avoir vu, j’ai juste envie de dire que j’ai trouvé ça vraiment bon. C’est impressionnant! Je suis aussi emballée par l’arrivée de tous ces nouveaux personnages et par les éléments de l’intrigue qui reviennent saison après saison, comme le départ des enfants pour le camp de vacances.

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Que garderas-tu de ton personnage de Micheline?

C’est vraiment difficile de quitter une émission comme celle-ci. On injecte un peu de ce qu’on est dans nos rôles. Quand je crée un personnage, je tente de lui insuffler un peu de délinquance, de vie. Ce n’est pas quelque chose que je porte nécessairement en moi dans mon quotidien mais, artistiquement, il y a cette volonté en moi d’écrire un peu entre les lignes et d’y ajouter ma singularité. Ce que j’aime, dans l’écriture de François, c’est qu’il y a de la place pour tricoter entre les lignes et y mettre un peu de ce dont on a envie. François est un acteur et ça paraît dans son écriture. Je pense que c’est ce qui va me manquer le plus de cette série. Habituellement, en télé, on n’a pas le temps et il y a peu d’espace créatif. Ça n’a pas été le cas avec cette série. 

La fin d’un projet, c’est un petit deuil pour toi?

En toute honnêteté, je vis bien avec le fait de terminer quelque chose, parce que je comprends rationnellement que ça fait partie du processus consistant à finir ce qu’on a commencé. Notre métier est construit comme ça: tout ce qu’on commence se termine à un certain moment. Après, ce qui est difficile, c’est de se dire que des projets comme celui-là, il n’y en a pas beaucoup dans une carrière. C’est avec ça que j’ai le plus de difficulté à jongler. J’aimerais me dire qu’il va y avoir d’autres projets de cette envergure et qu’au Québec, on fait tout le temps des choses aussi audacieuses et singulières qui vont briller à l’étranger, avec des personnages féminins étoffés et aussi créatifs. Malheureusement, ce n’est pas ce que je ressens. Et c’est là que, pour moi, le deuil est complexe. J’ai peur de ne plus pouvoir, sur le plan créatif, faire partie de quelque chose qui rayonne et qui allume autant les gens.

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Il y a aussi la série Entre deux draps qui s’est terminée...

Oui, un autre deuil. D’autant que ç’a vraiment été un projet intime, car je tournais avec mon ex, Guillaume Girard, constamment en huis clos. C’est drôle, parce que cette série est arrivée après notre séparation, et on jouait un couple à l’écran. Cela nous a permis d’aborder notre relation autrement, par le biais du travail. Tourner avec lui a été le fun, car il y avait une belle synergie entre nous. On avait vraiment un rapport d’intimité et ç’a été une fantastique expérience. C’est drôle à dire, mais notre séparation aura été plus douce.

Et qu’est-ce qui s’en vient pour toi?

En ce moment, je tourne dans le film Deux femmes en or, de Chloé Robichaud. C’est un autre beau projet, dont je suis vraiment contente. J’y joue Florence, qui était incarnée à l’époque par Monique Mercure. Ce que j’aime de ce projet, c’est que Laurence Leboeuf et moi, qui sommes les deux actrices principales du film, faisons vraiment partie du processus créatif. Nous sommes chanceuses. Je tiens à dire que, même si on reprend le Deux femmes en or de l’époque, ce long métrage sera vraiment différent, avec un angle distinct. Notre film raconte l’histoire de deux femmes qui cherchent à se libérer d’elles-mêmes. Les relations homme-femme sont bien différentes maintenant, et ça transparaîtra dans ce nouveau film.

Karine, tu as connu huit ans de disette avant que ça commence à marcher pour toi en tant que comédienne. Comment te l’expliques-tu?

Ç’a été une période difficile et, parfois, j’y pense encore. Comme en ce moment je suis à la fin d’un cycle de travail, après le tournage de Deux femmes en or, je me retrouverai devant rien. Tous mes projets se terminent cette année, et ce sera la première fois depuis ma grande disette que je serai ainsi, face au vide. Je constate que j’en éprouve un traumatisme physique, car le simple fait d’y penser me replonge dans un état semblable à celui dans lequel j’étais dans ma vingtaine. Mais la différence, maintenant, c’est que j’ai 40 ans et des responsabilités financières différentes. Ça me fait peur de ne pas avoir de contrat pour la suite, pas seulement pour l’aspect financier, mais aussi pour l’aspect créatif.

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Si tu devais exercer un autre métier, faire autre chose, tu ferais quoi?

À l’époque, je doublais des films pornographiques pour gagner ma vie. Nous étions une gang de jeunes comédiens et c’était très drôle. On a tellement ri en faisant ça! Même qu’une fois, j’en ai tellement mis dans mes souliers d’extase que j’ai hyperventilé, et je me suis évanouie dans le studio. J’en garde tout de même de bons souvenirs... J’étais jeune et j’avais besoin de travailler. Par contre, je ne le referais pas. D’ailleurs, il y a plein de choses qui m’intéressent, qui m’amusent. J’ai envie d’écrire, j’aime l’image, j’aime faire de la photographie. Cependant, il y a dans le jeu quelque chose dont j’ai besoin, et je pense que je serais très malheureuse de ne plus faire mon métier.

Avoir 40 ans, tu le vis comment?

Je mentirais si je disais que ça ne me travaille pas... En même temps, je me sens bien là où je suis dans ma vie. Ce qui est dur dans le fait de vieillir, c’est la peur d’être reléguée aux oubliettes. Si j’avais la certitude que ça n’arrivera pas, ça me dérangerait beaucoup moins de prendre de l’âge. Mais il n’y a pas tant de rôles intéressants pour les femmes de 50 ou 60 ans, même s’il y en a de plus en plus.

Tu es satisfaite de ta carrière?

Oui, vraiment! Je ne m’attendais pas à avoir autant de chance et à travailler sur d’aussi beaux projets. Je pensais galérer, parce que ça m’a pris huit ans pour commencer à vraiment bien gagner ma vie dans ce métier. J’avais abdiqué. Cela dit, je pense sincèrement qu’avant Like-moi! je n’étais pas prête, pas assez mature pour mon type de rôle. J’étais encore prisonnière de quelque chose qui appartenait à l’adolescence, quelque chose de très juvénile. Je n’avais pas l’abandon que j’ai maintenant et je pense aussi que je n’étais pas bonne. Je regardais mon oncle James Hyndman, qui travaillait beaucoup, qui était si bon, et je me demandais si j’allais avoir une carrière un jour. Finalement, ça m’est arrivé à la mi-vingtaine et j’ai enfin eu ma place dans ce milieu.

En terminant, que peut-on te souhaiter pour ta quarantaine?

Des projets stimulants! Hier, on a tourné une scène du film Deux femmes en or dont je suis fière. Aujourd’hui, je sens cette joie en moi et j’aimerais que ça arrive encore souvent. Je me souhaite aussi un bel équilibre entre les projets grisants et la famille. La vingtaine, c’est l’urgence, la course. La trentaine, c’est l’envie de se démarquer, de se faire une place. Dans la quarantaine, j’aimerais récolter un peu de ce que j’ai semé et trouver une certaine sérénité quand le téléphone ne sonne pas. Être en paix avec cet aspect de mon métier...

La saison 3 de C’est comme ça que je t’aime est disponible sur Tou.tv Extra. Deux femmes en or sera à l’affiche à l’été 2025. Karine est aussi porte-parole du 16e Festival Art Souterrain. Infos: festival2024.artsouterrain.com.

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