Accident mortel: la fille d’un Hells coupable d’avoir tué sa meilleure amie
Karell Tanguay a pris le volant sous l’effet de l’alcool après un party sur un bateau
Antoine Lacroix
La fille d’un Hells Angel qui a tué sa meilleure amie dans un violent face-à-face a été reconnue coupable d’avoir conduit alors qu’elle était saoule, après une journée à avoir fait le party sur un bateau.
« Une personne raisonnable, placée dans la même situation, aurait été consciente du risque créé par son comportement : les gens raisonnables autour d’elle ont tenté de la dissuader de prendre le volant », a soutenu le juge Richard Marleau en déclarant Karell Tanguay coupable des neuf chefs d’accusation qui pesaient contre elle, au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.
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La tragédie remonte au 15 juillet 2018. Après une journée à festoyer aux Régates de Valleyfield avec des amis, bouteille d’alcool à la main, la jeune femme, qui fêtera bientôt ses 26 ans, a pris un taxi pour se rendre à un restaurant, mais elle a finalement changé d’itinéraire pour se rendre à sa voiture.
Malgré son état, elle a tout de même pris le volant, avec comme passagère sa meilleure amie, Olivia Drozdoski Richardson. Peu de temps après, l’accusée a causé un accident dans une courbe de la route 132, à Saint-Stanislas-de-Kostka, en Montérégie.
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« L’impact est d’une rare violence. Aucun des quatre occupants ne s’en sort indemne. Olivia décède », a résumé le juge.
« Elle était le danger »
Dans sa décision étoffée de 49 pages, il a conclu toutefois que Karell Tanguay était responsable de la collision et qu’elle avait les facultés affaiblies par l’alcool.
« Elle empiétait dans l’autre voie. Elle était le danger », a affirmé le juge Marleau.
En défense, on avait affirmé, lors des plaidoiries, que Karell Tanguay avait une conduite « normale » et qu’elle avait « promptement réagi » une seconde avant la collision. Le magistrat n’a pas adhéré à cette version.
« Ça démontre plutôt qu’elle déviait de sa voie, que cette conduite était dangereuse et qu’elle ne voit pas le danger », a indiqué le juge Marleau.
La défense avait plaidé aussi que personne au procès n’avait pu établir la quantité d’alcool qu’elle avait consommée ou si elle était ivre.
« On a des photos où elle fait semblant de boire. Je n’ai pas de preuve qu’elle boit, a pointé Me Michel Vleminckx. La preuve de la consommation de Mme Tanguay est assez limitée. »
Le juge Marleau a indiqué qu’il n’était « pas nécessaire » de répondre à cette question.
« L’accusée aura pris [de l’alcool] suffisamment pour atteindre les résultats mis en preuve [qui étaient au-delà de la limite permise] », a-t-il écrit dans son jugement, rappelant que la défense avait tenté de miner à plusieurs reprises la crédibilité des différents experts au cours du procès.
Un message fort
Pour le couple impliqué dans la violente collision, le verdict de culpabilité a été un véritable soulagement, alors qu’ils vivent encore avec des séquelles.
Les victimes espèrent maintenant que le juge rendra une peine « juste, mais aussi un message fort contre l’alcool au volant ».
« Il faut montrer aux jeunes ce qui peut arriver quand on a trop bu », a affirmé Emil Chicas.
L’accusée est la fille d’Yvon Tanguay, vétéran des Hells Angels et membre du chapitre de Montréal.
♦ Les représentations sur sentence auront lieu plus tard cette année, à une date qui n’a pas été déterminée.
Ce qu’ils ont dit
« C’est un soulagement. Ils ont essayé de mettre la faute sur mon auto, sur moi, mais le juge a compris ce qui est réellement arrivé ce jour-là. [...] On veut juste que justice soit faite. »
– Emil Chicas, victime
« Maintenant, j’ai de la misère à rester debout longtemps, à marcher. Tous les matins, j’ai encore mal partout, je ne peux même pas jouer avec mes petits-enfants. »
– Emil Chicas, victime
« L’accusée a choisi volontairement de s’intoxiquer. [...] Elle ne pouvait qu’être consciente du risque. »
– Le juge Richard Marleau
« La courbe n’est ni un piège ni la cause de l’accident ni coupable de l’accident. Elle demeure une des circonstances auxquelles un conducteur doit faire face sur son parcours. Rien de plus. »
– Le juge Richard Marleau
« La seule inférence est qu’une fois en taxi, [l’accusée] modifie sa destination, se fait amener son véhicule et en prend le volant. »
– Le juge Richard Marleau
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