La fille d’un Hells était à près du double de la limite permise
Intoxiquée au volant, elle est accusée d’avoir tué sa meilleure amie
Antoine Lacroix
Le taux d’alcoolémie de la fille d’un Hells Angels était environ au double de la limite permise quelques heures après le face-à-face mortel ayant coûté la vie de sa meilleure amie, alors qu’elle était au volant après une journée arrosée.
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« Une étude démontre que les capacités à faire des tâches reliées à la conduite sont affaiblies dès 50 mg [d’alcool] sur 100 ml [de sang], a indiqué Geneviève Huppé, chimiste-toxicologue au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale. Basé sur les taux rencontrés dans ce dossier-là, il est clair que les capacités requises pour la conduite d’un véhicule étaient affaiblies chez Madame, lors de cette soirée. »
L’experte est venue témoigner au procès de Karell Tanguay, 25 ans, qui a repris mardi au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.
La jeune femme est accusée de conduite dangereuse, conduite avec les facultés affaiblies et conduite avec plus de 80 mg d’alcool, toutes ayant causé la mort et des lésions.
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Le 15 juillet 2018, après une journée à faire la fête sur un bateau avec des amis, Karell Tanguay aurait pris le volant et causé un violent face-à-face sur la route 132, à Saint-Stanislas-de-Kostka en Montérégie.
Les deux occupants de l’autre véhicule, un Jeep Liberty, ont subi de graves blessures, tandis que la meilleure amie de la conductrice, Olivia Drozdoski Richardson, a perdu la vie. L’accusée a elle aussi été grièvement blessée.
« Tâche complexe »
La chimiste-toxicologue est venue faire part de ses conclusions quant au taux d’alcoolémie de la jeune femme au moment de l’accident et aussi des résultats de ses analyses sanguines effectuées dans les heures suivantes à l’hôpital.
Le résultat obtenu en laboratoire est de 155 mg/100 ml, a-t-il été affirmé devant le juge, Richard Marleau.
L’experte est aussi venue expliquer au juge les effets de l’alcool au volant, qui empêchent les conducteurs d’être « capables de faire autant de tâches en même temps ».
Selon elle, il est bien possible que l’accusée n’ait pas remarqué qu’elle avait dévié de sa voie, en raison de son taux d’alcoolémie.
« Madame peut avoir une tolérance plus élevée que la normale pour l’alcool et démontrer très peu de signes d’intoxication visibles. Elle est capable de rouler sur un long bout de chemin en maintenant sa vitesse et tout ça. Ça ne veut pas dire que ses capacités ne sont pas affaiblies. [...] C’est le niveau d’alcoolémie qui vient nous dire ça », a souligné Geneviève Huppé.
Cette affirmation vient possiblement expliquer pourquoi un chauffeur de taxi qui a déposé les deux jeunes femmes près de leur voiture quelques minutes avant la collision mortelle n’avait pourtant pas remarqué de symptômes d’état d’ébriété.
En contre-interrogatoire, l’avocat de la défense, Michel Vleminckx, a semblé vouloir semer un doute quant à la fiabilité des résultats donnés par la chimiste-toxicologue.
Marges d’erreur
Il a posé de nombreuses questions quant aux « marges d’erreur » possibles.
« Connaissez-vous la quantité d’alcool que Mme Tanguay avait ingérée ? », a demandé Me Vleminckx.
« Je sais juste qu’elle avait bu de l’alcool suffisamment pour que son taux d’alcool soit à 155 [mg/100 ml] à 23 h 39 », lui a rétorqué Mme Huppé.
L’accusée est la fille d’Yvon Tanguay, un vétéran des Hells Angels, membre du chapitre de Montréal.
Le procès se poursuit mercredi au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.