J’imagine toujours le pire... Je fais quoi?
Kiki LeBon
Chère Victoire qui voit tout en noir! Avouez qu’avec un prénom pareil, on vous imaginerait davantage en présidente du Club Optimiste qu’en queen de l’apocalypse.
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Vous avez toujours eu tendance à voir le mauvais côté des choses, d’après ce que vous me dites. Déjà, à 12 ans, en route pour des vacances familiales en Provence, vous craigniez de rester enfermée dans un hôtel «sûrement poche», avec votre petit frère «insupportable». Vous confessez même avoir prédit – à tort, heureusement – que votre avion s’écraserait au décollage. Rien que ça.
Vingt ans plus tard, vous jouez toujours dans le même mauvais film. Aujourd’hui, vous me parlez de votre chum, avec qui vous avez tenté d’acheter un condo. Je dis bien «tenté», car, découragé par la longue liste de calamités que vous avez dressée dans un petit carnet, votre Roméo (prénom fictif) a pris la poudre d’escampette. C’est d’ailleurs cette rupture aussi subite que pénible qui vous amène à vous interroger sur votre nature catastrophiste. Vous faites bien, car un tempérament pessimiste n’annonce rien de bon. Et c’est une éternelle optimiste qui vous le dit. À force de toujours attendre que le ciel nous tombe sur la tête, eh bien, on finit par l’attirer. Bonjour, posture de défaitiste, teint terne et pensées noires, qui donnent en permanence un air amer, angoissé et stressé. Et je ne vous parle même pas de l’humeur tristounette, du sentiment d’impuissance, voire de désespoir qu’un pessimisme lancinant fait peser jour après jour sur votre personne. Ce qui, je ne vous apprends rien, n’a jamais créé de championne ni de Miss Popularité!
Alors que faire? Voir la vie en rose à l’année, croire aux licornes, méditer comme s’il n’y avait plus de lendemain, remplir votre verre à moitié vide? Rassurez-vous, je ne vous vanterai rien de tout ça. Car votre tendance pessimiste vous sert à l’occasion. Que ce soit pour anticiper des difficultés, vous préparer à mieux faire face aux événements et vous protéger en cas de coup dur ou de déception. Mais lorsque votre vision alarmiste prend toute la place, rien ne va plus.
C’est pourquoi j’aimerais bien que vous enleviez vos lunettes noires une petite heure par jour, puis deux, puis trois, histoire de voir les choses comme elles sont et pas invariablement à travers un filtre déprimant. L’idée, c’est de prendre un break de votre éternelle inquiétude de temps en temps. Et de cultiver quelques graines d’optimisme dans la foulée. Je vous inviterais aussi à troquer vos expressions fétiches («ça sert à rien»; «ça marchera jamais») contre d’autres, plus hop la vie! Si l’idée vous fait rouler des yeux, essayez ce petit exercice, voulez-vous? Imaginez si le fameux slogan «Ça va bien aller!», tant en tendu au début de la pandémie, avait été un réjouissant «Ça va être d’la marde!»: notre moral collectif en aurait pris un coup.
Enfin, la prochaine fois qu’une pensée cataclysmique ou simplement démotivante vous traversera l’esprit, pensez à votre prénom victorieux! Peut-être êtes-vous une optimiste qui s’ignore? Ce serait (enfin) une excellente nouvelle.