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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Guy Lafleur: «Il ne voulait pas mourir»

Sa sœur Lise raconte ses derniers moments et partage ses souvenirs de son frère

En 2008, Guy Lafleur a procédé à l’ouverture du restaurant Bleu, Blanc, Rouge, à Rosemère. Il pose avec sa mère Pierrette (deuxième à gauche) et ses sœurs Lucie, Lise, Suzanne et Gisèle devant les trophées Hart, Ted-Lindsay (auparavant Lester-B.-Pearson), la coupe Stanley et le Art-Ross.
En 2008, Guy Lafleur a procédé à l’ouverture du restaurant Bleu, Blanc, Rouge, à Rosemère. Il pose avec sa mère Pierrette (deuxième à gauche) et ses sœurs Lucie, Lise, Suzanne et Gisèle devant les trophées Hart, Ted-Lindsay (auparavant Lester-B.-Pearson), la coupe Stanley et le Art-Ross. Photo courtoisie, famille Lafleur
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Photo portrait de Marc de Foy

Marc de Foy

2022-04-23T03:28:41Z
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« Il ne voulait pas mourir. Il a demandé au docteur de la maison de soins palliatifs où il se trouvait de lui donner quelque chose pour le renforcer. Le médecin lui a répondu qu’il ne pouvait pas, qu’il n’y avait plus rien à faire. Il voulait retourner à la maison. Mark [son fils cadet] dit qu’il s’est alors laissé aller. »

C’est Lise Lafleur qui raconte l’histoire, l’une des quatre sœurs de Guy qui porte le même prénom que son épouse.

Lise est à la maison familiale, à Thurso, en Outaouais. Là où son défunt père Réjean et sa mère Pierrette ont élevé leurs quatre filles et leur fils.

Sa maman, Pierrette, y habite encore.

À 90 ans, elle a encore une santé de fer. 

« Elle ne paraît pas son âge, elle est plus en forme que nous, dit Lise, de sa belle voix.

Pareil à son frère

Lise relate les dernières heures de son frère sans retenue. 

Comme l’était son frérot, elle est d’une grande sociabilité.

« On est comme ça dans la famille, on aime le monde. » 

Lise vient quatrième dans la hiérarchie familiale. 

L’aînée s’appelle Suzanne.

Guy était le deuxième enfant de la famille. Ont suivi Gisèle, Lise et Lucie.

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Le dernier cadeau

La semaine dernière, la famille a rendu visite à Guy à sa résidence, à L’Île-Bizard, à Montréal.

« Il nous a dit que des objets nous attendaient sur la table de la salle à dîner  », raconte Lise.

« Il avait fait confectionner des chandails avec sa photo pour chacun de nous. Il était content.

« Une de mes sœurs le portait quand on est allé le revoir, mercredi. Ça lui a fait plaisir. »

Guy avait été transporté à la maison de soins palliatifs Theresa-Dellar, à Kirkland. Ce fut la dernière fois qu’il a vu sa mère et ses sœurs.

Guy Lafleur est décédé vendredi à la résidence de soins palliatifs Teresa-Dellar, à Kirkland, sur l’île de Montréal.
Guy Lafleur est décédé vendredi à la résidence de soins palliatifs Teresa-Dellar, à Kirkland, sur l’île de Montréal. Photo Agence QMI, Mario Beauregard

Il dépérissait à vue d’œil. Sa mère priait son défunt mari Réjean, emporté lui aussi par un cancer du poumon à 62 ans, pour qu’il vienne chercher son fils.

Afin que cessent ses souffrances.

Guy la cherchait au bout du lit, voulant s’assurer qu’elle était bien là.

« Le règlement voulait que pas plus de trois personnes ne puissent le voir à la fois », continue Lise.

« Mais Guy voulait nous voir tous ensemble devant lui. Les gens du centre ont fait une exception. C’est Mark qui a passé la dernière nuit avec lui. »

« Il a pris la relève de sa mère et de son frère [Martin], qui étaient épuisés. »

Avec lui jusqu’à la fin

Mark a vu son père partir.

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« L’oncologiste est allé le rejoindre et Mark a tenu la main de son père jusqu’à la fin. C’est lui qui a appelé ma mère. 

« Ça l’affecte beaucoup. On lui dit qu’on est avec lui. »

Mark sera toujours reconnaissant envers son père de l’avoir soutenu alors qu’il connaissait des problèmes avec la justice.

Guy l’a aidé à se replacer.

Jeune garçon taquin

Les souvenirs se bousculent dans la tête de Lise, qui est de cinq ans la cadette de Guy.

Elle se revoit dans leur enfance.

« Il me jouait des tours, il aimait nous agacer. Il n’était pas le genre à rester à la maison à ne rien faire. Il était actif.

« À une époque où il n’y avait pas d’ordinateurs, on se regroupait, une bande de jeunes, pour jouer à la cachette. Les maisons n’étaient pas entourées de clôtures et on avait plein d’endroits où se cacher. »

« Mon père faisait aussi une patinoire. Ma mère m’avait acheté des patins et elle demandait à Guy de me montrer à patiner. »

Guy LafleurGuy Lafleur | 1951-2022
30 mars 1991 - Ovation pour Guy Lafleur lors de son dernier match a vie au Forum dans l'uniforme des Nordiques. Les archives / Le Journal de Montreal
Guy Lafleur durant ses années avec Le Canadien Bruce Bennett Studios via Getty Images
Guy Lafleur André Toto Gingras LE JOURNAL DE MONTRÉAL/AGENCE QMI
Le club de hockey Canadien présente les récipiendaires des prix d’excellence et du mérite Guy-Lafleur pour 2017-2018 CHANTAL POIRIER / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Guy Lafleur lors du dernier match de sa tournée d'adieu au Centre Bell, le dimanche 5 décembre 2010. Sébastien St-Jean / 24Heures / Agence QMI
11 septembre 1971 - À la veille de son premier camp d'entrainement avec le Canadien de Montréal, pour la première fois Guy Lafleur en profite pour donner quelques coups de patin sur la patinoire du Forum. Sur la photo il est en compagnie de Jean Béliveau. Les archives / Le Journal de Montreal
Photo dédicacée de Guy Lafleur dans son uniforme des Remparts de Québec Courtoisie
Guy Lafleur dans le cadre de la soirée du retrait du numéro 4 de Guy Lafleur au Centre Slush Puppie de Gatineau le mercredi 29 septembre 2021 MARTIN CHEVALIER / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Guy Lafleur et sa bannière dans le cadre de la soirée du retrait du numéro 4 de Guy Lafleur au Centre Slush Puppie de Gatineau le mercredi 29 septembre 2021 MARTIN CHEVALIER / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Dernier match de Guy Lafleur avec les Nordiques de Québec, à Montréal le 30 mars 1991 Les archives / Le Journal de Montreal
Sculpture de Guy Lafleur en bronze Les archives / Le Journal de Montreal
Guy Lafleur, Pee-Wee Collection Tournoi Pee-Wee de Québec, Fonds Photo Moderne
Guy Lafleur, Pee-Wee Collection Tournoi Pee-Wee de Québec, Fonds Photo Moderne
Guy Lafleur et les trophée Art Ross, Conn Smythe et Lester B. Pearson, Forum de Montréal, 1976 Denis Brodeur / NHLI via Getty Images
Guy Lafleur, alors membre de Team Canada, signe des autographes durant un entraînement pour la Coupe Canada, Montréal 1976 Denis Brodeur / NHLI via Getty Images
Guy Lafleur et le gardien de but Murray Bannerman #30 des Blackhawks de Chicago, Forum de Montréal 1980 Denis Brodeur / NHLI via Getty Images
Guy Lafleur et le gardien Mike Palmateer des Maple Leafs de Toronto Dick Darrell / Toronto Star via Getty Images
7 mars 1975 - Guy Lafleur devient le premier joueur de toute l'histoire du club Canadiens à atteindre les 100 points en une seule saison Lors d'une victoire de 8 à 4 contre les Capitals de Washington Les archives / Le Journal de Montreal
Guy Lafleur sur le banc durant un match (3) de finale contre les Bruins de Boston, Boston Gardens, 1977 Dick Raphael / Sports Illustrated via Getty Images
Annonce de la première retraite de Guy Lafleur Les Archives / Le Journal de Montréal
La LHJMQ retire le numéro 4 de Guy Lafleur au Centre Videotron de Québec, jeudi le 28 octobre 2021 STEVENS LEBLANC / JOURNAL DE QUÉBEC / AGENCE QMI
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Toujours le même

Lafleur faisait déjà la fierté de Thurso.

Entre les âges de 10 et 12 ans, il faisait courir les foules au Tournoi international pee-wee de Québec, qui se tenait au Colisée.

« Je n’ai pas vraiment de souvenirs de cette époque », reprend Lise, qui avait alors entre 5 et 8 ans.

« Je me souviens plus de ses années dans le junior. On se rendait parfois toute la famille à Québec. C’était loin de chez nous. »

« Mes parents y allaient plus souvent. »

S’il était déjà une vedette, Guy est toujours demeuré lui-même. Ses succès ne l’ont jamais changé. 

Il a toujours été Guy Lafleur, le petit gars qui venait de Thurso et pour qui le hockey était une passion.

« Guy, c’est un gars généreux et simple », enchaîne Lise en parlant pour la première fois comme s’il était encore avec nous.

« C’était agréable de parler avec lui quand il venait ici. Il n’était pas vantard. Il ne parlait pas de ses rencontres avec des célébrités. Il fallait quasiment lui arracher les mots de la bouche. »

Un astronaute

« Un jour, il m’a dit qu’il avait posé avec un astronaute qui avait marché sur la Lune. Je ne le savais même pas. Je lui ai demandé de m’envoyer la photo. Je l’ai dans mon ordinateur. Il s’agit de Buzz Aldrin. »

Guy Lafleur a rencontré l’astronaute Buzz Aldrin, le deuxième homme ayant marché sur la Lune, en juillet 1969. Aldrin a célébré ses 92 ans le 20 janvier.
Guy Lafleur a rencontré l’astronaute Buzz Aldrin, le deuxième homme ayant marché sur la Lune, en juillet 1969. Aldrin a célébré ses 92 ans le 20 janvier. Photo courtoisie, famille Lafleur

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« Quand on se retrouvait tous dans un restaurant dans notre coin, il était continuellement assailli par des gens qui lui demandaient son autographe ou qui voulaient faire une photo avec lui. »

« Il ne disait pas un mot. Il exauçait tout le monde pendant que son assiette était sur la table. Mais il aimait ça, être entouré de monde. »

Chevet de son père

Sa mère a dit la même chose au journaliste Yves Poirier, de TVA Nouvelles.

« Il aimait tout le monde. Il était généreux, il pouvait donner sa chemise. Il venait se promener ici [à Thurso] et des gens cognaient à la porte pour faire signer des autographes. Les gens rentraient et venaient voir Guy. »

Lafleur avait le même attachement pour les concitoyens de sa ville natale. Thurso a toujours été dans son cœur.

Le décès de son père l’avait beaucoup affecté, dit sa frangine.

« Quand il descendait, il faisait parfois un détour par le cimetière pour aller voir la tombe de papa. » 

« Il a été avec lui, jour et nuit, les deux derniers jours de sa vie. »

Damnée cigarette

Quand ce n’était pas en voiture, Guy arrivait à Thurso en hélicoptère.

C’était le party !

« Il nous faisait faire des tours », dit encore Lise.

En terminant, Lise se rappelle une fête qui se tenait à Thurso, il y a trois ans. 

Elle avait dit une chose importante à Guy.

« On était dehors et je lui avais dit : “Guy, arrête donc de fumer, tu vas pogner le cancer. Regarde papa”. »

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