Guerre commerciale: les nouveaux tarifs préoccupent les entreprises québécoises
Julien McEvoy et Louis Deschênes
La confirmation des tarifs douaniers par le président Trump inquiète les entreprises d'ici alors que ceux-ci viennent de rentrer en vigueur. Comment les entreprises d'ici envisagent-elles cette guerre commerciale continentale.
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«Les entreprises se sont préparées comme elles ont pu, c’est l’heure des décisions», a résumé la présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Véronique Proulx, à la sortie d’une réunion à Toronto, lundi après-midi.

L’ensemble des chambres de commerce provinciales venaient de se réunir à l’invitation du premier ministre ontarien, Doug Ford, afin de trouver des solutions pour nos exportations. La fiscalité et le commerce interprovincial ont retenu l’attention.
«On a très peu de contrôle sur ce que fait Donald Trump, il faut se concentrer sur les leviers qui nous appartiennent», a ajouté Mme Proulx.
Nos entreprises peuvent refiler la facture de 25% à leurs clients ou s’installer aux États-Unis pour contourner les tarifs. Peu d’autres choix s’offrent à elles.
«C’est un coup très dur pour notre économie. Les gouvernements vont devoir réagir très rapidement», a lancé la PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec, Julie White.
Quand Le Journal l’a jointe, en fin d’après-midi lundi, elle avait encore espoir que Donald Trump change d’idée.
Aucun espoir ne transpirait à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui a tenté une pointe d’humour pour dédramatiser.
«Un grand nombre d’entreprises sont allées à l’oratoire Saint-Joseph pour prier que ce soit un bluff. Mais ça se confirme et ça va faire très mal», a dit à chaud un représentant de l’organisme, Jasmin Guénette.
La FCEI avait un message pour Québec et Ottawa: œil pour œil, dent pour dent, ce n’est pas une bonne idée.
Tarifs douaniers: attention à la réplique
«Nos politiciens veulent jouer au plus fort, mais il faudrait jouer au plus fin», dit-il.
Ottawa serait bien mal avisé, plaide la FCEI, d’y aller avec des contre-tarifs, «un poison que plusieurs ne seront pas capables de digérer».
Lundi midi, la ministre québécoise de l’Économie, Christine Fréchette, ne connaissait toujours pas les intentions de Washington quand Le Journal l’a rencontrée.
«Tout est possible. [...] Jusqu’à maintenant, les changements d’orientation sont fréquents», a-t-elle déclaré.
La ministre encourageait les entreprises et les gouvernements à ne pas céder à la panique et à «garder la tête froide». Son cabinet a refusé de commenter après l’annonce de la Maison-Blanche.
Guerre commerciale: quelles solutions envisager?
Québec a évoqué, il y a un mois, un programme d’aide pour les entreprises les plus frappées, sans préciser les sommes qui y seront consacrées ni les détails.
Les contre-tarifs qu’Ottawa pourrait imposer font craindre le pire à l’industrie du transport, pour qui c’est «une très mauvaise nouvelle».
«Les véhicules coûtent déjà très cher, avec 25% de plus, ça devient préoccupant», a indiqué Ian P. Sam Yue Chi, de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec.
Pour l’industrie du camionnage, le temps est venu d’assouplir les règles du commerce interprovincial.
«On en discute depuis des années, mais on est face à un mur, il faut accélérer la cadence», a lancé Marc Cadieux, de l’Association du camionnage du Québec.
– Avec la collaboration de Martin Jolicoeur
Principales exportations du Québec vers les États-Unis en 2024
- Aluminium sous forme brute: 9,2G$
- Véhicules aériens: 6,7G$
- Moteurs d’avions: 4,4G$
- Huiles de pétrole: 3,3G$
- Véhicules de transport: 3,2G$
Exportations totales: 91,1G$ (73% du total)
Source: Institut de la statistique du Québec
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