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Culture

France D’Amour se confie sur son célibat

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Patrick Delisle-Crevier

2024-03-19T10:00:00Z
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La veille de notre rencontre, France D’Amour était sous le chaud soleil des Caraïbes, et la communication entre nous était si mauvaise que nous avons dû reporter cette entrevue au lendemain. Elle me lance d’entrée de jeu en rigolant: «J’ai été coincée aux douanes avec ma guitare. C’était la première fois de ma vie que ça m’arrivait!» La table était mise pour un échange pas du tout ennuyant avec l’auteure-compositriceinterprète et coach à La Voix.

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France, comment vas-tu?

Je suis vraiment surprise en ce moment, parce que je reviens de vacances au soleil et je m’attendais à geler solide ici. Finalement, c’est super doux et il n’y a pas de neige! On a un hiver agréable; je suis contente, car le froid m’affecte. Un peu de soleil, ça fait toute la différence pour mon corps. En plus, mes vacances ont été relaxantes. Je me suis reposée, j’ai beaucoup dormi, j’ai trop mangé et j’ai joué de la guitare pour le plaisir. Je ne voyage jamais sans ma guitare. Bref, je suis d’attaque pour parler de Quatorze, mon nouvel album!

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Que peut-on dire de ce disque?

Premièrement, 14, c’est un chiffre chanceux pour moi. À 14 ans, j’ai eu ma première guitare, mon premier french kiss et mon premier amour. Grosse année pour moi! J’ai aussi fait mon premier spectacle à cet âge, dans une salle où mon père m’avait amenée. C’était relié au Club Optimiste, dont il faisait partie. Les gens m’écoutaient peu, mais ç’a tout de même été mon premier spectacle. Je ne vais jamais l’oublier. Donc, j’ai une relation particulière avec le nombre 14. Comme c’est mon 14e album, j’ai voulu le souligner. J’ai même écrit une chanson sur ce disque qui se nomme Quatorze.

Tu le décrirais comment, cet album?

Je dirais qu’il y a une espèce d’insouciance et d’arrogance dans cet album. J’ai l’impression de retomber en enfance, en ce moment, avec la vie. J’ai travaillé pour la première fois avec Doug St-Louis, un gars du monde du hip-hop. On a déconstruit mes chansons et on est partis du rythme. C’est d’ailleurs un disque très rythmé. Je voulais aussi que cet album soit imparfait; j’aime entendre une chaise qui craque pendant une chanson, être un peu à côté de la track. Je n’avais pas non plus envie d’être cute et sexy.

Qu’est-ce qui revient sur le plan des thématiques?

Avec tout le bruit ambiant qui caractérise notre époque, tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux, je me suis demandé comment on peut arriver à se définir dans tout ça. Ce n’est pas pour rien qu’en ce moment il y a une grosse quête de genre: les gens se demandent qui ils sont. C’est le thème universel en ce moment. J’arrive aussi à un point de ma vie où je me fais confiance et je fais confiance aux autres. Alors, laisser les autres être qui ils sont et accepter la différence, ce sont aussi des thèmes qui reviennent sur l’album.

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Parle-moi du premier extrait, Les si n’aiment pas les rêves.

Je me suis inspirée du fait que j’ai envie de me lâcher lousse, je veux que ce soit ludique. J’ai fait beaucoup d’erreurs dans le passé et je réalise que ce n’est pas grave. L’important, c’est l’esprit dans lequel tu fais les choses. Ce n’est pas grave s’il y a des erreurs sur mon album, parce que quand on l’a fait, on était dans un esprit tellement positif! Je me souviens qu’au début de ma carrière, tout était tellement sérieux. Il ne fallait pas dépasser de la ligne.

Une chose que tu as dite à propos de ce disque, c’est que tu ne l’as pas pensé de manière radiophonique. Pourquoi?

Parce que j’ai eu envie de le faire avant tout pour les gens. Il n’y a pas de recette miracle. D’ailleurs, si elle existait, ce serait vraiment plate parce que tout le monde ferait le même album! Quand je fais un disque, je me demande avant tout si les gens vont aimer ça. Ce que j’aime faire depuis quelques années, c’est de tester mes pièces dans mes spectacles. Il m’arrive de proposer une nouvelle chanson au public pour voir la réaction des gens. Évidemment, parfois j’y vais simplement avec ce que moi j’ai envie de dire. Ç’a été le cas pour la chanson Pas sexy. Il y a des gens qui vont se reconnaître là-dedans et d’autres, non. Je dirais que ce disque est vraiment une image sonore de moi en 2024.

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Et tu la décrirais comment, la France D’Amour de 2024?

Je suis plus naturellement joyeuse. Mon état d’esprit est une espèce de mélange entre la nostalgie et la modernité. En même temps, j’aime le danger et j’aime essayer de nouvelles affaires. J’ai encore le goût d’apprendre, et j’ai beaucoup plus confiance en moi et en l’humanité, étonnamment. J’ai le vent dans le dos en ce moment et je l’apprécie. Je suis plus heureuse que jamais. Je me nourris des belles choses de la vie.

As-tu souvent douté?

Oui, surtout quand j’étais jeune. On dit souvent que le doute motive la création et le travail. Je pense que je me suis longtemps nourrie au doute, parce qu’il me faisait avancer. Il m’a bien servie pendant longtemps, mais beaucoup moins aujourd’hui. 

Tu es célibataire depuis huit ans. Comment vis-tu ça?

Je suis bien là-dedans. Je m’occupe de ma famille et de mes amis. J’ai de beaux exemples de couples heureux autour de moi, comme celui de mon fils, François, qui s’est marié cet automne. Donc, je sais que le vrai amour existe, mais je n’ai pas trouvé chaussure à mon pied. Je n’ai aucune frustration par rapport à ça. J’ai une vie remplie d’amis, de travail et de musique. Je suis riche d’amour et d’amitié! Je n’ai pas besoin d’un homme à tout prix. Peut-être que mon alter ego, mon âme soeur ne se présentera jamais, et ce sera correct aussi.

Tu es coach à La Voix. Comment aimes-tu l’expérience?

J’adore ça! Ça fait 35 ans que je galère dans le milieu de la musique. J’avais envie de contribuer à ouvrir des portes pour de jeunes artistes, de les aider, de donner au suivant. La Voix me permet ça. Pour moi, c’est très enrichissant de faire ça.

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Quel type de coach es-tu?

Je suis une coach bienveillante. Je suis aussi très fougueuse et compétitive pour mes petits loups. Je suis même un peu mère poule. Je m’assure qu’ils font leurs vocalises, qu’ils ont bien mangé et bien dormi. Je prends ça vraiment à coeur et je veux les voir réussir. Je suis toujours en train de leur écrire et de les texter. Je suis un brin maternelle et aussi très exigeante.

Avoir 59 ans, ça signifie quoi pour toi?

J’ai encore 14 ans d’âge mental. Bon, le corps ne suit pas toujours, et ma face me rappelle que j’ai 59 ans, mais j’ai encore l’énergie de ma jeunesse. Sérieusement, vieillir ne me dérange pas trop, même que j’embrasse mon âge! Je ne retournerais pas à mes 20 ans. Je trouve ça le fun de vieillir, parce qu’on devient tellement moins cons et plus intelligents. Je suis plus organisée, je comprends aussi pas mal plus d’affaires. Pour moi, vieillir est un privilège, parce que je pensais mourir à 30 ans quand j’étais jeune. J’avais peur de tout et j’étais certaine que je ne vivrais pas vieille.

Avec le recul, quel regard portes-tu sur la jeune femme que tu étais à tes débuts?

J’avais 20 ans, et j’avais un bébé dans les bras. J’étais tellement anxieuse face à la vie et je ne savais pas grand-chose. Je me lançais tête première dans la musique et j’espérais que ça irait bien. J’y suis allée une chanson à la fois, un spectacle à la fois et un disque à la fois. Mon fils était un enfant souvent malade et assez fragile qui souffrait de graves problèmes d’asthme. C’était difficile, parce que j’étais jeune et inexpérimentée. En même temps, mon fils est la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie. À 20 ans, on est habituellement centré sur son nombril. L’arrivée de mon fils m’a sortie de moi-même et a fait de moi une meilleure personne. Mon enfant m’a appris le don de soi. François est un être fantastique et il m’apporte beaucoup. Nous sommes très proches tous les deux. Il est mon confident et il est tellement brillant! Il travaille pour TVA et il se passionne pour la musique, mais il n’est pas musicien pour autant.

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As-tu hâte d’être grand-mère?

C’est sûr que oui! J’adore les enfants et j’espère bien être grand-maman un jour. Tout le monde dit que c’est une étape fantastique de la vie. J’ai hâte de vivre ça.

Tu as plus de 35 années de carrière. En es-tu fière?

Oui, j’ai une carrière de rêve qui me permet de bien gagner ma vie. Je fais une cinquantaine de spectacles par année, pas plus, et il y a toujours du monde au rendez-vous. Je dis «pas plus», parce que je ne veux pas m’épuiser et que j’ai besoin d’un équilibre. J’aime ma carrière; elle me ressemble. Je suis toujours là, mais sans exagérer et sans m’imposer forcément.

Tu as tenté de faire carrière en France avec, entre autres, un disque fait par Jean-Jacques Goldman, mais ça n’a pas tant fonctionné. Pourquoi?

C’était bien parti, mais après une année là-bas, je n’en pouvais plus. Je suis partie parce que mon fils était très jeune et qu’il était malade. Il avait besoin de sa mère. Nous sommes fusionnels tous les deux, et je trouvais ça trop difficile d’être séparée de lui. Le prix à payer pour une carrière en France était trop cher et je m’ennuyais trop. Je n’ai aucun regret. Le timing n’était pas bon. J’ai eu un choix à faire et, aujourd’hui, quand je vois la relation que j’ai avec mon fils, je sais que ça a valu la peine.

En terminant, qu’est-ce qu’il te reste à accomplir?

Mon plus grand rêve serait qu’un jour un artiste comme Michael Bublé ou Diana Krall chante une des chansons de mes albums Bubble Bath et Champagne. Je serais la fille la plus heureuse! Pour le reste, je veux juste que ça continue...

L’album Quatorze est disponible en magasin et sur toutes les plateformes numériques. Pour plus d’information concernant les dates de spectacles de France: francedamour.ca. La Voix, dimanche 19 h 30, à TVA.

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