JO: «c’est sûr à 100% que je n’y serais pas allé»
Jonathan Bernier
Depuis qu’il est confirmé que les joueurs de la LNH ne participeront pas au tournoi olympique, les spéculations vont bon train pour connaître l’identité des joueurs qui représenteront le Canada aux prochains Jeux de Pékin.
Qu’ils proviennent de la KHL, des ligues professionnelles européennes ou des circuits mineurs nord-américains, les heureux élus vivront une expérience à laquelle ils n’avaient jamais osé songer.
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Maxim Lapierre et Kevin Poulin, deux des quatre Québécois qui portaient les couleurs canadiennes en 2018 (les deux autres étaient Maxim Noreau et Marc-André Gragnani), à Pyeongchang parlent encore de ce chapitre de leur carrière avec beaucoup d’excitation.
« Il y a des choses dans la vie pour lesquelles tu travailles fort. Comme atteindre la LNH. Puis, il y en a d’autres qui sont un cadeau du ciel. Quand ça t’arrive, c’est un sentiment incroyable », a déclaré Lapierre, joint à son domicile familial.
Jamais au cours de son ascension vers la LNH, le Repentignois n’a songé à la possibilité de représenter le Canada sur la plus grande scène sportive. Un privilège réservé à l’élite dont il ne croyait assurément pas faire partie. À l’instar de Poulin.
« Mon rêve, c’était de jouer dans la LNH et de gagner une coupe Stanley. Les Jeux olympiques, ça ne m’était jamais passé par l’esprit, a raconté Poulin. Avant ça, c’était seulement les grandes vedettes qui avaient l’occasion de participer à ce tournoi. C’est quand mon agent m’a appelé pour m’informer que j’étais invité à l’un des tournois que j’ai compris que j’avais des chances. J’étais à la fois surpris et content. »
Des chemins différents
Contrairement à cette année, l’absence des joueurs de la LNH était connue depuis le mois d’avril précédent. Les dirigeants de Hockey Canada avaient donc convenu de profiter de la tenue de quelques tournois internationaux pour procéder à l’évaluation des joueurs susceptibles d’être retenus.
En haut de liste des gardiens se trouvait le nom de Poulin. Le Longueuillois s’apprêtait à amorcer la saison en Autriche après avoir disputé celle d’avant dans la KHL.
« On était quatre ou cinq gardiens. Je savais que Sean Burke m’aimait beaucoup, donc je croyais pas mal en mes chances. Et j’ai connu de bons tournois préparatoires. Donc, ça a mis du poids dans la balance. »
De son côté, Lapierre n’a pas pu emprunter un parcours aussi bien tracé. Il a fallu le forfait de quelques joueurs et le refus de deux autres, en raison d’un délai trop restreint, pour qu’il obtienne une invitation à la coupe Spengler, le tout dernier événement servant d’évaluation.
Compétition féroce
Joueur de la LNH ou pas, l’objectif du Canada demeure toujours le même : remporter la médaille d’or. Ce l’était à Pyeongchang, ce le sera encore à Pékin. Sauf que sans les meilleurs éléments du pays, la compétition est beaucoup plus féroce.
« Hockey Canada est très exigeant. Il n’y a pas d’excuses. Mais on était réaliste. La Russie avait quand même de gros noms : Pavel Datsyuk et Ilya Kovalchuk. On voyait qu’il y avait une parité. Il ne fallait pas s’endormir trop, trop », s’est souvenu l’ancien attaquant du Canadien.
D’ailleurs, c’est un peu ce qui s’est produit contre l’Allemagne en demi-finale, alors qu’un lent début de match a coûté cher.
« La défaite a été difficile mentalement. Mais, on s’est dit que c’était peut-être notre seule chance de remporter une médaille aux Jeux olympiques, qu’il ne fallait pas la rater », a raconté Poulin.
Celui-ci a repoussé 30 des 34 tirs des Tchèques lors de ce match pour l’obtention du bronze. Une victoire de 6 à 4.
« C’est quand même incroyable de pouvoir dire que je suis un médaillé olympique », a-t-il poursuivi.
L’occasion d’une vie
Les Jeux olympiques ont beau lui avoir procuré l’un des moments forts de sa carrière, Lapierre n’aurait pas accepté l’invitation si les circonstances avaient été celles qui prévalent aujourd’hui, à un mois et demi de l’ouverture du tournoi.
« C’est sûr à 100 % que je n’y serais pas allé. Il n’y a aucun doute. Je me serais imaginé les pires scénarios », a-t-il soutenu, sans la moindre hésitation.
Poulin, qui est toujours admissible à recevoir un coup de fil de l’équipe canadienne, a préféré ne pas trop se prononcer sur la question.
« J’ai rempli la paperasse et j’aimerais y retourner. Par contre, courir le risque de devoir faire une quarantaine de cinq semaines, ce n’est pas évident. Il faudra voir où ça en sera rendu à ce moment-là. »
Il ne sera sans doute pas le seul à hésiter. Mais combien tourneront le dos à cette occasion, l’occasion d’une vie?