Budget fédéral 2022: des déficits, mais moins dépensier
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Anne Caroline Desplanques
OTTAWA | L’incertitude économique mondiale et l’inflation record dopées par la guerre en Ukraine poussent le gouvernement Trudeau à freiner les dépenses pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir.
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La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a présenté jeudi un budget totalisant 29 milliards $ de nouvelles dépenses par rapport à la mise à jour économique de décembre, mais 49 milliards $ de nouveaux revenus.
« Il y a une amélioration des revenus qui est absolument exceptionnelle », s’est réjoui l’ex-conseiller économique du premier ministre, maintenant vice-président du Conseil canadien des affaires, Robert Asselin.
« Il n’y a pas un feu d’artifice de dépenses et quand il y a des nouvelles mesures, il y a des revenus pour les financer », a remarqué le fiscaliste de l’Université de Sherbrooke Luc Godbout, pour qui le budget est marqué par la retenue.
Incertitude économique
« Le Canada a une fière tradition de responsabilité fiscale. C’est mon devoir de maintenir ça et je le ferai », a assuré la ministre Freeland sans toutefois présenter un plan de retour à l’équilibre budgétaire.
Le déficit s’établira à 52,8 G$ en 2022-2023 pour tomber à 27,8 G$ en 2024-2025, puis à 8,4 G$ en 2026-2027.
La vice-première ministre a expliqué que l’« approche responsable est importante aujourd’hui plus que jamais, à cause du niveau d’incertitude économique mondiale et de l’inflation élevée ».
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévient en effet qu’« il ne fait aucun doute que la guerre pèsera fortement sur la croissance mondiale à court terme et exacerbera considérablement les tensions inflationnistes ».
Bien qu’elle restera élevée cette année, l’inflation devrait redescendre à 2,4 % dès l’an prochain, selon les prévisions du ministère des Finances.
- Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Luc Godbout sur QUB Radio:
Le gouvernement a choisi d’y aller de quelques dépenses clés :
- 10 G$ pour faciliter l’accès à la propriété et augmenter l’offre de logements abordables. Le gouvernement se donne pour objectif de doubler le nombre de logements en construction, d’ici 10 ans.
- 5,3 G$ sur cinq ans pour offrir des soins dentaires aux ménages dont le revenu familial annuel est de moins de 90 000 $.
- 2,3 G$ sur cinq ans pour des crédits d’impôt massifs allant de 37,5 à 60 % aux entreprises du secteur des hydrocarbures qui investissent dans la captation et le stockage du carbone.
- 1 G$ sur cinq ans pour une nouvelle Agence canadienne de l’innovation et un fonds de croissance de 15 G$ sur cinq ans. L’objectif du gouvernement est de générer la création de richesses à long terme.
Pour financer tout ça, Mme Freeland pigera dans les poches des banques et des assureurs, comme annoncé en campagne électorale.
La surtaxe au secteur financier rapportera toutefois bien moins qu’indiqué en campagne, soit 4,8 G$ sur quatre ans, plutôt que 10,5 G$.
Déception en défense...
Bien que la ministre se soit targuée de dépenser plus que prévu en Défense, soit 8 G$ supplémentaires, c’est bien moins que ce qu’attend l’OTAN. Les membres de l’alliance politico-militaire se sont engagés à consacrer 2 % du produit intérieur brut à la Défense. Or, le Canada, qui y consacrait l’an dernier 1,4 %, y accordera à peine plus dans les 12 prochains mois : 1,5 %.
Pour le président de l’Institut canadien des affaires mondiales, David Perry, le gouvernement ne répond pas aux attentes.
« Ça n’envoie pas un signal très fort à nos alliés », se désole-t-il.
La délégation de députés ukrainiens venus demander plus d’armes au Canada la semaine dernière a néanmoins été entendue.
Le budget prévoit 500 M$ pour l’achat d’armes qui seront envoyées en Ukraine.
...et en santé
Le budget ne prévoit pas non plus de hausse substantielle des transferts en santé, alors que les provinces réclament 28 G$ de plus cette année uniquement. Le gouvernement libéral signale que l’argent n’est pas nécessairement une garantie d’amélioration du système de soins.
Il souligne que le système de soins de santé canadien fait moins bien que ses pairs, alors que le pays dépense déjà plus que la moyenne des pays de l’OCDE en santé.
Budget total : 452,3 G$
DETTE FÉDÉRALE : 1160,8 G$
Déficits prévus
- 2022-2023 : 52,8 G$
- 2023-2024 : 39,9 G$
- 2024-2025 : 27,8 G$
- 2025-2026 : 18,6 G$
- 2026-2027 : 8,4 G$
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