«Crise humanitaire» dans les refuges pour personnes itinérantes: les cas de COVID-19 explosent
Guillaume Cyr
La COVID-19 s’est invitée dans les refuges pour personnes itinérantes, alors que des éclosions forcent la fermeture de lits et des ruptures de services. «Ça devient une crise humanitaire et sociale», prévient François Boissy, directeur général de la Maison du Père.
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Pour limiter la transmission du virus, seules 63 des 110 places que compte le refuge pour hommes situé près de la station Berri-UQAM sont occupées à l'heure actuelle.
Parmi les 115 employés qui travaillent pour l’organisme, 21 sont absents en raison de la COVID-19. Des hommes itinérants ont également été déclarés positifs et chaque jour, de nouveaux cas sont déclarés.
Comble de malheur: ce sont les employés de «première ligne» qui sont les plus touchés, comme les intervenants et les préposés aux bénéficiaires. Il devient ainsi de plus en plus difficile pour l’organisme de venir en aide aux personnes en situation d’itinérance et de bien les accompagner dans leur processus de réinsertion sociale.
Une situation préoccupante
La Mission Old Brewery et l'organisme CARE Montréal tirent également la sonnette d’alarme.
«Avant la COVID, avant les éclosions actuelles, on manquait déjà de place. Mais là avec plusieurs milieux en itinérances qui sont en éclosion, c’est extrêmement préoccupant», lance Émilie Fortier, directrice des services au campus Saint-Laurent de la Mission Old Brewery.
Depuis le 1er janvier, les cas se multiplient au sein de la communauté itinérante de Montréal. Selon elle, une cinquantaine de cas s’ajoutent quotidiennement.
Alors que la Mission Old Brewery est en mesure d’accueillir actuellement 150 personnes en situation d’itinérance en besoin d’isolement, la demande risque de grimper à 350 personnes dans les prochains jours, estime Mme Fortier.
«On parle de gens qui cohabitent dans les dortoirs par exemple ou dans des milieux plus petits, donc la transmission communautaire est extrêmement rapide avec le variant», explique Mme Fortier.
Les cas de COVID-19 augmentent également dans les réfuges de CARE Montréal, dont L’Auberge Royal Versailles et le Cap-Care, qui peuvent accueillir respectivement 120 et 180 personnes itinérantes. Ce sont actuellement 25% des usagers qui ont contracté la COVID-19.
Les 30 places que compte le troisième refuge, le «petit Cap-Care», sont quant à elles réservées exclusivement aux personnes itinérantes ayant été déclarées positives à la COVID-19.
«C’est la première fois qu’on dédie un refuge à 100%» aux cas de COVID-19, mentionne M. Monette. Avec les cas qui continuent d’augmenter, il pourrait être contraint de créer de nouvelles «zones rouges» dans les refuges, c'est-à-dire des endroits fréquentés seulement par des usagers atteints de la COVID.
Beaucoup de cas parmi les employés
Ce n'est pas tout. 30% des quelque 200 employés de CARE Montréal ont la COVID-19.
La situation force Michel Monette, le directeur général de l’organisme d'Hochelaga-Maisonneuve, à travailler même pendant ses jours de congés. Et il n’est pas le seul. Pour maintenir les services, certains employés doivent travailler plus de 70 heures par semaine.
«Ça donne plus de travail à tout le monde et on est à risque de fermer un refuge s’il n'y a plus personne pour le gérer», s’inquiète-t-il.
Besoin de bras
À cause la COVID-19, la Mission Old Brewery manque également de bras. L'organisme espère trouver des bras qui pourraient aider à augmenter la capacité d’accueil tout en offrant un accueil digne et des services sécuritaires.
«Les demandes de bras sont infinies, parce que c’est ce qui est aussi stressant, c’est que c’est très difficile de prévoir les courbes de contagion», ajoute-t-elle.
- Pour déposer sa candidature: 514 940-5216