«Ça ne passe pas inaperçu» - Patrice Bergeron
Stéphane Cadorette
Les Bruins sont devenus la quatrième équipe dans l’histoire de la LNH à revendiquer 60 victoires en saison régulière. Avec cinq matchs à jouer, ils auront l’occasion de battre la marque du Canadien de 1976-1977, qui avait amassé 132 points. Pour Patrice Bergeron, les comparaisons sont toutefois difficiles.
À l’époque, le Canadien, en vertu d’une fiche de 60 victoires, 8 revers et 12 verdicts nuls, avait accumulé 132 points. L’édition actuelle des Bruins, avec son dossier de 60 victoires, 12 défaites en temps réglementaire et 5 autres en prolongation ou tirs de barrage, montre 127 points avec cinq matchs à jouer.
- À lire aussi: «Tu ne comptes plus les matchs, mais les périodes»
- À lire aussi: Le fils de Daniel Brière largué par son université
Il est donc probable que le record tombe après 46 ans, mais bien des facteurs rendent les comparaisons ardues.
En 1976-77, la LNH ne regroupait que 18 équipes, dont 13 qui n’étaient pas parvenu à gagner plus de 34 matchs. Le calendrier comportait deux matchs de moins et un point n’était pas attribué pour des défaites en surtemps.
«Les équipes étaient peut-être encore plus difficiles à battre parce que le talent était moins dilué. En ce moment, on a des points pour une victoire en prolongation ou en tirs de barrage. Il reste que je n’étais pas au monde et c’est dur de comparer. Ce que le Canadien a fait, c’est exceptionnel et ce qu’on est en train de faire, ça ne se voit pas souvent non plus», a mentionné Bergeron lors d’une vidéoconférence avec les médias de Québec.
Un bel engouement
Chose certaine, l’attaquant des Bruins n’a pas besoin de mettre le nez dehors bien longtemps pour sentir l’enthousiasme des partisans de Boston au cœur de cette saison historique.
«On s’en fait parler beaucoup. Je sens l’engouement, que ce soit quand je vais porter mes enfants à l’école ou que je prends des marches en ville. Ça ne passe pas inaperçu», a-t-il noté.
L’auteur de 27 buts et 57 points en 74 parties cette saison n’est pas dupe. Il sait pertinemment que malgré le bel emballement qui flotte chez les partisans, le mur peut arriver rapidement en séries éliminatoires.
Le Lightning de Tampa Bay est l’une des quatre équipes dans l’histoire à avoir enregistré au moins 60 victoires en une saison. La formation de la Floride partage d’ailleurs le record de 62 victoires avec les Red Wings de Detroit, en 1995-96.
Le point commun entre ces deux clubs est que ni l’un ni l’autre n’a bouclé son parcours avec la Coupe Stanley entre les mains. Le Lightning s’était même fait varloper en quatre matchs au premier tour par les Blue Jackets de Columbus, contre toute attente.
«J’ai joué contre Tampa en 2019 et je sais qu’en tant qu’équipe, on regardait leur saison avec admiration. De notre côté, on veut rester terre à terre. Oui, on a remporté le trophée du Président, mais ce n’est pas celui-là qu’on veut», a insisté Bergeron.
L’élan de 2011
Celui qui a franchi le cap des 1000 points en carrière a trop d’expérience pour s’emporter. Après tout, quand il a soulevé son unique Coupe Stanley au printemps 2011, pas moins de six équipes avaient devancé les Bruins avec leurs 103 points au classement général.
Depuis, les Bruins ont connu quatre récoltes de points supérieures à celle de 2011, mais n’ont jamais su rééditer leurs exploits.
«En 2011, ce qui nous a démarqués, c’est le caractère et la persévérance qu’on a démontré en séries avec trois matchs numéro sept pour ultimement gagner la Coupe Stanley.
«On essaie d’écrire notre histoire cette année. Notre fiche en saison indique que c’est une meilleure équipe cette année (qu’en 2011), mais tu ne peux pas comparer les années. On a un groupe spécial, mais tant que tu n’accomplis pas tes objectifs en séries, ça ne veut rien dire», a réitéré le joueur de centre.
EN BREF...
Des nouveaux venus appréciés
À la date limite des transactions, les Bruins n’ont pas remué ciel et terre, considérant la chimie au sein de leur alignement, mais ont tout de même greffé des pièces importantes. Les attaquants Tyler Bertuzzi et Garnet Hathaway, ainsi que le défenseur Dmitry Orlov jouent un rôle important.
«Ça se passe super bien. Don Sweeney et son équipe ont fait leurs devoirs au niveaux des joueurs acquis. Ils ont creusé pour savoir quel genre d’individus ils étaient. Tout le monde voit l’impact sur la glace, mais en dehors, ils se sont super bien adaptés à l’équipe», a souligné Bergeron.
Une culture qui change
Malgré tous les scandales qui ont éclaboussé le monde du hockey dans les derniers mois, Patrice Bergeron demeure optimiste et croit que le sport s’en va dans la bonne direction.
«Il y a toujours du travail à faire, que ce soit dans le hockey ou dans la vie en général. En 2023, on souhaite juste que les gens se sentent à l’aise d’être qui ils veulent être. Il y a des améliorations. Il y a beaucoup de joueurs qui sont pour l’acceptation, l’inclusivité et la diversité, que ce soit pour ta couleur de peau, tes convictions, tes croyances ou ton orientation sexuelle. C’est important de le faire parce que c’est tellement un beau sport et on veut qu’il soit ouvert à tous», a-t-il plaidé.
Difficile pour les Québécois
Dans les dernières semaines, les joueurs québécois Derrick Brassard et Kristopher Letang ont atteint le plateau symbolique des 1000 matchs joués dans la LNH. Par contre, pour la première fois, aucun joueur originaire du Québec n’était présent au match des étoiles. À titre de vétéran du groupe, Bergeron ne s’inquiète pas outre mesure.
«Tu veux avoir le plus de Québécois possible. C’est toujours spécial et tu veux encourager ces jeunes qui poussent pour devenir des joueurs étoiles dans la ligue. Je pense à un gars comme Thomas Chabot. Parfois c’est des vagues qui partent et qui reviennent. Je ne crois pas qu’il faut trop s’alarmer. Il y a peut-être des modifications à apporter, mais je ne pense pas que Hockey Québec doit se dire qu’il y a une pénurie ou un manque. Ça part et ça revient.»