«C'est de la bullshit»: la mère de Jacob Flickinger rejette les explications de l'armée israélienne
Elle appelle la communauté internationale à en faire davantage pour limiter le nombre de victimes
Laurent Lavoie
La mère du travailleur humanitaire québécois tué par une frappe à Gaza cette semaine balaie du revers de la main les «erreurs graves» reconnues par l’armée israélienne, et implore la communauté internationale à en faire davantage pour limiter le nombre de victimes.
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«C’est de la bullshit, a lancé sans détour Sylvie Labrecque, en entrevue avec Le Journal. C’est une façon d’affamer encore plus grandement ces réfugiés qui se retrouvent à Gaza.»
Son fils Jacob Flickinger s’y trouvait justement lundi pour distribuer de la nourriture avec l’organisation World Central Kitchen (WCK) lorsqu’il a perdu la vie.
La virulence de l’attaque n’a laissé aucune chance à l’homme de 33 ans originaire de la Beauce et ses six autres collègues.
Jacob Flickinger était un membre du Royal 22e Régiment de l’armée canadienne qui avait apporté son expertise de militaire dans ses missions humanitaires.
L’homme à la double nationalité américaine et canadienne laisse entre autres derrière lui un bambin de 18 mois, Jasper.
«On doit mettre la vérité sur ce qui s’est vraiment passé. Pour moi, c’est une guerre contre l’humanité, c’est pas juste une guerre avec deux parties, a témoigné à LCN la conjointe du défunt, Sandy Leclerc. Jamais Jacob n’aurait été là-bas s’il avait cru que sa vie était en danger.»
«Erreurs graves»
Après une enquête interne, l'armée a reconnu qu’une série d'«erreurs graves» avait été commise, tant dans la «prise de décision», que dans l’identification erronée de suspects et de véhicules.
Les militaires «étaient convaincus qu'ils visaient des agents armés du Hamas, et non des employés de WCK», indique un communiqué de l'armée.
Deux officiers impliqués dans cette bavure, un colonel de réserve et un commandant, doivent être limogés.
Sylvie Labrecque n’accorde que très peu de crédibilité à ces justifications.
«Les gens qui ont lancé les missiles savaient clairement que les véhicules étaient identifiés, ça se voyait très facilement. Et pourtant, on a lancé plus d’un missile», fait-elle valoir.
«Je pense que l’attaque qui a été faite était délibérée, était voulue», estime Mme Labrecque.
Pressions
À l’instar de nombreuses atrocités rapportées depuis le début des affrontements entre le Hamas et l’armée israélienne, l’affaire a soulevé un tollé à l’international.
«C’est mon sang, c’est mes trippes, mais c’est tellement plus grand que mon fils, dit Sylvie Labrecque. Mon fils est un des travailleurs humanitaires tués, et on sait qu’à date, il y en a eu près de 200.»
À cela s’ajoutent plus de 33 000 Palestiniens qui ont été tués dans la bande de Gaza à ce jour.
Pour Mme Labrecque, qui tenait à multiplier les entrevues cette semaine pour donner un sens à son deuil, une question demeure : «Il y a de belles paroles [...] des gouvernements, mais à quand de réelles actions qui vont minimiser les dégâts?»
«Inacceptables»
Le président américain Joe Biden a d’ailleurs qualifié d’«inacceptables» les frappes à l’endroit des travailleurs humanitaires.
Il a prévenu son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, qu’il devait «mettre en place des mesures spécifiques, concrètes et tangibles pour répondre [... ] à la crise humanitaire», sans quoi, l’appui des Américains pourrait être affecté.
Biden a également appelé à un cessez-le-feu imminent.
-Avec l’AFP
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