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Culture

Avec son nouveau livre, Renée Wilkin prône la différence

Photo : Karine Lévesque
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Michèle Lemieux

2022-05-04T04:00:00Z
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Depuis toujours, Renee Wilkin met de l’avant le respect de la différence corporelle. Mère de deux enfants métissés de 8 et 10 ans, elle prône aussi celui de la diversité culturelle. Puisque son fils cadet s’intéresse à des activités encore qualifiées de «féminines», elle accepte qu’il puisse explorer ses goûts, sans le limiter. Au quotidien, la chanteuse met en pratique ses valeurs de la différence, en plus de les aborder dans une trilogie de livres pour enfants.

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Renee, le troisième livre de votre trilogie, quel sujet aborde-t-il?
Après Le cœur rouge et or de Nestor sur le questionnement identitaire et La peau étoilée d’Anicée sur la diversité culturelle, Le joli bedon rond de Marion traite de diversité corporelle. 

Photo : © Gracieuseté
Photo : © Gracieuseté


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Vous portez depuis un moment le flambeau du respect de la différence. C’est une valeur que vous inculquez à vos fils...
Oui, c’est important pour moi. À la maison, nous discutons beaucoup de diversité culturelle. Puisque leur papa est africain, ils sont métissés. Je n’ai pas la prétention de savoir ce que vivent au quotidien les personnes racisées, mais je vois ce que mes enfants vivent de même que leur papa. Chaque jour, ils subissent des microagressions, des commentaires sur la couleur de leur peau, leur apparence, leur nom de famille... Certains commentent leurs cheveux ou même les touchent pour vérifier leur texture. C’est le sujet de La peau étoilée d’Anicée

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Comment suggérez-vous à vos enfants de réagir à ces microagressions?
J’en discute avec eux; ils n’ont pas à accepter certaines choses. La beauté de chacun tient à la différence. De toute façon, on est tous différents! Je parle aussi avec eux de la diversité corporelle, car ils sont en mesure de voir les commentaires faits au sujet de mon corps. Je les incite à avoir une alimentation équilibrée et à bouger, non pas dans le but de maigrir ou de correspondre à des standards, mais pour qu’ils soient bien avec eux-mêmes. 

Vous êtes-vous inspirée de vos fils pour vos livres?
Oui. Le cœur rouge et or de Nestor est très inspiré de Marcus. Je cherchais des livres qui parlent des stéréotypes de genre, mais je n’en trouvais pas. Alors, j’ai décidé d’en écrire un. Ça suscite de belles conversations, même à l’école. Depuis, Marcus est plus à l’aise d’y aller avec son vernis à ongles, d’assumer ses longues tresses et son goût pour le maquillage, ou ses préférences pour le chant et la danse. C’est un autre aspect de la diversité. Chez nous, ça s’est fait naturellement. 

Inspirée par son benjamin, Marcus, Renee a écrit une histoire sur les stéréotypes de genre dans Le cœur rouge et or de Nestor. Dans La peau étoilée d’Anicée, il est plutôt question du racisme que ses garçons vivent encore au quotidien.
Inspirée par son benjamin, Marcus, Renee a écrit une histoire sur les stéréotypes de genre dans Le cœur rouge et or de Nestor. Dans La peau étoilée d’Anicée, il est plutôt question du racisme que ses garçons vivent encore au quotidien. Photo : Instagram de Rennee Wilkin


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Comment son père et vous-même avez-vous composé avec cette situation?
Au début, son papa a été surpris. C’est un homme bienveillant, mais il a dû s’adapter. C’est aussi une question culturelle; pour sa famille, en Afrique, c’est beaucoup moins accepté. Il a vite réalisé que Marcus était heureux quand il pouvait enfiler la robe de la reine des Neiges. Ça ne l’empêchait pas de jouer aux dinosaures le lendemain. Son papa est très ouvert. Il faut laisser nos enfants explorer. En tant que société, on a beau évoluer, le rose est encore destiné aux filles et le bleu, aux garçons. À l’école, il y a des rangs pour les garçons et des rangs pour les filles. 

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Sentez-vous quand même un grand désir de changer les choses?
Effectivement. Par exemple, la prof de Marcus cette année est exceptionnelle. Elle est ouverte à la diversité et a changé plusieurs choses dans sa classe. Je vois une ouverture même si, pour certains, il y a encore de la réticence. Mon but, c’est que les enfants qui ont envie d’explorer ne soient pas mis dans une case dès leur jeunesse. Ils sont à une période pour être créatifs! 

Photo : Karine Lévesque
Photo : Karine Lévesque


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Et votre aîné, de son côté, comment compose-t-il avec les goûts de son frère?
Ils pouvaient sembler étranges aux yeux d’Eli. Nous lui avons expliqué que l’important, c’était que Marcus puisse faire ce qu’il aime. À la maison, le respect est la clé. Nous n’avons jamais voulu qu’il ait à défendre son frère à l’extérieur de chez nous, car c’est un rôle trop lourd à porter pour un enfant. 

A-t-il bien compris votre message?
Finalement, tout s’est fait naturellement. En général, les enfants s’adaptent vite. Chez nous, c’est rapidement devenu la norme. Un jour, nous magasinions et Marcus se demandait si son kit rose était beau, j’ai entendu Eli lui dire: «Mais oui! Avec tel collier et tel rouge à lèvres, ça va être beau!» (rires) Cela étant dit, je comprends que ça puisse être surprenant pour l’entourage, car on est habitués aux stéréotypes de genre. Mais il faut laisser notre enfant être qui il est. 

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À 8 et 10 ans, ses fils font déjà preuve d’une belle ouverture.
À 8 et 10 ans, ses fils font déjà preuve d’une belle ouverture. Photo : Instagram de Rennee Wilkin

Votre combat personnel pour la diversité corporelle vous a-t-il rendue plus sensible à la différence de vos garçons?
Oui. Je me suis toujours intéressée à ce que peuvent vivre les autres, mais avoir des enfants a sans doute quintuplé mon empathie. Avec leur père, j’ai été consciente d’injustices et de commentaires racistes. Quand je vois que ça se perpétue ou que les enfants reçoivent encore ce genre de commentaires en 2022, je me dis qu’il faut passer à autre chose. Ça m’a donné la force d’en parler dans le cadre de ma carrière.  

Compte tenu des propos grossophobes qu’on a eus à votre égard, la vie vous aurait-elle jetée sur le devant de la scène malgré vous?
Oui, mais j’aurais pu choisir de ne pas en parler. Ça m’a amenée à m’ouvrir publiquement sur le sujet, ce qui a provoqué plein de belles choses. Ce sont des situations que je ne souhaite à personne, mais elles ont suscité des discussions nécessaires. 

Pour terminer, avez-vous des projets pour les prochains mois?
Dès juin, je recommencerai à présenter des spectacles et je donne aussi des ateliers-conférences pour les jeunes sur l’ouverture à la différence.  

Ce que ses garçons préfèrent... 

Photo : Karine Lévesque
Photo : Karine Lévesque

Lors de leur joyeuse expérience en studio avec leur mère et notre équipe de photographe et maquilleuse, Eli et Marcus nous ont parlé de leurs préférences et intérêts. «J’aime beaucoup aller au cinéma avec ma famille, a confié Marcus. J’aime jouer aux quilles, faire des activités avec mon frère. J’aime aussi mettre du vernis à ongles et du maquillage. À l’école, j’aime l’éducation physique et l’anglais. J’aime danser du jazz et du hip-hop.» 

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Quant à Eli, il nous a dit: «J’aime dessiner, jouer au soccer et à des jeux vidéos. À l’école, j’aime l’éducation physique et les mathématiques.» Sur ce point, Renee ajoute: «Comme son grand-père. Mon père était prof de mathématiques. Eli est plus cartésien. Il aime jouer aux échecs et lire. Il lui ressemble. Pourtant, mes fils ne l’ont pas connu...» 

Sa trilogie pour enfants est publiée aux Éditions Boomerang. En plus de reprendre bientôt ses spectacles, Renee sera de retour en juillet dans Baie-Comeau: D’aventure et de culture, puis dans Britishow à l’automne (britishow.ca).
Pour la suivre, allez au
reneewilkin.net et sur ses réseaux sociaux.

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