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L'article provient de TVA Sports
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«Amenez-nous de bons joueurs!»

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Anthony Martineau

2022-02-15T13:06:00Z
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«Salut Anthony, c’est Rob! Comment tu vas?»

C’est dans un français plus que respectable que Rob Ramage, le directeur du développement des joueurs des Canadiens, s’adresse d’entrée de jeu à l’auteur de ces lignes à l’occasion d’un long entretien téléphonique.              

L’homme de 63 ans est natif de Byron en Ontario et a travaillé presque toute sa vie au sein de marchés anglophones. Mais ça ne l’empêche pas de comprendre l’importance du français au Québec et de mettre les efforts pour le maîtriser du mieux qu’il le peut. 

«Je travaille très fort pour m’améliorer», jure celui ayant disputé 1044 matchs dans la Ligue nationale de hockey. Il passe ensuite à la langue de Shakespeare. 

«Très souvent, je me dis que j’aurais dû être plus attentif lorsque j’étais au primaire. J’aurais beaucoup plus de facilité à te parler aujourd’hui!», lance l’ancien défenseur en éclatant de rire. 

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Rob Ramage
Rob Ramage Photo d'archives, Agence QMI

Quelques secondes suffisent pour comprendre que Rob Ramage, malgré la saison difficile du Tricolore, n’a rien perdu de son entregent, de son dynamisme. Et c’est tant mieux. Après tout, plusieurs motifs justifieraient une attitude plus morose de son côté. 

Mais l’homme de hockey, honnête, ne cache pas sa déception face aux cinq premiers mois de cette campagne 2021-2022. 

«Après une participation à la finale de la Coupe Stanley, c’est très difficile. Le simple fait de réaliser pleinement ce qui se passe est encore dur, à l'heure actuelle. C’est sûr que l’absence de plusieurs gros noms nous a fait mal, mais quand même...»

«Je ne montrerai pas à Cole Caufield comment lancer une rondelle!»             

Comme on le sait, cette triste débandade du CH a engendré de nombreux changements au sein de l’organisation. Marc Bergevin et Trevor Timmins ont notamment quitté, alors que Kent Hughes et Jeff Gorton ont fait leur arrivée au septième étage du Centre Bell. 

Depuis quelques années, ils étaient justement plusieurs à réclamer la tête de Timmins, condamnant entre autres son rendement mitigé (pour être poli) lors des différentes séances de sélection qu’il a chapeautées. 

Moins nombreux que dans le cas de Timmins et du recrutement, certains partisans des Canadiens ont également démontré une vive déception face au secteur du développement des joueurs, le «bébé» de Ramage.

Lorsqu’on lui demande si le sujet a été abordé avec ses nouveaux patrons, ce dernier se montre transparent et offre une réponse intéressante. 

«Francis Bouillon et moi avons eu nos premières rencontres avec Kent et Jeff la semaine dernière. Oui, l’enjeu du développement a été adressé. Depuis leur arrivée, Kent et Jeff tentent de cerner un peu tout le monde: le personnel à Montréal, à Laval, mais aussi le profil de nos différents espoirs. Je vais te dire une chose : tout le monde veut progresser au sein de l’équipe.

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Dario Ayala / Agence QMI
Dario Ayala / Agence QMI

«Mais quand les gens parlent de "développement", ils doivent réaliser que ce simple terme couvre un immense secteur. Nous repêchons des joueurs, puis nous les accompagnons du jour un de leur association avec nous jusqu’à leurs débuts avec les Canadiens. Sauf qu’il y a aussi du développement qui se fait du côté de Laval, qui a son propre personnel d’entraîneurs. L’équipe en place là-bas peut de surcroît aider nos jeunes joueurs sur une base quotidienne, car elle les côtoie chaque jour.» 

Ramage enchaîne avec une métaphore loufoque, qui vient encore une fois relativiser le véritable rôle/impact du développement dans certains cas.

«Je ne montrerai pas à Cole Caufield comment lancer une rondelle. M’as-tu déjà vu tenter un tir? C’est davantage Cole qui m’enseignera! Nick Suzuki a une vision du jeu incroyable. J’ai dirigé Josh Anderson lorsqu’il jouait chez les Knights de London. Est-ce que j’ai eu un impact sur l’un de ces joueurs? Si oui, il est minimal. MI-NI-MAL!»

«Amenez-nous de bons joueurs!»             

Celui qui a joué 14 matchs avec le CH en 1993 y va ensuite d’une remarque qu’on peut interpréter de plusieurs façons lorsqu’on lui parle de l’importance du repêchage à venir et de la stratégie de développement qui y sera associée.

«Nous avons plusieurs choix lors de cet encan. Francis et moi sommes prêts. Amenez-nous des joueurs! Mais amenez-nous de bons joueurs! Et nous vous les transformerons en futurs Canadiens. Notre approche sera basée sur une relation de qualité avec les espoirs choisis. Nous aimons avoir de nombreuses discussions avec nos jeunes joueurs, quel que ce soit l’endroit où ils évoluent. De cette façon, ils peuvent adapter leur jeu en continu selon nos observations.»     

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Michael McCarron pose fièrement, quelques secondes après avoir été repêché par les Canadiens en 2013.
Michael McCarron pose fièrement, quelques secondes après avoir été repêché par les Canadiens en 2013.

Hum. «Amenez-nous de bons joueurs». 

Une pointe à Trevor Timmins? Une mise en garde à la prochaine personne en charge du recrutement? Allez savoir! Mais le message, soyons francs, pourrait difficilement être plus clair...

La grande fierté de Rob Ramage         

En plus de sept ans à l'emploi des Canadiens, Rob Ramage en a vu passer, des jeunes joueurs! 

Mais lorsqu'on lui demande si certains patineurs l'ont marqué plus que d'autres, l'ex-hockeyeur ne réfléchit pas trop. Il en cite quelques-uns, mais s'étend sur un cas bien précis.

«Jake Evans est un joueur dont je suis extrêmement fier. Un choix de septième ronde qui parvient à se tailler un poste régulier, c’est très impressionnant! Je me souviens qu’à l’époque où j’étais recruteur pour les Blues de St. Louis, l’équipe m’avait envoyé couvrir un match des Buzzers de St. Michael’s. J’étais là pour épier un autre joueur, mais Evans, qui avait 16 ans à l’époque, m’est tombé dans l’œil. 

«Je ne l’ai jamais oublié par la suite et j’étais très content de le retrouver quelques années plus tard. Il a un super parcours et pour moi, c’est l’exemple parfait à suivre pour les jeunes qui se soucient de leur rang de repêchage. Ne jamais dire "jamais". Mettez les efforts, restez positif et ne doutez pas. Vous ne savez jamais ce qui vous attend vraiment.» 

À lire demain (mercredi) sur le TVASports.ca: Rob Ramage décortique la relève des Canadiens

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