Emil Heineman: «le joueur rêvé pour un entraîneur»
Anthony Martineau
Dès le moment où les rumeurs liant Tyler Toffoli aux Flames ont commencé à prendre de l’ampleur, les amateurs des Canadiens avaient en tête un nom bien précis en guise de potentielle compensation : Jakob Pelletier.
Peut-on leur en vouloir?
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D’abord, mentionnons qu’en plus d’être le deuxième meilleur pointeur du Heat de Stockton dans la Ligue américaine (37 points en 38 matchs), Pelletier, âgé de 20 ans, est un Québécois. Un petit gars de la ville de Québec.
Mais il est aussi et surtout un travailleur acharné, un leader hors pair vanté par tous ceux l’ayant côtoyé jusqu’ici.
Sachant cela, il est tout naturel que les Flames n’aient pas voulu s’en départir.
Pour s’assurer des services de Toffoli, la formation albertaine a finalement cédé l’attaquant Tyler Pitlick, des choix de 1re et 5e ronde au prochain repêchage et... un espoir du nom d’Emil Heineman, un Suédois âgé de 20 ans qui évolue à l’aile droite.
S’il n’est pas Jakob Pelletier, Heineman est quand même celui qui, de par sa progression future, démontrera ultimement si la «transaction Toffoli» fut bonne, moyenne ou décevante.
Mais les premiers échos en provenance de Suède sont très encourageants.
«C’est le joueur rêvé pour un entraîneur! Donnez-lui un an et il sera prêt à jouer dans la LNH», lance sans retenue Bjorn Hellkvist, son entraîneur chez le Leksands IF, un club évoluant en première division suédoise.
Portrait du nouvel espoir du Tricolore, dont le coffre à outils semble très bien rempli.
Un dangereux tireur
En 36 matchs, Heineman, qui mesure 6 pieds 1 pouce et pèse 185 livres, affiche une récolte de 16 points. Il a marqué 11 buts, ce qui lui confère le deuxième rang des buteurs de son équipe (à égalité) et le 22e de tout la SHL.
Pour un jeune homme de seulement 20 ans et dans un circuit où il n’est pas facile de produire sur une base régulière, on parle de très bons chiffres.
Questionné sur la façon dont il utilise son attaquant, Hellkvist offre cette réponse.
«Emil, malgré son jeune âge, a beaucoup de temps de glace ici. Il joue sur notre deuxième trio et sur notre deuxième unité d’avantage numérique. Nous le faisons jouer sur le flanc droit, car il est gaucher et possède un excellent lancer sur réception. Il a aussi un tir des poignets très dangereux. Il dégaine vite.»
Sans même qu’on le relance, l’entraîneur enchaîne.
«C’est un joueur très "nord-américain". Il ne craint pas le jeu robuste et aime quand ça se met à brasser. Emil a aussi un coup de patin très puissant. Mais sa plus grande force est vraiment son tir.»
Aucun problème d’attitude
Plusieurs ont déjà noté qu’Heineman en est déjà à un troisième club de la LNH depuis sa sélection au repêchage de 2020. Cette année-là, les Panthers avaient fait de lui leur choix de deuxième tour (43e au total).
Mais le 12 avril dernier, le club floridien ont envoyé le Suédois aux Flames dans la transaction qui a fait de Sam Bennett un membre des Panthers.
Emil Heineman, à l'heure actuelle, n'a d’ailleurs toujours pas signé de contrat de la LNH.
Questionné sur la façon dont se comporte son protégé dans la vie de tous les jours et sur les raisons potentielles derrière tous ces changements d’adresse en si peu de temps, Bjorn Hellkvist offre une réponse très rassurante.
«Comprenez-moi bien : je n’ai jamais eu de problème avec Emil. C’est un jeune homme très compétitif, mais aussi très calme. Il est très sérieux quant à sa carrière. C’est le joueur rêvé pour un entraîneur.»
Sur le plan hockey, l’instructeur, qui dirige Heineman depuis deux ans, perçoit aussi une nette progression.
L’an dernier, l’attaquant avait conclu sa première saison officielle dans la SHL avec sept buts en 43 matchs. Tel que mentionné précédemment, il en compte déjà quatre de plus, tout en ayant disputé sept parties de moins.
«Il a vraiment progressé ces derniers mois. Je le vois simplement dans son attitude en général. Il ne cesse de gagner en confiance en zone offensive et il marque régulièrement cette année. Quand il joue avec cette mentalité, il est dangereux.»
«Il me fait penser à Leon Draisaitl»
À Montréal, la question du jour est maintenant (et logiquement) celle-ci : quel impact aura Emil Heineman dans la LNH? En aura-t-il un?
Pour Hellkvist, la réponse est évidente.
«Je vois assurément le potentiel dans son cas. Donnez-lui un an et il sera prêt à jouer dans la LNH. À long terme, je le vois évoluer sur une deuxième ou troisième ligne dans la Ligue nationale. Emil a une grande utilité sur l’échec-avant. C’est l’une de ses belles qualités. Il pourra aussi avoir un rôle sur l’avantage numérique chez vous.»
Interrogé sur un comparable LNH concernant Heineman, Hellkvist nous laisse sur une déclaration qui risque d’en faire sursauter plusieurs. Après de très longues secondes d'hésitation, l'homme de hockey lance ceci.
«Quand je le regarde jouer, il me fait penser à Leon Draisaitl. Il est imposant, va dans les coins et a de bonnes habiletés avec la rondelle.»
Si jamais Emil Heineman offre un rendement similaire à celui de Draisaitl, Kent Hughes aura sans l'ombre d'un doute une statue à son effigie devant le Centre Bell. Mais il est légitime de s'attendre à moins... Ce qui est très loin de vouloir dire que le jeune homme aura été une déception.