Affaire Julien Lacroix: une femme dit avoir été instrumentalisée par «La Presse» et le FM 98,5
Agence QMI et Genevieve Abran
Une femme qui s’est retrouvée impliquée dans un article conjoint de La Presse et du 98,5 FM concernant l’affaire Julien Lacroix, déplore le «manque de transparence» danse cette nouvelle enquête sur l’humoriste déchu.
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«Ce que je reproche, c’est le manque de transparence quant à l‘angle que l’entrevue devait porter», a expliqué d’entrée de jeu Audrey-Anne Dugas au micro de Mario Dumont, à QUB radio, vendredi.
La Presse, sous la plume de la chroniqueuse Isabelle Hachey, et le FM 98,5, dans un balado signé par la journaliste Marie-Ève Tremblay, ont dévoilé mercredi une enquête dans laquelle des femmes, parmi les neuf qui avaient dénoncé Julien Lacroix pour des allégations d’agressions et d’inconduites sexuelles, à l’été 2020 dans Le Devoir, remettent maintenant en question leurs accusations contre l’humoriste.
Celle qui est aussi humoriste n’est pas parmi ces neuf dénonciatrices, mais elle a recruté une partie de celles-ci, selon l’article.
Dans un long message Facebook en réaction à la publication de l'enquête, elle parle d’un cocktail d’émotions composé de «colère», de «déception» et de «profond dégoût».
- Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Audrey-Anne Dugas, humoriste de la relève sur QUB radio :
«Je me sens vraiment instrumentalisée, je me rends compte qu'elles avaient leur article en tête depuis le début et qu'elles se sont arrangées pour me faire dire les affaires qu'elles voulaient que je dise», a-t-elle affirmé en entrevue avec le 24 heures. Elle assure avoir été «mal citée» et que ses propos ont été «mis hors contexte» par les deux journalistes.
«[Les journalistes] m'avaient dit que ce n'était pas pour blanchir [Julien Lacroix], mais c'est exactement l'effet que ça va avoir chez une partie de la population, regrette-t-elle. Je pense que c'est vraiment un recul et qu'il y a beaucoup d'antiféministes qui vont se servir de ça pour alimenter la haine»
Aucun expert et beaucoup de sous-entendus
«J’ai cru à un article de fond, je me retrouve finalement devant une chronique sensationnaliste digne d’une mauvaise série pour ado à VRAK.TV. Je m’explique mal comment un sujet aussi sensible peut faire l’objet d’une chronique. Aucun expert, beaucoup de sous-entendus et surtout une utilisation charcutée de mon discours. Autant dans l’article que dans le podcast, mes citations sont mises hors contexte et sont loin de correspondre à la réalité», ajoute-t-elle, disant que son témoignage visait, selon elle, à lui «faire porter le blâme de cette histoire».
Elle croyait pourtant, selon les propos des journalistes, que l’article de La Presse servirait de «post-mortem» concernant les dénonciations de 2020 contre Lacroix. «J’avais bien mis au clair que je n’étais pas à l’aise de participer à une enquête», précise-t-elle.
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Elle reporoche également le manque de transparence concernant un lien qui existerait entre l’une des journalistes, Marie-Ève Tremblay, et la conjointe de Julien Lacroix, qui a aussi participé à l’enquête.
«C’est un gros choc de mon côté alors que ça n’avait pas été mentionné», a-t-elle souligné.
Contre la «cancel culture»
Elle se dit par ailleurs contre la «cancel culture» et pourfend le passage de l’article où il est question d’une vengeance de sa part contre Lacroix.
Audrey-Anne Dugas avait fondé en 2019 le collectif Pour Les Prochaines pour dénoncer les inconduites sexuelles dans le milieu de l’humour. Elle assure qu’elle n'est «pas pour les dénonciations publiques». Dans l’article publié mercredi, elle souhaitait plutôt aborder des «pistes de solutions» pour les victimes.