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Politique

Où sont les femmes à la COP27?

Photomontage Sébastien Dorion
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Maïté Belmir

2022-11-18T12:00:00Z
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Victimes collatérales des injustices sociales, les femmes prennent de plein fouet les impacts des changements climatiques. Elles sont pourtant sous-représentées au sommet de l’ONU sur le climat (COP27) qui se tient en Égypte.

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Depuis le 8 novembre et jusqu’à vendredi, quelque 110 dirigeants et dirigeantes du monde entier sont rassemblés à la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh pour la COP 27 pour trouver des solutions collectives afin de lutter contre les changements climatiques. Mais au total, seulement 7 sont des femmes, ce qui porte leur représentativité à 6,36%. Qu’est-ce qui explique qu’en 2022, elles comptent pour moins de 10% des décideurs présents?

Les femmes et les filles sont en grande partie victimes des changements climatiques à travers le monde. Selon les données de l’ONU, elles représentent 80% des personnes déplacées. On sait qu’elles représentent 70% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans le monde. Elles ont aussi 14 fois plus de risques de mourir dans un événement climatique extrême. Pourtant, ce ne sont pas elles qui sont aux commandes des négociations de la COP.

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Le genre et la COP27

Un peu plus du tiers (37%) de l’ensemble des participants et participantes à la COP27 sont des personnes s’identifiant comme femmes. «Il faut avouer que ça va en s’améliorant. Lors de la première COP [à Berlin en 1995], il y avait 12% de femmes», relate Caroline Brouillette, directrice des politiques nationales au Réseau action climat Canada. 

«Cependant, l’évolution ne se fait pas assez rapidement», ajoute-t-elle.

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L’apport des femmes dans les discussions officielles aurait pourtant un avantage dans les solutions à l’urgence climatique. D’une part, parce qu’elles ont une expérience réelle comme elles sont davantage victimes des impacts liés aux changements climatiques que les hommes : «C’est primordial de considérer cette expérience dans les politiques qui sont négociées à la COP», explique Caroline Brouillette. 

D’autre part, il faut considérer le leadership des femmes qui ont un rôle de meneuse dans leur famille, dans leur réseau, et qu’il faut parvenir à catalyser, ajoute Caroline Brouillette. 

Selon la représentante du Réseau action climat Canada, le fait que la diversité ne soit pas représentée à la COP joue dans les réflexions et décisions qui y seront prises. Une journée dédiée aux questions de genre était au programme de la COP27, le 14 novembre. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les États discutent de ces sujets, explique Caroline Brouillette qui n’en est pas à sa première Conférence des parties. 

Et le Canada?

Le Canada possède la quatrième plus grosse délégation de la COP27. Et le pays se positionne plutôt bien avec 47,75 % de femmes sur les 377 représentants et représentantes. Même s’il fait figure de bon élève en matière de représentativité cette année, le pays n’est pas tout blanc.

En effet, l'extraction des énergies fossiles ne fait pas que produire des combustibles polluants : «Il y a un lien entre les communautés dépendantes de l’extraction des énergies fossiles au Canada et les femmes autochtones disparues et assassinées», ajoute Caroline Brouillette. 

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D’après elle, les économies extractives et les camps de travailleurs dans ces exploitations ont vraiment un impact sur les communautés et les femmes autochtones. 

Il est vrai que l’industrie des énergies fossiles est importante pour le Canada, qui a invité des pétrolières dans sa délégation. Pour Caroline Brouillette, l'emprise des pétrolières et gazières est très inquiétante. «Tant qu’on évitera de réglementer ces entreprises, on va contribuer à une désinformation dans les processus de changement climatiques, que ce soit dans les négociations internationales que dans les politiques nationales.» 

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