Mouvement #MoiAussi: des militantes demandent une loi pour protéger les élèves du primaire et du secondaire
Julien Bouthillier
Un groupe de jeunes militantes a interpellé, dimanche, les chefs de parti pour ramener le dossier des violences à caractère sexuel à l’avant-plan de la campagne électorale.
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Depuis maintenant cinq ans, le collectif La voix des jeunes compte milite pour qu’une loi soit adoptée afin de prévenir les violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires. Une loi semblable a été adoptée en 2017, mais elle ne s’applique qu’aux établissements d’enseignement supérieur (cégeps et universités).
Une motion qui demandait l'implantation d’une loi-cadre allant en ce sens avait été déposée à l’Assemblée nationale par Catherine Fournier en 2020 et adoptée à l'unanimité.
Or, «tous nos efforts ont été balayés du revers de la main lorsque cette année la motion déposée a été engloutie par la dissolution du gouvernement», déplore Kenza, qui milite au sein du collectif.
«On ne veut pas juste être une promesse électorale, on ne veut pas être un débat entre les différents partis. On pense que c’est quelque chose qui devrait être unanime. La sécurité des jeunes c’est important, c’est au-delà de la politique. Donc, nous on attend que les actions soient concrètes», ajoute-t-elle en entrevue avec le 24 heures.
Les membres du collectif réclament une loi qui encadrerait des protocoles adaptés à la réalité des écoles primaires et secondaires et visant à prévenir les violences sexuelles et à lutter contre celles-ci.
Des violences qui ont des conséquences
Les cas dont les jeunes du collectif ont été victimes ou témoins sont nombreux: partage de photos osées sans consentement, attouchement d’une jeune fille devant son casier par un collègue de classe ou encore voir un enseignant d’éducation physique rentrer dans le vestiaire pendant que de jeunes filles sont en train de se changer.
Theryanne, une membre du collectif, a une amie qui a été victime de violence sexuelle à l’école. Selon elle, l’histoire de son amie illustre bien les conséquences que peut avoir le manque criant de ressources pour les victimes.
«Elle a été mise sur une liste d’attente pour aller voir la psychoéducatrice. [...] Elle n’a pas vraiment reçu le soutien dont elle avait besoin et qui était nécessaire. J’ai vu à long terme qu’elle s’est dégradée, elle avait des idées suicidaires, ça a été vraiment difficile», raconte-t-elle.
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Il ne s'agit pas que de quelques cas: depuis 2017, pas moins de 56 travailleurs scolaires ont été accusés de crimes sexuels, rapportait récemment Le Journal de Montréal. Et il ne s'agit évidemment que des cas qui ont été judiciarisés.
Une solution jugée insuffisante
Le gouvernement sortant de la CAQ a mis sur pied le protecteur de l’élève, qui est responsable de traiter les plaintes formulées dans les écoles, notamment en matière de violences à caractère sexuel.
Cette solution ne satisfait pas le collectif La voix des jeunes compte, puisqu’elle ne comporte aucun aspect de prévention, contrairement à l’approche retenue pour les cégeps et les universités.
«Le protecteur de l’élève, par ses fonctions, revictimise les jeunes puisqu’il réfère les dénonciations d’agressions reçues aux autorités. C’est une étape qui s’ajoute à un processus qui est déjà contradictoire pour les victimes mineures. Il n’agit pas en sensibilisation ni en prévention», affirme Megane, membre du collectif.