3 personnes nous racontent comment c’était de grandir dans une «maison sans collations»
Sarah-Florence Benjamin
Enfant, vos parents ne vous achetaient pas des snacks tout prêt? Comme collation, vous deviez vous contenter de pommes ou de noix? Eh bien, vous n’êtes pas seul. Même que sur TikTok, de nombreuses personnes racontent comment c’était de grandir dans un ingredient household.
Comme son nom l’indique, un ingredient household, ou «maison sans collations», est une maison où il n’y a pas ou presque pas de collations prêtes à manger, comme des biscuits Pattes d’ours ou encore des rouleaux aux fruits. Les seuls aliments disponibles sont des ingrédients qui servent à la préparation des repas.
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Le terme est populaire sur TikTok ces derniers mois. Avec le mot-clic #IngredientHousehold, qui cumule quelque 133 millions de vues, des usagers racontent ce qu’ils mangeaient, souvent en cachette, lorsqu’ils avaient faim entre les repas: des pépites de chocolat, du beurre d’arachide à la cuillère, des croûtons à salade, des tortillas passées au micro-ondes.
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Une sorte de restriction alimentaire
Océane a confié à 24 heures que ses parents n’achetaient pas de collations préparées pour des raisons de santé. «Les barres tendres nature étaient une exception, mais personnellement je n’en mangeais pas. Elles étaient tellement sèches que je m’étouffais avec!», raconte-t-elle.
Elle se rappelle que ses parents étaient «très préoccupés» par son alimentation et qu’ils ne manquaient pas une occasion de lui expliquer à elle et sa sœur «les dangers du sucre, du gras, du sel, des agents de conservation, etc.».
@cloudycastle0 Honestly explains a lot #ingredienthousehold #greenscreen #food #snacks #thingsinmyhousethatjustmakesense ♬ pass the dutchie sped up - vevonix
La quantité des ingrédients disponibles dans la maison étaient aussi calculés, explique Océane. «Mes parents achetaient leurs ingrédients en quantités très précises pour leurs recettes, et c’était la catastrophe si ma mère arrivait pour cuisiner et qu’il manquait quelque chose.»
Et pour ses parents, le moins de collations possible étaient mieux, «parce qu’ils croyaient fermement que manger entre les repas fatiguait le système», explique la jeune femme qui mangeait parfois à l’école une part de la collation de sa meilleure amie.
Est-ce si mauvais de manger entre les repas ?
Bien qu’on ait pu se faire dire par nos parents qu’il ne fallait pas trop manger entre les repas, ce n’est pas nécessairement vrai, affirme la nutritionniste Karine Gravel.
Pour les enfants, c’est même le contraire. «Ils ont un plus petit estomac, donc ils mangent généralement moins, mais plus souvent», explique la docteure en nutrition.
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Interdire les collations peut aussi avoir des conséquences négatives, notamment sur notre capacité à reconnaître les signaux de faim et satiété, ajoute-t-elle.
«S’il ne peut pas manger de collation, l’enfant peut trop manger au repas, soit parce qu’il est affamé ou pour éviter d’avoir faim plus tard. Ça fait qu’il est moins attentif aux signaux corporels qui indiquent quand il a assez mangé», explique-t-elle.
D’ailleurs, ce n’est pas parce que les collations sont interdites que les enfants n’en mangeront pas. Au contraire.
«Si on a vraiment envie de manger quelque chose et qu’on n’a pas le droit, souligne Karine Gravel, ça peut amener à des comportements comme manger en cachette, cacher de la nourriture ou manger à outrance quand on a l’occasion, chez des amis par exemple.»
Parlez-en à Paula, chez qui tous les aliments transformés ou trop sucrés étaient bannis.
«Je mangeais beaucoup de pain parce que j’avais faim. Le matin, j’arrivais à l’école, et à 8 h, j’avais déjà mangé ma seule collation de la journée. Je suppliais les autres enfants de me donner des bouts de leur collation, surtout si c’était des aliments considérés pas bons pour la santé», confie-t-elle.
@heyxbean Just learned the term #ingredienthousehold ♬ original sound - Grip Reaper
Des conséquences sur le rapport à la nourriture
Paula estime que les interdits entourant la nourriture que lui imposait sa mère en grandissant ont compliqué son rapport à l’alimentation.
«Quand j’ai commencé à vivre seule, je m’achetais toutes les cochonneries: tout le gras, le sucre et les produits congelés. C’était beaucoup trop, j’avais souvent mal au ventre», explique celle qui a depuis appris à bien manger.
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Elle était attirée par tous les aliments qui étaient auparavant interdits, mais elle se sentait aussi coupable de les manger. «Ça joue dans la tête de se dire que si je mange un aliment pas santé, je vais attraper le cancer ou quelque chose du genre», affirme-t-elle.
Pourtant, ce «n’est pas parce qu’on mange un biscuit de temps en temps qu’on va ruiner sa santé», rappelle Karine Gravel. Elle ajoute insiste d’ailleurs: la nourriture, «c’est aussi une question de plaisir».
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Encore du mal à se contrôler
En grandissant, Myriam avait elle aussi rarement le droit de manger des biscuits. Même qu’à un certain moment, sa mère a complètement arrêté d’en acheter, parce que Myriam et son frère avaient du mal à se contrôler.
«On se levait la nuit pour les manger», raconte-t-elle.
Encore aujourd’hui, elle l’avoue: elle a du mal à se contrôler devant les aliments sucrés, qui lui étaient autrefois interdits.
«J’ai du chocolat au travail, mais je le range dans le tiroir d’un collègue. Pendant la pandémie, on a dû cacher les palettes dans la chambre de ma coloc, parce que j’en faisais des indigestions.»