Sacs, vaisselle, ustensiles: Mascouche et Terrebonne bannissent la distribution des objets à usage unique
Anne-Sophie Poiré
Depuis le 1er mars, la distribution d’une variété d’objets à usage unique en plastique et en styromousse est interdite sur les territoires des villes voisines de Mascouche et Terrebonne, dans Lanaudière.
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«On voulait agir, être précurseurs. On ne voulait pas s’en remettre aux gouvernements fédéral ou provincial parce que c’est long avant de mettre en place ces projets et ils sont souvent reportés», fait valoir Geneviève Rivard, chargée de projet en gestion des matières résiduelles à la Ville de Terrebonne.
Six produits en plastique à usage unique, comme les ustensiles et les anneaux des emballages de boissons, seront bannis au Canada à partir de décembre 2023. Leur exportation par des entreprises au pays sera toutefois permise jusqu’en 2025.
Mascouche et de Terrebonne ont travaillé conjointement pour élaborer le nouveau règlement, adopté par les conseils municipaux en novembre dernier.
La vaisselle jetable dans les salles à manger, les récipients alimentaires et leurs couvercles, les ustensiles, les pailles, les bâtons à mélanger les boissons et les sacs sont parmi les objets désormais interdits.
Le règlement s’applique autant aux restaurants, qu’aux épiceries ou aux pharmacies. Tous les commerces qui ont une adresse d’affaires à Mascouche ou Terrebonne sont tenus de cesser la distribution de ces articles à usage unique.
Changer définitivement les comportements
Pour donner un coup de main aux commerçants, ils bénéficieront d’une période de transition jusqu’au 1er septembre. Les inspections débuteront après cette date. Des amendes pouvant aller jusqu’à 1000$ sont prévues pour une première infraction, et ce montant doublera pour les infractions supplémentaires.
Mais d’ici là, du soutien personnalisé et des programmes de subvention leur sont offerts.
«On a eu une très bonne réponse des commerçants avec le règlement sur les sacs de plastique en 2019. Mais là, on s’attaque à des objets pour lesquels les items de remplacement sont moins familiers. On a travaillé en amont avec eux, et la réception était bonne malgré tout. On sur le terrain depuis plusieurs mois pour les aider dans la transition», assure Mme Rivard.
Et les consommateurs devront aussi contribuer.
Ils sont invités à traîner leurs sacs d’emballages à l’épicerie, un ensemble d’ustensiles lors de leurs déplacements ou leurs contenants pour le take out au restaurant.
«Ce qu’on veut, c’est diminuer notre génération de déchets. Ces objets sont utilisés quelques secondes, mais prennent des centaines d’années à se dégrader. Ces items ne sont pas nécessaires. L’idée est de changer définitivement le comportement des consommateurs», précise Geneviève Rivard.
Un récipient de styromousse mettra entre 50 et 80 ans à se dégrader. Un sac de plastique se décompose quant à lui en 450 ans.
Ce n’est que le début
Il ne s’agit que de la phase 1 du projet. Des produits et des mesures seront ajoutés graduellement dans la prochaine année pour réduire les déchets à la source.
À l’automne 2023, les consommateurs devront commencer à payer une «écocontribution», soient des frais peu élevés ajoutés au prix de vente d’un objet à usage unique dont la distribution n’est pas interdite, mais pour lesquels il existe des solutions plus écologiques.
Un exemple? Les bidons de lave-glace.
«On ne peut pas les bannir pour des enjeux de sécurité routière. Les commerces devront donc offrir l’option de remplissage en vrac, et les consommateurs qui veulent continuer d’acheter des bidons devront payer leur écocontribution», explique Mme Rivard.
Ce montant sera ensuite retourné aux commerçants pour les aider à mettre en place lesdites stations de vrac.
Quel est l’impact du «réutilisable» sur l’environnement?
Est-ce vraiment mieux pour l’environnement d’utiliser des contenants réutilisables, sachant qu’il faut les laver et qu’eux aussi sont souvent faits de plastique?
«L’impact environnemental de ces contenants diminue considérablement entre une et 10 utilisations, et il est presque nul après 30 usages, même en prenant en compte l’impact environnemental de sa fabrication, son lavage et son transport», illustre l’analyste de réduction à la source pour Équiterre, Amélie Côté.
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Ces données proviennent de la première analyse québécoise du cycle de vie des boîtes réutilisables consignées pour les plats à emporter dans les restaurants, réalisée par La Vague, un organisme expert en solutions écoresponsables pour les cafés et restaurants du Québec.
L’analyse du cycle de vie (ACV) permet de faire un bilan quantifié des impacts environnementaux potentiels de la durée de vie d’un objet. Elle prend en compte toutes les étapes, de l’extraction des ressources.