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Environnement

Vos sièges en cuir contribuent à la déforestation de l'Amazonie

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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2021-11-18T16:45:19Z
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  • Des éleveurs de bœufs détruisent illégalement la forêt amazonienne pour vendre le cuir des bêtes à des constructeurs automobiles.  
  • La science est unanime: la protection de cette forêt contribuerait à ralentir les changements climatiques.  
  • Les sièges en cuir dans un véhicule de luxe nécessitent une douzaine de peaux de bœuf ou plus.   


Et si l’option cuir pour les sièges de votre véhicule utilitaire sport aggravait la déforestation de l'Amazonie? Une enquête du New York Times sur l'industrie brésilienne du bœuf démontre à quel point la demande pour ce produit de luxe contribue à financer la destruction de la forêt tropicale abritant 10% de la biodiversité mondiale.  

• À lire aussi: «On est en train de tuer l’Amazonie»

• À lire aussi: Le jaguar et la harpie féroce menacés par la déforestation en Amazonie

Odilon Caetano Felipe élève du bétail sur des terres illégalement déboisées en Amazonie. Il y a consensus scientifique autour de cette forêt dense qui s’étend sur plus de 5,5 millions de km2: sa protection contribuerait à ralentir les changements climatiques. 

Un matin de juillet, raconte le New York Times, l’éleveur conclut la vente de 72 bœufs. Pour faire place à l’élevage, il reconnaît avoir abattu une partie de l'épaisse forêt amazonienne sans avoir payé pour la terre. 

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L’entreprise de M. Felipe est l'une des 600 qui sont présentes dans une zone de l'Amazonie au Brésil appelée Jaci-Paraná, une réserve protégée où la déforestation est limitée. 

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Appétit pour le cuir abordable  

Cette transaction fait partie d’un commerce mondial qui lie la déforestation de l'Amazonie à la demande des consommateurs américains et canadiens pour les sièges en cuir dans les véhicules luxueux vendus par des constructeurs automobiles comme General Motors, Ford et Volkswagen. 

La construction d’un véhicule de luxe nécessite une douzaine de peaux ou plus. 

Comme la région amazonienne est l'un des principaux fournisseurs de viande bovine au monde, elle offre aussi un cuir abordable. 

«Tant qu'il y a une demande pour le bœuf, on ne fait qu’utiliser les peaux», se défendent les représentants de l'industrie du cuir interviewés par le New York Times

Mais selon le chercheur de l'université brésilienne de Minas Gerais, Raoni Rajão, l’industrie du cuir est tout aussi responsable de la déforestation de l’Amazonie parce qu’elle rend l'élevage plus rentable et ajoute donc de la valeur aux bêtes. 

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Ce n’est pas tout  

Des communautés vivant depuis des générations de la culture de l'hévéa — l’arbre à caoutchouc — sont chassées de leur territoire protégé dans la réserve de Jaci-Paraná par des éleveurs qui prennent leurs terres pour leur bétail. 

Au cours de la dernière décennie, les éleveurs ont considérablement étendu leur présence dans la réserve, dont 56% ont été défrichés, selon les données compilées par l'agence environnementale de l'État de Rondônia où se trouve la réserve. 

Rappelons que le Brésil est l'un des 100 pays à s'être engagés à mettre fin à la déforestation d'ici 2030 lors de la très récente COP26 sur le climat, à Glasgow. 

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