Publicité
L'article provient de Clin d'oeil

Voici pourquoi il est essentiel d’avoir un hobby (et comment trouver le temps de s'y adonner!)

Partager

Maude Goyer

2020-08-12T23:00:00Z
2023-10-12T23:53:30.245Z
Partager

Vous faites des casse-têtes, des triathlons, du jardinage ou du kayak? C’est une excellente nouvelle! Avoir un hobby est bon pour la santé, l’estime de soi, le cerveau et l’équilibre de vie. Par où commencer, comment faire et surtout... comment trouver le temps?

Il y a six ans, Marie-Soleil Mireault s’est mise au scrapbooking. Pour cette mère de quatre jeunes enfants, qui travaille à temps plein, raconter des souvenirs et des histoires à travers des collages est devenu un hobby. «Ça me permet de laisser aller ma créativité et de lâcher prise sur le quotidien, dit cette éducatrice spécialisée de 38 ans. C’est mon moment à moi, mon moment “j’oublie tout”.» 

Tout oublier. Tout mettre de côté. Pratiquer un hobby permet de faire le vide, de faire chuter le stress et d’apaiser le cerveau, en quelque sorte. Comme si le fait de revenir à l’essentiel (lire: prendre le temps de faire quelque chose qu’on aime, sans nécessairement avoir un objectif financier ou de performance) nous reconnectait à nous-même. Illusion? Remède? Fuite? Ou eldorado

Publicité

Trouver le bon «flow»

En fait, avoir une passion pousse l’humain dans un état de «flow», selon le professeur en psychologie de l’Université du Québec à Montréal Robert Vallerand, qui étudie l’impact et le fonctionnement des passions et des hobbys depuis 30 ans. Ce fameux «flow», du terme anglais élaboré par un psychologue hongrois dans les années 70, désigne un état de grande concentration, d’engagement et de satisfaction lors de l’accomplissement d’une activité.

«Parmi les bénéfices de pratiquer un hobby, il y a les bienfaits sur la santé physique et mentale, le bien-être psychologique, le fait de devenir un “expert” dans ce domaine et de vivre des émotions positives, qui s’inscrivent dans ce qu’on appelle le “flow”, explique M. Vallerand. 

C’est comme vivre une expérience holistique.» C’est un peu ce que vit Claudia Marre, 34 ans, en coloriant des mandalas. Cette technicienne en comptabilité a commencé cette activité en plein épisode dépressif, sous les conseils de sa psychologue. Elle n’a jamais arrêté depuis. «Ça m’apporte beaucoup de calme, mais aussi beaucoup de joie, confie-t-elle. Je cherche à faire mieux, à ce que ce soit plus joli. Je choisis des dessins plus complexes, j’y pense, j’investis dans de bons crayons... et j’affiche chez moi mes plus belles créations!» 

Publicité

De son propre aveu, après ses séances de coloriage, Claudia se sent fière, joyeuse et satisfaite: «Je passe une meilleure journée ensuite!» lance-t-elle en riant.

Cultiver le bonheur

Pourquoi se priver d’une activité qui nous rend «meilleur»? Nathalie Parent, psychologue et autrice, croit qu’avoir un hobby permet non seulement de décrocher du travail, mais d’avoir son propre espace, isolé de tout rôle qu’on est parfois appelé à endosser dans la vie de tous les jours. «Qu’on soit parent, professionnel ou amoureux, on est d’abord et avant tout des êtres humains, dit-elle. On a besoin de s’accomplir.»

Selon elle, pratiquer un hobby permet de se découvrir de nouvelles forces et habiletés et de booster son estime de soi. «Il n’y a pas de compétition ni de pression, note-t-elle. La personne développe son moi intérieur et exploite différentes facettes de qui elle est.» C’est en période de pandémie, pendant le confinement, que Marianne Fortier a renoué avec une passion enfouie: l’écriture. «J’ai commencé à écrire une série de romans fantastiques quand j’avais 16 ans, raconte celle qui travaille dans une clinique d’optométrie. Je l’ai reprise brièvement il y a huit ans, et là, je m’y suis remise pour de vrai. Je viens de terminer le premier tome!» Pour cette mère de famille de 39 ans, écrire de la fiction lui permet de se recentrer. «Je suis une personne créative, il faut que cela s’exprime!»

Publicité

Il n’est pas étonnant que Marianne, comme plusieurs autres, ait trouvé un passe-temps ou ait décidé de s’y consacrer durant la crise de la COVID-19. «C’est une période difficile remplie d’incertitudes, signale la Dre Johanne Lévesque, neuropsychologue. C’est aussi un très bon moment pour s’investir dans quelque chose qui a du sens pour soi. Au lieu d’errer mentalement, de s’inquiéter, de ruminer, on se lance dans quelque chose de positif!»

Et c’est exactement ce que permet un hobby, croit cette spécialiste: il apporte un «état émotionnel positif». «Plus longtemps on se plonge dans cet état, plus les effets durent, dit-elle. Il ne faut pas oublier qu’un tiers des gens ont tendance à être optimistes dans la vie et deux tiers, à être négatifs... Se mettre dans cet état positif permet de cultiver le bonheur.»

À bas la hiérarchie!

Cultiver le bonheur, une maille à la fois. Parlez-en à Anne-Marie Leconte: cette célibataire de 33 ans fait du tricot les soirs où elle ne travaille pas. «J’aime autant faire de nouveaux patrons et apprendre de nouvelles techniques que d’offrir mes créations à mes amis et aux membres de ma famille, exprime-t-elle. C’est du bonheur en double: je me fais plaisir et je fais plaisir aux autres.»

Pourtant, Anne-Marie le dit d’emblée: si on lui avait un jour annoncé qu’elle aurait un faible pour le tricot, elle ne l’aurait pas cru. «Je ne me doutais pas que j’aimerais autant ça... même que je jugeais un peu ce type d’activité. » Entre un boulot aux horaires atypiques, de nombreux déplacements à travers la province et les sorties entre copines, Anne-Marie jongle avec un agenda chargé. Elle fait le choix de ne pas mettre le tricot de côté: «Je me bloque des moments, avoue-t-elle. C’est la seule façon pour que je termine un morceau.»

Publicité

Voilà l’un des secrets bien gardés de ceux qui pratiquent un hobby: ils y pensent souvent. Et ils planifient des moments pour s’y adonner. Sans en faire une obsession, ils se donnent des moyens pour pratiquer leur passe temps favori. «L’important, ce n’est pas ce que l’on fait comme hobby, mentionne le professeur en psychologie Robert Vallerand, mais bien comment on le fait.

Lorsqu’une passion est harmonieuse, elle ajoute quelque chose à la vie, elle amène du plaisir et du bien-être.» Il oppose à cette notion celle de «passion obsessive», dans laquelle la personne n’a plus de contrôle sur son activité. Elle va alors gruger d’autres sphères de sa vie et la rendre dysfonctionnelle. M. Vallerand cite en exemple un coureur qui serait obnubilé par ses performances. «Il va sacrifier du temps en famille ou certaines responsabilités à son travail pour courir, illustre-t-il. Et s’il n’est pas en train de courir, il se met à penser à ce qu’il est en train de manquer. Son esprit est constamment attiré vers cette activité et il pourrait, par exemple, ne pas donner à son corps un temps de récupération adéquat.»

Existe-t-il une hiérarchie dans les hobbies? Attaquer une paroi rocheuse à mains nues ou faire de la peinture à numéros, est-ce que cela a la même valeur? Attention aux préjugés, prévient la psychologue Nathalie Parent, car tout est une question de perception. «On vit dans une société de performance où la productivité, la vitesse et la quantité sont valorisées, commente-t-elle. On est habitués à être rapides et efficaces. Même dans les files d’attente, on prend son téléphone pour s’occuper!»

Publicité

Peu importe le hobby choisi, l’essentiel est qu’il nous convienne et qu’il réponde à nos besoins. Seul mot d’ordre: le plaisir! Pour le reste, il y a évidemment des tendances et de grands courants. Certains passe-temps sont tombés dans l’oubli, d’autres émergent ou reviennent en force. «Tout ce qui est relié aux écrans, forcément, est populaire, dit Sonia Vaillancourt, directrice générale du Conseil québécois du loisir. Les activités de plein air connaissent toutefois une remontée. Je pense à la randonnée, à la course à pied, et à tout ce qui rapproche de la nature. Les activités culturelles ont aussi la cote.»

Grande adepte de marche, Mme Vaillancourt rappelle qu’il ne faut pas culpabiliser si on manque de temps pour pratiquer un hobby. «Plusieurs études démontrent qu’il y a une baisse de temps consacré aux loisirs, révèle-t-elle. Essayons une heure par semaine pour commencer, puis on bloque deux heures...»

Et si notre hobby se transforme en passion et que l’on souhaite en faire son gagne-pain? «On peut explorer les avenues possibles si on sent que cela dépasse le stade du loisir, souligne la Dre Johanne Lévesque, neuropsychologue. Mais il faut demeurer réaliste et critique.» 

Elle cite en exemple son propre parcours: elle adore jouer de la batterie dans ses moments libres. De là à tasser ses activités professionnelles pour se consacrer à la musique à temps plein... «Un hobby peut rester un hobby, point. Et c’est très bien ainsi. C’est un outil et, au bout du compte, le plus important, c’est le bien-être qu’il nous apporte.

Publicité

Je ne sais pas quoi faire!

Vous n’avez pas de passe-temps ou de hobby? Aucune activité ne vous vient en tête, à part le shopping en ligne, manger au resto et écouter en rafale des séries sur Netflix? Pas de panique! Voici des pistes de réflexion pour dénicher votre prochain dada.

Demandez-vous ce que vous aimiez faire à l’époque où vous étiez enfant ou adolescent. «Ensuite, allez dans cette direction-là, conseille Robert Vallerand, professeur en psychologie et grand spécialiste de la question des loisirs et des passions. N’essayez pas d’aller à contre-courant.»

Faites des essais-erreurs. Vous vous initiez au yoga parce que les gens autour de vous en font... mais vous êtes plutôt de tempérament Zumba? Osez essayer, vous tromper, essayer autre chose! Ça fait partie du jeu. «Il faut se demander ce que vous, vous aimez vraiment. Qu’est-ce qui vous représente, qui fait briller vos yeux, vous rend fébrile?» indique Nathalie Parent, psychologue.

Regroupez vos intérêts et vos besoins. Vous aimez la lecture et vous êtes quelqu’un de très sociable? Pensez à un cercle de lecture avec des rencontres mensuelles, par exemple. L’idée est d’allier vos goûts et vos intérêts tout en comblant certains aspects manquants dans votre vie.

N’ayez pas peur de vous lancer. À force de procrastiner, on remet et on repousse... mais on continue à y rêver en secret. À un certain moment, il faut juste y aller! «Ne mêlez pas votreego à cela, dit M. Vallerand. Plongez avec vos limites, vos forces et vos faiblesses.»

Publicité
Publicité

Sur le même sujet