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Culture

Vivant une première période creuse après 15 ans de métier, Sophie Desmarais admet avoir le vertige

Dominic Gouin / TVA Publications
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Patrick Delisle-Crevier

2024-05-21T10:00:00Z
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Celle qui a interprété la mystérieuse Marie-Josée de la série C’est comme ça que je t’aime mène une brillante carrière de comédienne depuis plus de 15 ans. Pour la première fois, ce printemps, elle se retrouve devant presque rien. Si elle incarnera un beau rôle sur les planches du TNM l’hiver prochain, elle n’a aucun tournage à l’agenda. Lors de notre rencontre, elle s’est confiée sur l’angoisse du téléphone qui ne sonne pas, sur son parcours et sa vie de maman.

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Sophie, comment ça va?

Je vais bien, et en même temps, je m’inquiète pour mon milieu, qui va de plus en plus mal. Les productions ne reçoivent pratiquement plus de subventions et il faut gratter les fonds de tiroirs pour arriver à faire un spectacle ou une série. C’est inquiétant et triste pour notre beau milieu culturel. Il faut qu’il se passe des choses concrètes et que nos élus fassent preuve d’une plus grande ouverture à la culture.

Parle-moi de la pièce Deux femmes en or, qui sera présentée au TNM l’hiver prochain...

On a eu le bonheur de la jouer une soixantaine de fois à La Licorne, et ç’a été un beau succès. Le texte est une adaptation de Catherine Léger, et la mise en scène a été confiée à Philippe Lambert. J’ai été séduite par la pièce, et je suis heureuse de la jouer au TNM. Cette pièce est un pur bonheur: c’est drôle, c’est profond et c’est super féministe. J’adore faire du théâtre, et ce sera ma quatrième fois au TNM. Il s’agit d’une salle à la fois vertigineuse et magique pour les acteurs.

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Sinon, qu’est-ce qui t’occupe ces jours-ci?

Pas grand-chose, et c’est comme ça pour plusieurs acteurs en ce moment. C’est une période creuse, on dirait, car il y a de moins en moins de productions. Je suis tout de même allée à la Berlinale, l’hiver dernier, pour présenter Comme le feu, le dernier film de Philippe Lesage qui sortira cet été. C’est un film vraiment étonnant avec de grandes performances de Noah Parker et de Paul Ahmarani. Dans sa forme, c’est un excellent film, assez radical, dans lequel j’ai adoré jouer.

Quel personnage y interprètes-tu?

Je n’ai pas un très grand rôle, mais je suis présente tout au long de l’histoire. Je joue une monteuse de cinéma, une femme discrète, très silencieuse et à l’écoute.

Tu te retrouves devant rien en ce moment. Est-ce angoissant pour toi?

Oui, mais je tente fort de ne pas sombrer dans l’angoisse. Ne pas travailler fait en sorte que ça laisse beaucoup de temps pour soi, et ça donne un certain vertige. Mais heureusement, ma vie de famille et mon fils, qui a presque quatre ans, m’occupent beaucoup. Je suis emballée et je savoure mon rôle de mère. Ça me rend heureuse. Sinon, je lis, je vois des amis, je regarde des films et je m’entraîne. C’est important pour moi de ne pas être juste dans un rapport productif à la vie. J’aime regarder les saisons passer, mais le climat actuel dans notre milieu avec ces subventions qui ne viennent pas, c’est inquiétant. Pourtant, on vit dans un grand pays avec des moyens, mais il faut se questionner sur les choix de société que nous faisons.

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As-tu déjà envisagé d’exercer un autre métier?

Oui, vraiment. J’y pense souvent, même que je fantasme là-dessus. Je me demande ce que je ferais. Je suis une grande passionnée de parfums, mais je sais que les subventions dans ce domaine, ce ne sera pas la panacée non plus. (rires) Tout ce qui concerne les arts olfactifs me passionne et me fascine. J’aime lire sur le sujet, je m’y intéresse beaucoup. J’adore découvrir de nouvelles choses reliées à la parfumerie. Mais je ne me fais pas d’illusion; je sais très bien que ce n’est pas le plan B idéal.

Tu es sortie de l’école de théâtre en 2007. Depuis, ç’a plutôt bien été pour toi, non?

C’est vrai. J’ai eu de beaux rôles et je suis loin de me plaindre. J’ai aussi eu des opportunités pour aller travailler à l’étranger, mais pour une raison ou une autre, ça n’a pas fonctionné. Les conditions pour que ça se produise n’étaient pas toutes réunies, mais je me dis que si ça doit arriver un jour, ça arrivera. J’aurais adoré avoir une carrière à l’étranger, et en même temps, je n’y crois plus vraiment. Je me concentre sur ce que j’ai et non sur ce que je n’ai pas. J’ai une très belle carrière ici, au Québec, et j’ai eu des rôles étonnants qui m’ont permis de travailler dans différents registres. Par-dessus tout, je suis fière d’avoir pu jouer en solo sur la scène du Théâtre Prospero. Ç’a été marquant et enrichissant, et ça m’a permis de me solidifier en tant qu’interprète. Je suis aussi fière de mon rôle dans Les jours heureux, de Chloé Robichaud. Ce film a nécessité beaucoup de travail de préparation et a été le fruit d’une grande collaboration.

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D’où t’est venue l’envie de devenir actrice?

C’est arrivé sur le tard. Je n’étais pas celle qui, enfant, rêvait de devenir une vedette. Je me souviens que j’avais envie de vivre dans des univers différents et imaginaires. J’étais une enfant unique avec beaucoup d’imagination. J’ai passé beaucoup de temps dans ma tête. Ce métier-là, c’est le moyen le plus cohérent que mon âme et mon corps ont trouvé pour s’exprimer. Mais idéalement, j’aimerais trouver une autre façon d’arriver à m’exprimer qu’à travers mon métier. J’aimerais que ce soit quelque chose qui me concerne juste moi, et non que je vais offrir aux autres, et qui viendrait me nourrir créativement.

Quel souvenir gardes-tu de tes débuts?

Ç’a été tellement vite pour moi, et j’ai eu beaucoup de chance dès ma sortie de l’école. J’ai tout de suite tourné pour le cinéma et j’ai eu de beaux rôles de petites tannantes. J’ai joué sur différentes cordes et j’avais ce côté fonceur, même si je suis une grande angoissée. J’ai foi en ce que je fais et je pense que ça m’a toujours bien servie.

Est-ce que l’angoisse représente pour toi un handicap dans le travail et dans ta vie en général?

Oui, ça arrive, mais heureusement pas tout le temps. La peur génère aussi du courage, donc ça m’aide. Mais si tu n’as jamais peur avant de monter sur scène ou de jouer une grosse scène, tu es peut-être un peu trop au-dessus de tes affaires...Parfois, le fait de se vulnérabiliser et de se fragiliser, c’est payant et c’est bon signe.

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Parle-moi de la fin de la belle série C’est comme ça que je t’aime...

J’ai tellement de peine que ce soit terminé, parce que c’était une belle gang et que j’avais énormément de plaisir à enfiler les costumes et à jouer avec les autres acteurs. Je garde un souvenir extraordinaire de tout ça, et je suis vraiment chanceuse que François Létourneau ait pensé à moi pour le rôle de Marie-Josée. La fin de ce personnage est magnifique, c’est un peu celle d’une héroïne tragique. Je suis vraiment heureuse d’avoir incarné ce personnage dans une si grande série.

En terminant, c’est comment, pour toi, être maman?

C’est fantastique! C’est le plus beau rôle de ma vie. Je ne savais pas à quoi m’attendre, et je ne savais même pas si c’était ce que je voulais vraiment. Mais je suis toujours agréablement surprise et je m’étonne chaque jour de ce degré immense d’amour et de joie qu’on peut vivre en la présence de son enfant. Ça me ramène aussi à mon enfant intérieur. Les moments passés à jouer avec mon fils sont extraordinaires!

L’ultime saison de C’est comme ça que je t’aime est disponible sur Tou.tv Extra. Le film Comme le feu sortira en salle le 31 juillet. Deux femmes en or sera présentée au TNM du 19 au 23 février 2025. Infos: tnm.qc.ca.

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