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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Vers une éradication du cancer du col de l’utérus par la vaccination

anidimi - stock.adobe.com
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Photo portrait de Richard Béliveau

Richard Béliveau

14 décembre à 17h
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Un suivi à long terme des jeunes femmes qui ont reçu le vaccin contre le virus du papillome humain montre une baisse drastique de la mortalité causée par ce cancer.

Les virus du papillome humain (VPH) sont une famille de virus transmissibles sexuellement qui infectent les parties génitales, y compris le col de l’utérus, la vulve, le vagin, l’anus et le pénis, de même que certaines parties de la bouche et de la gorge. Ces infections sont très fréquentes (la plupart des personnes contracteront une infection par le VPH à un moment ou un autre de leur vie sexuelle active), mais elles sont dans la plupart des cas éliminées par l’immunité et ne causent aucun problème de santé. 

Cependant, certaines variantes du virus (VPH 16 et VPH18) sont très dangereuses, en particulier lorsque les virus parviennent à s’établir dans les cellules du col de l’utérus. Ces VPH produisent alors des protéines qui abolissent la fonction d’importants gènes suppresseurs de tumeurs (p53 et Rb) et favorisent ainsi la croissance incontrôlée de ces cellules pouvant mener à l’apparition d’un cancer. 

Heureusement, les vaccins contre les VPH qui ont été développés au début des années 2000 permettent de bloquer avec une grande efficacité l’infection par ces virus et représentent une avancée majeure dans notre combat contre cette maladie.

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Vaccins anticancéreux

Le développement du cancer du col de l’utérus est un processus lent, avec une latence de 5 à 20 ans (et même parfois plus) entre le moment de l’infection et l’apparition d’un cancer invasif. Puisque les premières campagnes de vaccination à grande échelle ont débuté dans plusieurs pays vers 2007, ce n’est donc que tout récemment qu’on a pu commencer à mesurer directement l’impact de ces vaccins sur l’incidence de cancer. 

Et quel impact remarquable: une étude portant sur 1 672 983 filles et femmes suédoises de 10 à 30 ans a montré que l’incidence de cancer du col de l’utérus diminuait drastiquement avec la vaccination, passant de 52 cas par 1 000 000 chez les femmes non vaccinées à 7 cas par 1 000 000 de femmes vaccinées(1)

L’effet protecteur du vaccin est particulièrement prononcé lorsque la vaccination est réalisée avant l’âge de 17 ans, avec une diminution de 90% de l’incidence de cancer. Étant donné que le cancer du col utérin est associé à un taux élevé de mortalité lorsqu’il atteint des stades avancés (stade 3 et 4), cette réduction spectaculaire de l’incidence devrait donc diminuer drastiquement les décès causés par cette maladie.

Mortalité en baisse

Ceci est confirmé par une étude récente qui a examiné la variation de la mortalité liée au cancer du col de l’utérus chez de jeunes femmes américaines avant et après l’introduction des vaccins contre les VPH(2). Ils ont observé qu’entre 1992-2000 (donc avant le début de la vaccination) et 2019-2021, le taux de mortalité liée à ce cancer a diminué de 85%. 

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Ceci est d’autant plus spectaculaire que la couverture vaccinale aux États-Unis est relativement faible (moins de 60% globalement) et donc bien inférieure à la cible proposée par l’OMS qui est de 90%, avec 2 doses ou plus de vaccins avant l’âge de 17 ans. 

Il n’y a donc pas de doute que ces vaccins permettent de réduire substantiellement l’incidence du cancer du col utérin et la mortalité qui lui est associée et qu’une couverture optimale des adolescents, idéalement avant le début des relations sexuelles, pourrait rapidement mener à une éradication complète de ce cancer.

Au Québec, environ 84% des adolescents ont reçu le vaccin contre le VPH, ce qui n’est pas optimal, mais permet néanmoins une bonne immunité de groupe. Néanmoins, on observe que certains groupes ont beaucoup de réticence à adopter ces vaccins, que ce soit pour des raisons culturelles, religieuses, ignorance des bénéfices réels ou encore de craintes relatives à leurs effets secondaires. Ces doutes ont été amplifiés par les faussetés totalement dépourvues de bases scientifiques qui sont véhiculées par les militants antivaccins depuis la pandémie de Covid-19. 

L’élimination d’un cancer mortel par la vaccination est une autre illustration de l’absurdité de cette position antiscientifique. La vaccination est une des percées scientifiques les plus importantes de l'histoire de l'humanité et nous continuerons de profiter de ses bienfaits, avec les vaccins basés sur l'ARN que la Covid nous a permis de développer, pour un grand ensemble de maladies, incluant le cancer.

(1) Lei J et coll. HPV vaccination and the risk of invasive cervical cancer. N. Engl. J. Med. 2020; 383: 1340-1348.
(2) Dorali P et coll. Cervical cancer mortality among US women younger than 25 Years, 1992-2021. JAMA, publié le 27 novembre 2024.

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