Valérie Blais explique pourquoi elle s’est retirée des projecteurs
Patrick Delisle-Crevier
Durant une période, on a beaucoup moins vu Valérie Blais. Une pause loin des projecteurs choisie par la comédienne, qui a ressenti le besoin de se faire oublier un peu et de prendre soin de sa maman, atteinte d’une maladie dégénérative. Aujourd’hui, elle renoue avec son métier alors qu’elle est de la distribution de la série L’aréna à Noovo et qu’elle sera l’une des belles-soeurs du très attendu film signé par René Richard Cyr.
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Valérie, parle-moi de ton personnage dans la série L’aréna?
Je suis tellement contente de ce rôle, et encore plus de jouer avec Benoît Brière! Nous étions de la même cohorte à l’École nationale de théâtre, et nos deux classes faisaient beaucoup de projets conjoints. Par la suite, on n’a jamais travaillé ensemble, sur 35 années de métier, et voilà que c’est enfin le cas. J’ai eu l’impression de retrouver ma vingtaine. Nous jouons tous les deux des employés de l’aréna; je suis à la cantine et lui il gère la place.
Que peut-on dire de ton personnage?
Patricia, c’est la reine de la poutine. Daniel, le personnage de Benoît, et elle vont assurément tomber en amour, du moins dans la durée. J’ai eu du fun à jouer dans cette série à sketchs, car je retrouve la comédie, ce qui m’avait manqué. C’était des conditions de travail extraordinaires; on avait du temps pour bien faire les choses et c’est un grand luxe. Faire de la comédie, c’est ce que j’aime le plus, je ne ferais que ça. Ça me rend heureuse.
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Tu t’es faite plutôt rare pendant un certain temps, pourquoi?
Je reprends tranquillement mon métier, car j’ai eu à ralentir. J’ai une maman âgée dont je me suis occupée et j’ai aussi pris une certaine distance avec mon métier parce que je trouvais que j’avais été beaucoup exposée. J’avais besoin de me faire oublier un peu. Je n’avais plus rien à dire sur moi après mon Premier one-woman show, que j’ai présenté à peu près 150 fois. À un certain moment, j’ai eu envie de prendre une pause, parce que je ne savais plus quoi dire à mon sujet en entrevue. J’ai joué dans la série Nuit blanche et ç’a été annulé. Après, je me suis fait oublier un peu.
Qu’as-tu fait durant cette période loin des projecteurs?
Je m’occupais de ma maman, qui est très malade. Elle est rendue à 17 années avec la maladie de Parkinson dans son corps. C’est une femme qui a encore toute sa tête, et pendant la pandémie, elle m’a dit que si elle restait dans son centre pour personnes âgées, elle allait mourir. Nous l’avons donc sortie de là pour l’installer dans un appartement à côté de chez nous, qu’on a aménagé pour elle. Nous nous sommes occupés de ma maman pendant deux ans, et c’était exigeant... Le parkinson étant une maladie dégénérative, il est arrivé un moment où nous ne pouvions plus pallier ses besoins, et elle est retournée dans un centre pour avoir des soins plus adaptés. Je suis fille unique, et c’est important pour moi de prendre soin de ma mère. Comme elle a toute sa tête, je m’organise pour qu’elle ne s’ennuie pas. Mais je ne cacherai pas que ç’a été difficile de la retourner dans un centre.
Tu as repris le métier avec un rôle dans Nos belles-soeurs. Parle-moi de ça...
C’est un beau rôle, je suis tellement privilégiée... C’est une grande chance de pouvoir jouer dans un tel projet, dans de si belles conditions et avec un directeur d’acteurs comme René Richard Cyr. Je joue Lisette de Courval, celle qui parle bien. Ce projet, c’est du jamais vu au Québec, on est dans les ligues majeures avec la musique de Daniel Bélanger, les danseurs de Révolution et les chorégraphies de Team White. On va voir les petites madames faire du hip-hop! Ce film-là, ce sera fou. Ç’a été magique de tourner avec cette gang de filles et dans cette belle bulle très restreinte. Ce fut un grand privilège, j’ai tout aimé. Cet été, je vais jouer au théâtre, dans une nouvelle production estivale qui a pour titre Peut contenir des traces d’égo, au Théâtre La Marjolaine, à Eastman, en Estrie. C’est donc une belle année...
Dis-moi, quand on prend une pause, est-ce qu’on a peur d’être oubliée?
C’est certain qu’il y a un risque et que cette peur-là est toujours dans un petit coin de ta tête. En même temps, je préfère ça à une course perpétuelle et effrénée qui, de toute façon, s’arrête et reprend. Ça fait plus de 30 ans que je fais ce métier. Il y a des moments où tu travailles beaucoup et d’autres, pas du tout. Ça va avec l’offre et la demande. De plus, je vieillis, et je pense que la télévision a de moins en moins de rôles pour les femmes de mon âge. Mon casting change, je change et j’aime mieux me faire oublier un peu pour revenir ensuite. Je trouve que ça soûle à la longue de voir toujours les mêmes personnes. On a chacun notre moment dans une carrière, et je dois accepter que le mien est peut-être passé.
Et ton moment à toi, dans ta carrière, ce serait quoi?
La série Tout sur moi m’a donné un grand essor, j’ai pu faire toutes sortes d’affaires après ça. On dirait que ça m’a nourrie et amenée à jouer de beaux rôles. La pandémie est venue un peu ralentir les choses, et je dois aussi dire que je choisis beaucoup plus mes projets, maintenant. Il y a une règle de trois dans le métier, qui est celle de se poser les questions: Est-ce que j’aime la gang? Est-ce que cela va me permettre de gagner ma vie? Est-ce que le projet me plaît? Il faut trois bonnes raisons pour faire un projet. C’est Jean-Louis Millette qui disait ça à l’époque, et il avait bien raison. Donc, maintenant, je me donne la liberté de choisir.
Comment va Fabien Dupuis, ton chum?
Il va bien, ça fait déjà 21 ans que nous sommes ensemble. On ne l’a pas vu depuis un petit bout lui non plus, mais il est beaucoup impliqué dans l’écriture de projets. Nous développons différentes choses ensemble et nous avons aussi un beau projet qui a déjà 12 ans... C’est notre fille, Romy. Elle est adorable, mais je ne pense pas qu’elle va suivre nos traces dans le métier, même que, dernièrement, elle nous a dit en faisant la grimace qu’elle ne comprenait pas pourquoi nous faisions ce métier-là. (rires) Son père lui a alors expliqué qu’être acteur, c’est avoir le plaisir de jouer plusieurs vies, et elle lui a répondu qu’elle n’avait pas besoin de ça parce qu’elle l’aimait, sa vie. Disons que ma fille n’est pas plate et qu’elle a de la personnalité! Mais je ne pense pas qu’elle finira actrice.
Est-ce que tu as été la maman que tu pensais être?
Non, mais je me rends compte que j’ai adoré quand ma fille avait entre trois et cinq ans. Je dois avouer que depuis qu’elle est adolescente, je suis un peu spectatrice. C’est beaucoup plus son père qui prend les rênes. Moi, je tente de ne pas être trop rushante pour que Romy et moi demeurions complices, mais je dirais que mon chum est meilleur que moi avec les ados. Ils ont une belle complicité père-fille. J’aurais aimé avoir plusieurs enfants et adopter, mais j’ai eu ma fille tard, et là, Fabien et moi sommes rendus trop vieux pour un tel projet.
Tu m’as déjà glissé à l’oreille que tu aimerais faire un deuxième spectacle One-woman show...
Oui, j’aimerais vraiment ça, ça fait partie de mes projets. Quand je jouerai au théâtre cet été, j’aimerais tester certains numéros dans le petit café de la place. Je pense que ce sera le bon endroit pour le faire. C’est Marie- Andrée Labbé qui avait signé les textes de mon premier spectacle, et j’aimerais écrire beaucoup plus pour le prochain...
L’aréna, mercredi 19 h 30, à Noovo. Peut contenir des traces d’égo sera à l’affiche du Théâtre La Marjolaine, à Eastman, dès le 14 juin. Infos au lamarjolaine.info. Nos belles-soeurs sortira en salle le 11 juillet.