«Une surprise pour tout le monde» chez le CH
Jonathan Bernier
Lorsqu’une personne demande de l’aide pour régler un problème de dépendance, les premiers surpris sont souvent ses collègues de travail. Même s’ils sont ceux que le malade côtoie le plus souvent. Le cas de Carey Price ne fait pas exception.
Dans l’entourage du Canadien, personne ne s’attendait à ce que le gardien s’inscrive au programme d’aide pour les joueurs de la LNH. Les signes avant-coureurs étaient, semble-t-il, inexistants.
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Ils s’attendaient donc encore moins à ce que leur coéquipier leur révèle, mardi après-midi, les raisons de son retrait de 30 jours.
«Ça a été une surprise pour tout le monde, a soutenu Dominique Ducharme. Même pour les joueurs, qui sont encore plus près de lui et qui le voient à l’extérieur de la patinoire et de l’aréna. Ce n’était pas un problème dans l’environnement de l’équipe.»
C’eut été à une autre époque, l’athlète de 34 ans aurait probablement souhaité que l’histoire demeure confidentielle de peur que sa réputation en prenne un coup et que sa carrière soit compromise.
D’ailleurs, Grant Fuhr avait été suspendu pour un an, à la fin des années 1980 pour avoir admis sa consommation de cocaïne (la substance dont Price a fait usage n’a pas été précisée).
«Au cours des dernières années, je me suis laissé sombrer dans un état de noirceur, dont il m’est devenu impossible de sortir sans aide. Le mois dernier, j’ai pris la décision d’intégrer un centre de traitement pour usage de substances», a-t-on pu lire dans la déclaration de Price.
Un exemple pour tous
Pour qu’il se livre avec autant de transparence, il faut que la société en ait fait du chemin. Un geste souligné à grands traits par Jake Allen.
«Nous sommes des joueurs de hockey, mais nous voulons d’abord être de meilleures personnes. Carey a accompli énormément de grandes choses sur la patinoire au fil de sa carrière, mais il faut souligner la bravoure du geste qu’il vient de poser, a martelé Allen. Bien des gens se sont tus dans le passé, mais Carey s’est levé et a posé un geste concret. Je crois que ça changera sa vie en mieux et que ça démontre que ça peut arriver à n’importe qui.»
«Nous verrons assurément une version améliorée de Carey, peu importe, le moment où il choisira d’effectuer son retour au jeu», a-t-il poursuivi.
Ducharme croit également qu’en agissant ainsi, Price laissera un héritage qui ira bien au-delà du sport et des performances sur la patinoire.
«Ç’a aura un impact dans le monde du hockey et pour le monde en général. Pour les jeunes, pour les plus vieux, pour les Premières Nations, pour tous ceux qui regardent Carey et qui voient l’influence qu’il peut avoir comme joueur de hockey et comme personnalité. Un gars comme lui qui démontre le courage nécessaire pour aller chercher de l’aide, pour devenir encore une meilleure personne, c’est un exemple positif », a-t-il louangé.
«Un jour à la fois»
L’anxiété de performance, savoir ses faits et gestes continuellement scrutés et épiés et avoir les réflecteurs constamment braqués sur soi ne sont que quelques-uns des facteurs qui peuvent mener à une situation comme celle que traverse Price.
Allen a déjà vécu un épisode similaire à l’époque où il portait les couleurs des Blues de St-Louis. En janvier 2017, les Blues, qui s’apprêtaient à partir pour un périple de trois rencontres avant la pause du match des étoiles, lui avaient conseillé de demeurer chez lui pour lui permettre de faire le vide.
«Je prenais les choses difficilement à mes premières saisons dans la LNH. J’ai connu des séquences où ça allait moins bien», a-t-il souligné.
Dans sa missive, Price a indiqué qu’il lui faudrait du temps pour rétablir sa santé mentale et qu’il abordera les journées une à la fois. Traduction libre: ne vous attendez pas à le revoir disputer un match de sitôt.
Surtout que, de la façon dont ça se déroule pour le Tricolore, les conditions sont loin d’être optimales pour un retour.
Néanmoins, il appert que la visite de Price dans le vestiaire, mardi après-midi, a fait grand bien à ses compagnons d’armes.
«On était heureux de le revoir. On ne lui avait pas parlé depuis un bout de temps. Il nous a expliqué où il en était, quel était son plan. Qu’il soit dans les alentours a été accueilli avec soulagement par les gars. Carey semblait heureux et serein», a témoigné Allen.
C’est déjà un pas dans la bonne direction.