«Une grande vedette humble»
Serge Savard n’a besoin que de trois mots pour parler de Guy Lafleur
Jessica Lapinski
Serge Savard connaissait Guy Lafleur depuis plus de 50 ans. Le Démon blond a été son coéquipier, puis l’un de ses joueurs quand le grand défenseur est devenu directeur général du Canadien.
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Malgré toute la richesse de leur relation, le « Sénateur » n’a besoin que de trois mots pour décrire son ancien compagnon : une « grande vedette humble ».
« Il n’y a pas un match dans sa carrière où Guy Lafleur n’a pas donné son 100 %. C’est un gars qui voulait toujours réussir. Pour lui, échouer n’était pas une option », a souligné Savard, samedi.
Quand Lafleur a fait son entrée dans le vestiaire du Canadien, en 1971-1972, Savard y possédait déjà son casier depuis quatre ans. « On avait une bonne équipe, mais on savait que quelqu’un de spécial arrivait, parce qu’il était considéré comme le meilleur joueur junior du monde », s’est-il remémoré.
Une « superstar » à Montréal
Une « superstar » arrivait à Montréal. Et aux yeux de Savard, le numéro 10 a mérité ce statut dès ses débuts avec le CH. Car le défenseur ne s’inscrit pas parmi ceux qui qualifient de plus difficiles les trois premières saisons de Lafleur dans la métropole.
« La vérité, c’est qu’il est arrivé avec un bon club. Habituellement, quand un joueur est repêché premier, il se retrouve avec l’équipe la plus poche de la ligue. Il joue alors sur le premier trio, sur le jeu de puissance. Lafleur aurait eu 50 buts facilement s’il avait joué à Oakland », a rectifié Savard.
Sa quatrième coupe
Et non seulement Lafleur n’a jamais perdu ce statut de super vedette aux yeux de son capitaine, mais il a établi sa légende de façon définitive un certain soir de mai 1979, quand il a nivelé la marque dans les dernières minutes du septième match contre les Bruins de Boston.
Yvon Lambert allait ensuite marquer le filet décisif en surtemps. Puis, le Canadien allait remporter une quatrième coupe Stanley de suite en battant les Rangers de New York.
« De beaux moments avec Guy, il y en a eu beaucoup, a soulevé Savard. Il a marqué tellement de buts importants. Mais avec ce but contre les Bruins, c’est en principe lui qui nous a donné cette quatrième coupe Stanley. »
Un jour, le rapport d’égal à égal entre les deux coéquipiers s’est transformé. Savard a été nommé directeur général du Canadien.
C’est lui qui guidait la destinée du CH quand Lafleur a annoncé sa première retraite, déçu de son utilisation.
Au micro de TVA Sports, vendredi, l’ex-hockeyeur avait parlé « d’une situation difficile ». « Comme directeur général, je ne pouvais pas demander à mon entraîneur-chef Jacques Lemaire de faire jouer Guy Lafleur sur le premier trio, sur le premier avantage numérique », a-t-il expliqué.
L’homme autant que le joueur
Mais même si le numéro 10 n’a pas connu la fin espérée avec le Canadien, les deux hommes se sont remémoré les bons moments de leur carrière jusqu’à la fin.
Savard faisait partie des anciens coéquipiers de Lafleur qui ont fêté avec lui ses 70 ans, en septembre dernier.
Un moment de bonheur qu’il chérit encore aujourd’hui.
Car Serge Savard le souligne : il a une aussi grande admiration pour Guy Lafleur, le hockeyeur, que pour Guy Lafleur, l’homme impliqué.
« Pour ce qu’il a fait pour le CHUM dans la dernière année de sa vie, il mérite autant de respect que pour ce qu’il a fait sur la glace. C’est un gars qui a fait une différence dans la vie des gens, autant sur la patinoire qu’en dehors. »