Football de la NCAA: une connexion toute canadienne à Penn State
Stéphane Cadorette
Le receveur de Saint-Jérôme Malick Meiga a inscrit son premier touché dans la NCAA samedi dans la victoire de Penn State au compte de 28-0 face à Rutgers. La passe est venue du quart-arrière franco-ontarien Christian Veilleux, qui sautait dans la mêlée pour une première fois.
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Avant le duel de la conférence Big Ten, un virus a foudroyé les Nittany Lions, si bien que 21 joueurs étaient affectés. Le quart-arrière partant Sean Clifford était du lot et après un début de match difficile, il a succombé à une blessure au premier quart qui a pavé la voie à Veilleux.
Le pivot de 19 ans a brillé avec 15 passes complétées en 24 tentatives pour des gains de 235 verges et trois passes de touchés.
Sa troisième passe de touché est survenue quand il a repéré Meiga fin seul. Ce dernier a couru jusque dans la zone des buts pour un gain de 67 verges. Il n’en fallait pas plus pour que des journalistes américains donnent à ce duo le surnom «Air Canada».
«C’était un moment grandiose et un super match. Christian est embarqué dans le match et a fait le travail. J’ai eu mon opportunité de briller. C’est bon de le voir connaître du succès. On a travaillé ensemble depuis au moins deux ans au Canada pour vivre des jours comme celui-là», s’est réjoui Meiga, mardi, lors d’une visioconférence.
Pour sa part, Veilleux n’a pu livrer ses commentaires, en conformité avec la politique du programme qui stipule que les joueurs de première année n’accordent pas d’entrevues.
Une bonne relation
Pour Meiga, il s’agissait d’une troisième réception, lui qui commence à voir du terrain à sa deuxième saison. Le fait que le ballon soit venu de Veilleux pour son premier touché sur la scène universitaire a rendu le moment encore plus mémorable.
«C’est incroyable, c’était le meilleur feeling de ma vie», a lancé l’ancien du Cégep du Vieux-Montréal. J’avais un «crossing route» et quand Christian m’a lancé le ballon, j’ai vu qu’il n’y avait personne autour de moi et je suis allé marquer. Ça fait du bien de commencer l’aventure avec Christian.
«Depuis qu’il s’est engagé à venir à Penn State, c’est un rêve que l’on partageait de jouer ensemble et de faire le boulot. On espère que plusieurs moments comme celui-là surviendront dans le futur. En venant du Canada, les opportunités sont souvent plus difficiles à obtenir. On n’a pas tous ces gens qui viennent à nos matchs et qui nous remarquent», a mentionné l’ailier espacé.
Un bel avenir
Récemment, Veilleux avait ravi le poste de quart-arrière numéro deux à Ta’Quan Roberson, à l’entraînement.
Les quarts-arrières canadiens sont une denrée rare dans la NCAA, plus spécifiquement au sein d’un programme du «Power 5». Dans ce regroupement des cinq plus importantes conférences, les derniers qui avaient vu du terrain étaient Matt Hale, avec Syracuse en 2005 (deux passes seulement) et Jesse Palmer avec l’Université de la Floride, en 2000.
Le natif de la région d’Ottawa a donc obtenu de précieuses répétitions et il pourrait potentiellement jouer un rôle prépondérant en 2022 si Sean Clifford choisit de ne pas se prévaloir de son année d’amissibilité additionnelle (en raison de la COVID).
«Christian est très relaxe. C’est un gars hyper travaillant, mais très cool. On n’a vu que la pointe de ce qu’il peut faire sur le terrain», a souligné Meiga.
De bons mentors chez les Nittany Lions
Malick Meiga se sent comme un poisson dans l’eau dans l’environnement des Nittany Lions de Penn State, où il bénéficie du riche bagage de coéquipiers pour façonner son parcours.
Il n’y a qu’à penser au receveur Jahan Dotson, qui sera l’un des joueurs les plus en vue à sa position au prochain repêchage de la NFL. Il revendique 83 réceptions pour 1045 verges et 10 touchés cette saison
«Ça aide vraiment beaucoup. Après les pratiques, on reste ensemble et on fait du temps supplémentaire. J’apprends beaucoup de lui et des autres receveurs du groupe, comme Parker Washington (53 réceptions, 662 verges, 3 touchés)», a-t-il dit.
Meiga cite aussi deux joueurs canadiens en défensive. Le maraudeur et capitaine défensif Jesse Sutherland, d’Ottawa, a réussi sa première interception dans la victoire à saveur canadienne face à Rutgers.
Le maraudeur Jesse Luketa, aussi d’Ottawa, a quant à lui aider Meiga à s’acclimater puisqu’il parle aussi français.
«Mon anglais n’était pas très bon en arrivant et c’était rassurant de pouvoir compter sur un joueur comme lui.
«L’année dernière, c’était surtout une saison pour grandir. Je me suis habitué aux différences entre le football canadien et américain. Depuis, je me sens plus à l’aise. Je m’entraîne à chaque jour comme si c’était un match et ça paraît dans mon jeu», a fait valoir le receveur de 6 pi 4 po et 200 lb.
Du soccer au football
Pour Meiga, le football est encore relativement nouveau. C’est au soccer qu’il a consacré ses premières amours dans le monde du sport.
«Je ratais des entraînements de football pour prioriser le soccer. C’est dire à quel point j’étais d’abord un adepte du soccer. Je n’étais pas très bon au football au départ, donc j’ai dû bûcher fort et cette attitude m’a donné une belle éthique de travail. Je me suis mis à réussir de gros jeux et à avoir plus de plaisir», a-t-il raconté.
Maintenant qu’il a goûté à la zone des buts dans l’un des programmes de football universitaires majeurs aux États-Unis, Meiga se sent plus que jamais à sa place.
«Je ne dirais pas que c’est surprenant ce qui m’arrive parce qu’on travaille très fort pour ça à l’entraînement et le travail rapporte toujours.»