Un phénomène très rare chez l'Avalanche
Jonathan Bernier
La charge de travail des gardiens n’est plus ce qu’elle était. Au cours des sept dernières campagnes, un seul d’entre eux a vu de l’action dans plus de 70 matchs réguliers : Cam Talbot, avec les Oilers d’Edmonton, en 2016-2017.
L’objectif derrière cette tendance à partager le travail entre deux hommes masqués fiables consiste à ménager les énergies du gardien de confiance pour qu’il puisse porter l’équipe sur ses épaules durant tout le parcours éliminatoire.
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Car sur ce point, les habitudes sont restées les mêmes. À moins d’une catastrophe, le gardien numéro un passe deux mois devant le filet. Dans l’histoire de la LNH, elles sont rares les équipes qui ont gagné la coupe Stanley en utilisant deux portiers.
En fait, selon une recherche du collègue Stephen Whyno, de l’Associated Press, elles ne sont que trois à avoir eu recours à deux gardiens pour au moins cinq victoires : le Canadien de 1969, les Bruins de Boston de 1972 et les Penguins de Pittsburgh de 2017.
L’Avalanche pourrait rejoindre cette liste restreinte en remportant le précieux trophée. En raison des blessures subies par Darcy Kuemper au cours des dernières semaines, Pavel Francouz et lui ont contribué de façon pratiquement équivalente. Avant le quatrième match de la finale, mercredi soir, Kuemper avait signé huit victoires contre six pour le Tchèque.
Record de concession
D’ailleurs, ce qui est fascinant, c’est que Francouz a égalé une marque de concession en remportant ses six matchs éliminatoires de façon consécutive. Un record qu’il partage avec Philipp Grubauer et... Mario Gosselin. Ce dernier avait établi la marque lors du printemps de 1987 avec les Nordiques.
En temps normal, il arrive souvent que les joueurs soient plus à l’aise avec un gardien plutôt qu’un autre. Il semble que ce ne soit pas le cas au Colorado.
«Vous l’avez vu depuis le début des séries. Les deux gars ont eu à sauter dans la mêlée à un moment ou un autre et ils ont fait le travail. Peu importe qui se trouve devant le filet, on est en confiance», a soutenu le défenseur Jack Johnson.
Cette confiance, c’est au cours de la saison qu’elle s’est bâtie. Spécifiquement acquis des Coyotes de l’Arizona en juillet dernier pour aider l’Avalanche à atteindre la terre promise, Kuemper a remporté 37 des 57 matchs auxquels il a pris part.
«Chaque fois qu’on a eu besoin qu’il élève son jeu, il l’a fait», a vanté l’entraîneur-chef Jared Bednar.
À chacun son travail
Moins occupé, Francouz a tout de même enregistré 15 victoires en 21 parties.
«Nos deux gardiens ont fait de l’excellent travail tout au long de la saison, a mentionné l’attaquant J.T. Compher. Ce fut à l’image du reste de notre formation. Des joueurs sont venus en renfort, certains en ont remplacé d’autres. Tout le monde a su faire son boulot quand c’était le temps.»
L’histoire de Francouz est particulière. Jamais repêché, le gardien de 32 ans a disputé cinq campagnes en Tchéquie et trois autres dans la KHL avant de traverser l’océan Atlantique et de se joindre à l’organisation de l’Avalanche.
«Quand j’étais dans la KHL, j’ai commencé à croire que je pourrais atteindre la LNH un jour. Mais jamais, pendant mes années en République tchèque, ça ne m’a effleuré l’esprit.»
«À ma première année en Russie. Je n’avais pas connu une bonne saison et j’avais été souvent blessé. Ça m’a fait comprendre que la vie est parsemée de hauts et de bas. Lorsque tu es au plus bas, tu dois t’encourager en te disant que le beau temps revient toujours après la pluie.»
Il y a fort à parier qu’avec son équipe si près de la coupe Stanley, le soleil n’a jamais été aussi brillant.