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L'article provient de TVA Sports
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Un jeune hockeyeur victime de racisme en Outaouais

Le jeune hockeyeur David Godwin et sa mère Vicky Deselliers ont voulu dénoncer l’inaction face au racisme en Outaouais.
Le jeune hockeyeur David Godwin et sa mère Vicky Deselliers ont voulu dénoncer l’inaction face au racisme en Outaouais. Photo courtoisie
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Photo portrait de Kevin Dubé

Kevin Dubé

2022-03-30T19:32:29Z
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Un jeune hockeyeur M15 BB de la région de l’Outaouais dit avoir été victime de propos racistes à plusieurs occasions au cours de la dernière saison et, malgré de nombreuses plaintes, aucune sanction n’a été décernée aux fautifs, déplore la mère du jeune David Godwin, Vicky Deselliers. 

Le premier incident est survenu au début de la saison. Lors d’un match de sa formation, les Voiliers d’Aylmer, le jeune David, 14 ans, a été traîté du «mot en N». Étant pour la première fois confronté à ce genre d’insulte, le jeune hockeyeur et sa mère ont décidé de laisser passer. 

Toutefois, un incident semblable s’est reproduit le 23 novembre dernier, contre la même équipe. Lors de la traditionnelle poignée de main au terme d’un match, un jeune de l’équipe adverse a de nouveau traité David du même «mot en N», en plus de «chacal».  

«Dans l’auto après le match, il tremblait», se souvient la mère. Avec l’aide de l’entraineur de l’équipe, Sean Hunter, une plainte officielle est déposée à l’association de Hockey d’Aylmer. 

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Dans le courriel envoyé à l’Association, on y explique la situation en plus d’ajouter le témoignage d’un coéquipier de David qui se trouvait près de lui lors de la poignée et de main et qui a entendu les propos racistes dirigés à son endroit. 

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«On nous a alors répondu qu’ils ne pouvaient rien faire puisque personne n’a entendu, explique la mère. Pourtant, un jeune l’a entendu mais il semble que ça doit venir de l’arbitre. En même temps, les jeunes ne sont pas stupides. Ils n’iront pas traiter un autre joueur de n** devant un arbitre», fustige Mme Deselliers. 

La goutte de trop

Rien n’est alors fait. Le 8 mars, les Voiliers affrontent de nouveau l’équipe contre laquelle les deux premiers incidents sont survenus. 

Durant le match, le joueur qui avait tenu les propos racistes le 23 novembre, lance alors à David Godwin : «patine criss de n***». 

Le jeune homme en a alors assez. Il se dirige vers le joueur en question et lui sert une mise en échec dangereuse et illégale. 

David est alors éjecté de la rencontre.  

Après le match, le gérant de l’équipe adverse se dirige vers le vestiaire des Voiliers. Il veut les mettre en garde : le père du joueur frappé illégalement par David Godwin attend à l’extérieur de l’aréna.  

«Il avait été expulsé parce qu’il s’était chicané avec l’entraineur de l’équipe de son fils. Le gérant est venu nous voir pour nous dire d’attendre avant de sortir parce qu’il avait peur que le père fasse quelque chose de dangereux.» 

Inquiet, l’entraineur des Voiliers décide donc de faire sortir tous les joueurs de son équipe par la porte arrière de l’aréna, question d’éviter les débordements. 

«Je peux te dire que ce n’est pas plaisant de devoir sortir ton fils par la porte arrière de l’aréna parce qu’un père veut le battre.» 

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Autre plainte vaine

Mme Deselliers et l’entraineur Hunter préparent donc une autre plainte à l’Association de hockey d’Aylmer. 

«Des actions plus substancielles sont requises. J’aimerais que ce dossier soit réglé par Hockey Outaouais et Hockey Québec. C’est la troisième fois que ça arrive. Il y a une culture de comportement inapproprié dans notre ligue vis-à-vis les minorités et les gens dont le nom de famille donne un indice sur leurs origines. La situation est en train de prendre de l’ampleur et ça devient sérieux quand des adultes attendent à l’extérieur de l’aréna pour s’en prendre à des jeunes», peut-on lire dans le courriel envoyé à l’Association et dont Le Journal a obtenu copie. 

Encore une fois, rien. Joint par Le Journal, le vice-président de Hockey Aylmer, Grégoire Meguerditchian a expliqué que ce genre de plainte est automatiquement envoyée à Hockey Outaouais et son président Pierre Montreuil. 

Le Journal a tenté à plusieurs reprises de s’entretenir avec lui mercredi mais au moment de publier, il n'avait toujours pas retourné nos appels. 

La veille, à Radio-Canada, il avait mentionné : «on comprend que [le jeu] est intense, mais il faut comprendre que ce sont des jeunes. Certaines fois, ça n’a pas de lien direct avec le racisme, c’est juste de provoquer. Mais même si c’est juste de la provocation, ce n’est pas acceptable. Il y a des représailles en tout temps pour ce genre d'attitude.» 

Pourtant, aucune sanction n’avait été posée à la suite des incidents du 8 mars, sauf envers David Godwin pour sa mise en échec illégale. 

Comme si ce n’était pas déjà assez, le 23 mars, les deux équipes se sont à nouveau affrontées. Lors de ce match, aucun propos raciste n’a été envoyé à l’endroit de David mais le père du jeune frappé vicieusement le 8 mars a de nouveau fait de siennes. Lors d’une pénalité à Godwin, il s’est dirigé vers le banc des punitions pour invectiver le jeune de 14 ans. 

Échaudée, Mme Deselliers a donc décidé de se diriger vers les médias pour raconter son histoire. Samedi, pour la première fois depuis le début de la saison, des responsables de la ligue ont assisté au match entre les Voiliers d’Aylmer et l’équipe contre qui la majorité des incidents se sont produits. Le jeune ayant fait les commentaires n’y était pas, son père non plus. 

«Ç'a été un spectacle. Un arbitre a même dit avoir entendu un propos discriminatoire durant le match mais il n’y a eu qu’une note d’inscrite sur la feuille de match, même pas de punition. Personne ne veut perdre la face.» 

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