Un début de mai comme Guy les aimait
C’est durant le mois de Marie que «Flower» et le CH étaient à leur meilleur


Marc de Foy
Le mois de mai a fait hier une entrée en scène comme Guy Lafleur savait le faire. Lumineux, spectaculaire et revigorant pour nos yeux et nos âmes.
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Mai était probablement le mois préféré de la saison de hockey pour Guy durant ses années de gloire avec le Canadien.
De concert avec ses compagnons d’armes, il veillait à ce que le mois se termine par un défilé de la Coupe Stanley.
Les gens se cordaient par centaines de milliers dans les rues de Montréal pour voir leurs héros de près et leur dire combien ils les aimaient.
Les joueurs étaient chaleureux et festifs. Une bonne bière froide de temps à autre pendant le parcours les aidait à faire descendre la température.
Le gros but
Mais le 10 mai 1979, il s’en est fallu de peu pour que la série de conquêtes consécutives du Canadien s’arrête à trois.
Avec quatre minutes à faire, Rick Middleton a donné les devants 4 à 3 aux méchants Bruins lors du septième match de la demi-finale disputée au Forum.
Ça sentait le roussi !
Avec deux minutes et 34 secondes à jouer, les Bruins ont écopé de cette fameuse pénalité pour avoir eu trop de joueurs sur la glace.
Une minute 20 secondes plus tard, Guy recevait la rondelle de Jacques Lemaire à son entrée dans le territoire des Bruins pour déjouer Gilles Gilbert par un tir frappé typique de sa part.
La rondelle avait des yeux.
Au dernier instant, le disque a bifurqué légèrement devant la jambière de Gilbert pour aller se loger tout juste à l’intérieur du poteau.
Sans ce but, Yves Lambert n’aurait pu voler la vedette à Guy en cette soirée mémorable.
Ambiance respectueuse
C’est avec ce souvenir en tête et quantité d’autres que des milliers de personnes sont allés rendre hommage à Guy, hier au Centre Bell. Ils seront encore nombreux aujourd’hui et demain aux funérailles.
L’ambiance était respectueuse à l’extérieur de l’édifice. Les amateurs parlaient à voix basse et étaient contents de dire ce que Guy représentait pour eux.
Les moins jeunes, ceux qui ont été témoins des exploits de Lafleur, portaient des chandails du Canadien décorés du numéro 10 et du nom de leur idole.
Quelques-uns endossaient le maillot de Maurice Richard, la première personne de la Saint-Trinité du Canadien suivie de Jean Béliveau et de Lafleur.
Signe des temps, les plus jeunes se promenaient avec des chandails de Carey Price et de Cole Caufield.

Quand on était tous gagnants
Mais tout le monde était là pour Guy, celui qui faisait de nous des gagnants, comme l’a dit François Legault.
Le Canadien était notre fierté, parce que Lafleur, comme les autres grands joueurs québécois qui sont passés avant lui, venait nous chercher au plus profond de nos tripes.
Ils nous faisaient connaître à la face du Canada anglais et de l’Amérique du Nord.
Égal à lui-même jusqu’à la fin
Guy n’était pas un héros parfait comme l’était son maître à penser Jean Béliveau.
Il tenait plus du Rocket. Il livrait le fond de sa pensée, peu importe comment ça pouvait sortir de sa bouche. Il aura été entier jusqu’à la fin.
Son épouse Lise m’a raconté comment ça s’est passé lorsque Guy m’a appelé pour rendre hommage à Mike Bossy, le jour du décès de celui-ci.
« Il lui arrivait d’être confus dans les derniers temps. Mais il avait toutes ses facultés quand il s’est réveillé cette fois-là, m’a-t-elle dit près du cercueil de Guy. « Il tenait à rendre hommage à Mike. »
La dame semblait sereine malgré la grosse perte qu’elle subit.
Sa sœur, son fils Martin et sa conjointe Angela étaient à ses côtés.
Guy vivra à jamais dans leur cœur et dans le nôtre.

