Menaces, couteaux et agressions verbales: la violence dans les écoles a pris des proportions inédites
Des rapports lèvent le voile sur des gestes troublants commis en classe
Maude Boutet et Nicolas Brasseur
La violence dans les écoles a pris des proportions inédites, particulièrement depuis la pandémie. Enseignants agressés, menaces entre élèves et propos violents sont monnaie courante. Notre Bureau d’enquête a obtenu les rapports d’événements remplis par le personnel du Centre de services scolaire des Phares, à Rimouski, et du Centre de services scolaire Harricana, en Abitibi-Témiscamingue, depuis 2018. Nous vous en présentons quelques-uns, qui permettent de jeter un regard sur la violence présente dans les écoles.
• À lire aussi: Des dizaines d’armes saisies chaque année dans les écoles du Québec, dont des armes de poing
• À lire aussi: Un professeur se fait justice pour un chandail vulgaire à son endroit
• À lire aussi: «Du personnel se fait frapper à répétition»: plus d’élèves violents depuis la pandémie
• À lire aussi: Battue par des élèves à deux reprises, une technicienne en service de garde quitte sa carrière
Un enseignant menacé aux ciseaux

Une éducatrice spécialisée d’une école primaire a demandé à un élève de ranger son étui à lunettes dans son sac d’école à plusieurs reprises. Celui-ci a refusé de coopérer et a menacé l’éducatrice avec une paire de ciseaux. L’élève a tenu l’objet dans ses mains une dizaine de minutes. Une personne-ressource a dû intervenir en renfort.
Menaces au couteau

Pendant que des élèves d’une école secondaire attendaient à l’arrêt d’autobus, un garçon a volé la boîte à lunch, les mitaines et le cellulaire d’un adolescent. Toutefois, ce dernier a réussi à récupérer ses effets. Contrarié, l’élève a menacé de poignarder celui qu’il avait voulu voler avec un couteau qu’il avait dans son sac. Il a été suspendu six jours.
Vengeance au parc

« On va t’attendre au parc » : c’est ce que deux garçons de 5e et 6e année du primaire ont dit à un autre jeune, en ajoutant qu’ils avaient en leur possession un « vrai fusil » et un fusil à air comprimé. Ce jeune a été menacé après avoir dit à d’autres élèves qu’il n’aimait pas se faire prendre en photo dans l’autobus. Rencontrés par l’école, les parents d’un des deux garçons ont affirmé que leur enfant leur avait même demandé quelle était l’arme la plus efficace.
Un signalement à la DPJ a été fait, et l’aide du CLSC a été demandée. Les élèves ont été suspendus deux jours.
Une liste d’élèves à tuer

Des élèves ont rapporté à leur enseignante qu’une adolescente avait en sa possession une liste d’élèves qu’elle désirait tuer, ainsi que la façon de s’y prendre pour chacun. La Sûreté du Québec a été contactée pour faire enquête. Les parents des présumées cibles de l’adolescente ont tous été contactés et rencontrés par le corps policier. Selon le rapport datant de 2019, la présumée auteure de la liste a été mise en état d’arrestation.
Agressions au faux pistolet

Deux élèves d’une école secondaire se sont procuré des fusils à pétard pour effrayer un autre adolescent. Vers 16 h, alors que la victime marchait vers la maison, les deux élèves l’ont suivi. Un des garçons a tiré deux coups avec le pistolet en direction de la victime qui a pris la fuite. Une journée de suspension a été imposée aux deux élèves.
Agression planifiée

Dans un groupe privé sur Facebook, des élèves ont tenu des propos haineux et violents à l’endroit d’un garçon. Ils se sont même organisés pour lui « péter la gueule » à une date précise. Le policier jeunesse de l’école a été mis à contribution. Il a encouragé l’élève visé et son père à porter plainte à la Sûreté du Québec, ce qu’ils ont fait. Trois arrestations ont eu lieu, des interdits de contact ont aussi été remis et l’élève visé par les menaces a reçu du soutien.
Une classe apeurée par un élève

En colère de devoir quitter la classe à la suite d’un refus de participer à la période de lecture, un garçon d’une école primaire a frappé sur son bureau à plusieurs reprises. En quittant, il a donné un coup de coude dans le ventre de l’enseignante et lui a dit : « va donc chier toi, tabarnak ». Par peur que l’enfant ne revienne, les élèves demandent que la porte soit verrouillée.
Menaces de mort

Trois filles d’une classe de sixième année ont reçu des menaces de mort de la part d’une élève. L’élève problématique a dessiné dans un carnet un « bonhomme allumette » portant le nom d’une autre jeune, avec des fusils pointés en sa direction.
Dans le cahier d’une autre élève, elle a écrit « j’ai envie de te tuer, meurs vite si tu veux pas que je m’occupe de toi jeudi ». Les parents d’une des trois élèves visées ont décidé de porter plainte. Un dossier a été ouvert à la Sûreté du Québec.
Le transfert de l’auteure présumée des menaces dans une autre école a été envisagé.
Commotion cérébrale
À l’heure du dîner, un élève a pris la tête d’un autre et l’a frappée contre le mur.
Comme l’élève « avait la tête qui tournait et les yeux qui fermaient », ses parents l’ont amené à l’hôpital pour traiter une commotion cérébrale. L’agresseur s’est amusé de la situation, « rit de l’événement, banalise son geste ».
Il a été suspendu, mais le rapport d’événement ne précise pas pour quelle durée.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse jdm-scoop@quebecormedia.com ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.