Travailleurs de la santé: tannés de faire du temps supplémentaire forcé
Le personnel soignant d’une douzaine d’établissements lève le ton ce week-end
Laurent Lavoie
Des centaines de travailleurs de la santé à travers le Québec pourront refuser cette fin de semaine de faire du temps supplémentaire obligatoire dans l’espoir de mettre fin à cette pratique.
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« On ne veut plus que ce soit le mode gérance qui est fait malheureusement sur le dos des professionnels en soin, a résumé Julie Daignault, présidente du Syndicat des professionnels en soin dans les Laurentides à la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ). Ça ne devrait être utilisé qu’en cas de très extrême urgence. »
Les syndicats d’une douzaine d’établissements de santé dans la province participent à cette offensive qui se conclut dimanche.
Les installations des secteurs de la Capitale-Nationale, de l’Outaouais, du Bas-Saint-Saint-Laurent et d’un secteur de Montréal sont notamment concernées.
Craintif de cette stratégie, le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, a porté plainte au Tribunal administratif du travail.
« Malgré tout l’appui qu’on va leur donner, c’est sûr que nous, on n’acceptera pas que des patients soient abandonnés, souligne-t-il. J’ai été traumatisé lors de la première vague [de COVID-19] lorsqu’on a abandonné des patients. Je ne veux pas que ça se reproduise », ajoute M. Brunet.
En douceur
Or, selon les syndicats consultés par Le Journal, le début de cette fin de semaine sans temps supplémentaire obligatoire (TSO) dans la nuit de vendredi à samedi n’aurait pas affecté les services.
« L’employeur a pris ça au sérieux parce que la pression est énorme, indique Laurier Ouellet, président du Syndicat des professionnels en soin au CISSS de Chaudière-Appalaches. La coopération présentement, elle est là. »
En 16 heures, au moins six travailleurs avaient tout de même dû faire du TSO dans Chaudière-Appalaches en raison de l’absence d’employés ou un fort volume de patients, notamment dans une unité mère-enfants. Cela est jusqu’à 10 fois moins qu’en temps normal.
« Nos équipes de gestionnaires sont à travailler fort en ce moment, pour combler ces quarts », a fait savoir le CISSS.
Au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, l’employeur collaborerait également, mais a les mains liées, déplore Françoise Ramel, qui est à la tête du syndicat local de la FIQ. « Il est aussi démuni que nous », a-t-elle avancé, estimant qu’aucun lit supplémentaire n’avait été fermé.
Travail forcé
En plus de cette initiative, la FIQ a envoyé une mise en demeure à Québec vendredi pour éliminer le TSO, qui a été utilisé de façon « abusive ». « On veut vraiment que [le gouvernement] comprenne que le travail forcé, ça détruit tout le monde », a insisté Mme Ramel.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a affirmé qu’il voulait éliminer le TSO. Et pendant ce temps, plusieurs établissements de santé tentent également de ramener d’anciens employés dans le réseau, afin de contrer la pénurie de main-d’œuvre.
Pas de TSO en fin de semaine
- CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
- CISSS des Laurentides
- CISSS de Lanaudière
- CISSS de l’Outaouais
- CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue
- CISSS de la Montérégie-Centre
- CISSS de la Montérégie-Est
- CIUSSS de la Mauricie-et-Centre-du-Québec
- CISSS du Bas-Saint-Laurent
- CISSS de Chaudière-Appalaches
- CIUSSS de la Capitale-Nationale
- Centre hospitalier universitaire de Québec – Université Laval