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Culture

Sophie Prégent aide son père a déménager en résidence

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Michèle Lemieux

2024-04-02T10:00:00Z
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Aider les gens semble faire partie de sa nature profonde. Mère d’un adulte neuro-atypique, Sophie Prégent continue d’oeuvrer à mieux faire connaître et accepter la différence. Que ce soit à la présidence de l’Union des artistes, qu’elle a quittée l’an dernier, ou à travers ses engagements, l’actrice a toujours eu à coeur de contribuer au bienêtre des autres. Actuellement, elle relève un autre défi en aidant son père à s’installer en résidence, une étape qui fait partie du cycle de la vie. Et parce qu’elle a la cause de l’autisme tatouée sur le coeur, elle a préparé un livre, Manger, c’est bon!, dont tous les profits seront versés à la Fondation Autiste & majeur, qu’elle a mise sur pied avec son conjoint, Charles Lafortune.

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Sophie, votre horaire semble chargé. On vous voit, entre autres, dans Alertes depuis février 2021, dans le rôle Stéphanie Duquette...

Oui. La quatrième saison se termine le 1er avril. C’est un beau succès. Cette année, il y a eu beaucoup de rebondissements et des développements inattendus. Comme ce sont de nouveaux auteurs qui écrivent les textes, ça a permis de brasser à nouveau les cartes. Mon personnage a été blessé par balle lors d’une intervention, ce qui affecte toute l’escouade. Si elle émerge du coma, rien n’est gagné...

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Parlez-nous de votre nouveau documentaire...

Dans nos autres documentaires, nous avons beaucoup parlé des autistes qui arrivaient à l’âge adulte. Dans Autiste, le commencement, nous avons décidé d’aller à la rencontre de familles qui n’ont pas encore reçu de diagnostic d’autisme. On y verra donc des familles qui en reçoivent un, ce qui nous permettra de mieux comprendre ce que cela implique. Je l’ai moi-même vécu. Mathis a 22 ans. Je ne suis plus dans cette folie qui s’empare de nous à partir du moment où on apprend la nouvelle. Au début, c’est comme une course, on ressent une urgence d’agir. Les premières années ne sont pas reposantes. Mais maintenant qu’il a 22 ans, il y a d’autres défis... Il y a toujours des défis! Nous n’arrêterons jamais d’en avoir. Même si Mathis est autiste, il est adulte. Quand il était jeune, il était toujours dans l’eau. Maintenant, il ne veut plus aller à la mer ni se baigner dans une piscine. Nos goûts changent en vieillissant; c’est la même chose pour les autistes.

Ça prend des parents qui ont une grande adaptabilité...

En effet. Ce n’est pas Mathis qui nous suit, c’est nous qui suivons Mathis. C’est la meilleure façon de faire et ça évite des tensions.

Ferez-vous partie de la série documentaire?

Oui, et Mathis aussi. Il sera question de la nouvelle école du Centre À pas de géant qui est dédiée aux autistes. Elle a ouvert ses portes en septembre dernier. La Fondation Autiste & majeur a été très présente pour le pilier des autistes adultes (le Centre À pas de géant comprend quatre piliers: une école spécialisée pour élèves de 4 à 21 ans, un Centre d’éducation des adultes et d’emploi, pour les adultes de 21 ans et plus, la sensibilisation communautaire et la formation). Par ailleurs, j’ai fait un livre de recettes pour la Fondation, et on m’a suivie à travers ce projet dans le documentaire.

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Le titre est Manger, c’est bon!. À quoi fait-il référence?

C’est Mathis qui l’a suggéré. C’est la phrase qu’il me dit le plus souvent dans la vie. Il la dit quand il arrive à la maison après l’école pour demander son dessert. Je trouvais que ce titre s’imposait. Il y a des titres plus cutes, mais sûrement pas plus révélateurs que celui-là. L’autre chose qu’il dit le plus souvent, c’est «Délicieux!».

Mathis fait 6 pi et 4 po. Il doit être une bonne fourchette!

Oui. Et la vie pour lui tourne beaucoup autour des plats, de la nourriture. Les repas ponctuent son quotidien. Le matin, après la douche, il déjeune. Après l’école, il sait qu’il va manger. Tout est organisé en fonction des repas et des collations dans sa vie. Le soir, il me regarde faire son lunch. Il aime savoir ce qu’il va manger le lendemain. Je répète actuellement pour la série Ravages, produite par Pixcom. Je travaille tard le soir et, lorsque j’ai fini, je prépare le lunch de Mathis. Je dois aussi planifier les collations du lendemain. La gestion du garde-manger, c’est moi. Et c’est sans compter la gestion des médicaments. C’est comme s’il avait huit ans. Quand ils sont rendus à 22 ans, les jeunes ne nous demandent pas de faire leur lunch...

Qu’allons-nous retrouver dans votre livre?

L’objectif, c’est d’amasser des fonds pour la Fondation et de la faire connaître. Je ne touche pas un sou dans ce projet. Charles m’a toujours encouragée à faire un livre de recettes, car j’ai toujours cuisiné. Je ne voyais pas l’intérêt de le faire pour moi, mais pour la Fondation, j’en avais envie. Après avoir quitté la présidence de l’UDA, je m’y suis mise rapidement. On y trouvera mes recettes, celles de mon père, de ma mère, de mes amies et de Louis-François Marcotte, Ricardo, Janette Bertrand, Mario Dumont, Isabelle Huot et de la Dre Dominique Cousineau, qui est sur le CA de la Fondation; c’est elle qui a diagnostiqué Mathis à deux ans et neuf mois. C’est mon univers culinaire à travers l’autisme. Il y a aussi beaucoup d’informations sur l’alimentation des autistes, mais ce n’est pas un livre pour les autistes. Ce sont des recettes simples, qui demandent parfois juste quelques ingrédients. Sainte-Justine nous a fourni beaucoup d’informations sur l’introduction de nouveaux aliments chez les autistes. C’est pour le grand public et c’est ludique. Par exemple, la Dre Cousineau nous explique que les hormones du bonheur partent d’abord de l’estomac pour se rendre au cerveau. Cette information n’est pas utile qu’aux autistes! Alors ce livre, c’est un univers qui est riche. C’est beau, simple, convivial et pour tout le monde.

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Sur le plan alimentaire, avez-vous reçu un bel héritage de vos parents?

Oui. Chez nous, tout le monde cuisine. Mon père cuisine moins, car il est plus âgé, mais il l’a toujours fait. Il avait suivi des cours chez les Marmitons. Ma mère cuisinait, tricotait, crochetait. Elle savait tout faire! Elle a crocheté des couvre-lits au complet avec un petit crochet... Tout ça, comme quand on cuisine, c’est donner de soi aux autres.

Votre amoureux, Charles Lafortune, est toujours plein d’admiration pour ce que vous êtes et ce que vous faites. Est-ce que le fait de l’avoir vu évoluer comme producteur à succès force aussi votre admiration?

Oui. Il est admirable! Il travaille très fort. Il a su saisir la balle au bond et remplir le mandat avec beaucoup de talent. Ces 10 dernières années, on a été tellement occupés... Je n’avais pas les yeux rivés sur les succès de mon chum. Comme maintenant je ne suis plus à l’UDA, je le regarde aller et je n’en reviens pas! Il a pris du galon en 10 ans. Je suis très fière de ce qu’il a accompli jusqu’à maintenant.

Depuis votre départ de la présidence de l’UDA, vous avez récupéré du temps pour vous...

Oui. Je n’ai pas eu beaucoup de temps ces dernières années. J’en ai plus, mais je suis toujours occupée. Mon père s’en va vivre en résidence. C’est moi qui ai la tâche et la responsabilité de l’installer. C’est comme si j’étais en train d’aménager un appartement pour lui. Je magasine, je fais livrer des meubles, je gère les changements d’adresse, j’installe des rideaux, je déménage des choses, j’achète de la vaisselle, etc. C’est ce qui m’occupe. J’essaie de l’aider le plus possible. Je me dis que la vie est bien faite, car si j’avais eu à vivre ça ces dernières années, je n’aurais pas été en mesure de l’aider. En plus, je peux compter sur Charles, qui s’investit et m’aide à part entière dans ce processus. Mon père nous remercie souvent. Il voit le travail que Charles et moi faisons pour lui et il l’apprécie vraiment beaucoup.

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Vous avez vendu votre condo en Floride et vous vous êtes acheté une maison à la campagne. Est-elle devenue une oasis de paix?

Oui, c’est notre petit refuge où on va se reposer en famille. On a vendu notre condo en Floride sans heurts et sans regrets. J’ai trouvé ça difficile sur le coup, mais je pense que c’était la bonne chose à faire, compte tenu des circonstances. On n’y était pas allés beaucoup ces derniers temps. En fait, on devait y aller durant les fêtes, mais on n’a pas pu s’y rendre. Je peux difficilement quitter mon père ces temps-ci. Tout cela mis ensemble, je me suis dit que c’était correct de passer à une autre étape. Peut-être qu’on achètera autre chose en Floride un jour. Pour l’instant, c’est ce qui est préférable pour nous tous.

Quels sont vos projets pour l’été?

Mathis va tous les jours au pilier pour adultes à l’école À pas de géant qui a déménagé sur la rue Molson, à Montréal, en septembre dernier. Comme elle ferme durant l’été, on ne sera pas obligés de rester en condo, en ville. Je pense que notre objectif cet été sera de passer le plus de temps possible à la maison de campagne. Mathis aime beaucoup la campagne, il y est bien. À vrai dire, si son père et sa mère sont auprès de lui, Mathis est content. Quand on est tous les trois ensemble, ça le rend heureux...

Manger, c’est bon!, publié aux Éditions de l’Homme, est en vente. Tous les profits seront versés à la Fondation Autiste & majeur. On visite la page de la Fondation Autiste & majeur et/ou on fait un don à fondationautisteetmajeur.com. Ne manquez pas la finale de la saison 4 d’Alertes le lundi 1er avril à 20 h, à TVA (ou en rattrapage sur TVA+). Autiste, le commencement débutera le jeudi 13 juin à 19 h, à TVA.

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