Sonia Vachon caresse le rêve d’écrire sa propre série télé
Saskia Thuot
Chaque fois que je rencontre Sonia Vachon, je sais que je vais passer un beau moment. J’admire cette femme magnifique, ce modèle d’authenticité et de sensibilité. Entrevue où la bienveillance envers soi-même prend tout son sens et où le désir de foncer donne une réelle envie d’oser!
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Notre dernière rencontre a eu lieu il y a près de deux ans. Elle était venue chez moi alors que la satanée pandémie jouait avec nos émotions. Comme pour plusieurs d’entre nous, ça n’a pas été de tout repos pour Sonia. Mais maintenant, c’est derrière elle et je reçois en ce début de septembre une femme heureuse. Dès que je lui ouvre la porte, j’ai droit à un gros câlin, vrai, senti. «Tellement contente de revenir ici jaser avec toi!» Et moi de répondre: «Ben là, non; moi je suis encore plus contente!» Et on rit!
UN BEL AUTOMNE
Actuellement, Sonia profite des beaux projets qui se sont présentés à elle récemment. «J’ai beaucoup de travail et ça me rend tellement heureuse! J’ai eu des offres extraordinaires, tout ça dans la même semaine. En avril, j’avais une seule production à mon agenda: 5e rang. Il y a beaucoup de personnages dans cette série, alors je n’avais pas beaucoup de journées de tournage pendant la période estivale. Ensuite, on m’a offert un rôle dans L’Échappée, puis un autre dans la nouvelle série Ma mère, qui est la suite de Mon fils. J’étais vraiment contente de ce projet, car le personnage de la mère est joué par Chantal Fontaine. On se connaît depuis Virginie (NDLR: Série diffusée de 1996 à 2010) et chaque fois qu’on se retrouve sur des plateaux de tournage, c’est le bonheur!»
PRÈS DE SES ÉMOTIONS
Sonia s’amuse dans son travail, car jouer un personnage la comble pleinement. «Être sur un plateau de tournage, jouer un personnage, le créer, le rendre vrai, j’adore ça! Tantôt, j’avais quelques minutes de libres, alors j’en ai profité pour mémoriser mes textes. Je suis tellement privilégiée. Mais mon bien-être ne s’arrête pas là. Que mes enfants, Joséphine et Gédéon, et mon chum aillent bien, tout ça contribue à mon bonheur.» Et la voici soudainement émotive: une larme coule, elle rit. «Je suis reconnue comme la femme qui rit, qui pleure et qui rit encore dans une même phrase! Je suis très près de mes émotions. Avant, j’avais honte de ça! J’avais peur de tomber sur les nerfs des gens en passant du rire aux larmes dans la même phrase. Mais c’est moi, je suis ainsi. Je suis une grande positive et je suis de nature heureuse, mais j’ai aussi la larme facile. Mes émotions sont comme des montagnes russes. En même temps, à 55 ans, il faut que je m’assume. Attends, 55 ou 56? Je ne sais plus! (rires)»
ARRÊTER LE TEMPS
Oui, devenir un grand adulte quand on a encore le sentiment d’avoir 20 ans dans son cœur, ça fait que parfois, on ne se rappelle plus les chiffres. «Mais il faut que je m’en souvienne! J’ai 56 ans, mais parfois il faut que je calcule ou que j’appelle ma mère pour qu’elle me le confirme! (rires) Pour moi, l’âge ne fait pas de sens, car on dirait que j’ai arrêté de vieillir. Des fois, je demande à ma fille si c’est correct ce que je porte pour ne pas avoir l’air d’une vieille qui veut avoir l’air jeune! J’ai une veste en jean avec une épinglette de Star Trek et de Stranger Things, et je tripe sur Le seigneur des anneaux.» On poursuit la discussion tout en grignotant une collation, et on se sert un grand verre d’eau fraîche. Ouf, j’ai une chaleur. «C’est ça qu’on disait, Saskia: 20 ans dans notre cœur, pas dans notre corps!» On rit. J’adore le naturel de cette femme enjouée qui poursuit sans tabous: «Je te regarde avec tes chaleurs... Es-tu en ménopause? Moi, ça fait un petit bout que je suis en ménopause ou périménopause, je sais plus trop, mais je sais que j’ai chaud! L’air climatisé est à fond chez moi et j’ai chaud pareil! (rires) C’est étrange, car je sens le froid, mais je suis en sueur. Cet été, je me suis souvent rappelé d’accueillir la chaleur, un truc qu’on m’avait donné au début de ma carrière alors que je faisais un spectacle dans une grande robe médiévale en velours tout l’été. Alors j’accueille la chaleur... et je peux te dire que cet été, je l’ai accueillie en titi! (rires)»
FONCER ET S’ACCEPTER
De toute évidence, le chiffre compte peu pour elle, mais évidemment, plus le temps avance, plus il va vite et plus l’envie de se dépasser et d’oser habite Sonia. «Je serai toujours une interprète, mais avec les années, mon côté artistique créatif me donne envie de faire plus. J’ai une idée pour une série; ça me trotte dans la tête depuis longtemps. Je veux l’écrire, je veux oser le faire. Je sais que je suis capable. Notre métier englobe tellement de choses maintenant. Je peux être actrice, animatrice, et pourquoi pas scénariste! Souvent, je me mets moi-même des bâtons dans les roues. Là, c’est assez!» Je la regarde s’enflammer avec bonne humeur devant ce projet qui l’allume et je la trouve belle. Pour moi, elle est une icône de beauté dans toute son unicité. «C’est vraiment gentil, ça me touche beaucoup, mais j’ai toujours eu de la misère à recevoir des compliments, surtout quand tu dis “une beauté”! Oui, il y a des fois où je me trouve belle, par exemple lorsque je reviens à la maison et que je me suis fait maquiller pour une production ou une séance photo. Je me regarde alors dans le miroir et je me trouve belle! Mais il y a d’autres fois où je me dis: “Une chance que je suis maquillée!” (rires) Mais je dois dire que j’admire les jeunes filles, car elles s’assument beaucoup plus avec leurs rondeurs et elles sont magnifiques!» Elle souligne aussi avec une certaine fierté qu’elle est naturelle, sans injections, même si parfois ça peut être confrontant. «Nous sommes plusieurs de ma génération à croire en la beauté naturelle. Tu as d’ailleurs eu cette conversation récemment dans une entrevue avec Maude Guérin. On est belles, naturelles, et ça me rend fière de voir qu’on travaille encore. Vieillir, c’est la vie! Et il y a une chose qui m’a toujours marquée. À l’époque de la série Scoop, ma mère était contente de voir en Francine Ruel une actrice à qui elle pouvait s’identifier. Ça m’est toujours resté dans la tête. Je veux que les femmes puissent se reconnaître dans les séries. Il nous faut ça! Et je pense qu’on commence à accepter, petit à petit, l’imperfection. Ce n’est pas nécessaire qu’on soit des femmes toutes lisses!»
VOIR LE BON CÔTÉ DES CHOSES
Sonia se confie aussi sur un problème de santé qui la préoccupe depuis quelques années et sur son cheminement face à ça. «Un jour, je suis tombée sur une émission qui traitait du lymphœdème. (NDLR: Enflure causée par une accumulation anormale de liquide lymphatique dans une partie du corps.) Moi, j’enfle des jambes. C’est un problème de lymphe et, selon la température qu’il fait, ça peut être très difficile. Mais quand j’ai vu cette émission et cette femme qui avait un pied immense — on ne voyait plus ses orteils! —, je me suis mise à pleurer. Je pleurais peut-être parce que je me trouvais chanceuse par rapport à elle. Elle est prise avec une forme sévère de la maladie. Je ne peux peut-être pas porter toutes les chaussures que je veux, mais cette femme qui ne pouvait marcher souffre davantage. Je pense souvent à d’autres femmes qui ont de grandes douleurs. J’essaie de prendre exemple sur elles. On a le droit de se plaindre, chacun a son histoire, mais certaines réalités nous rappellent à quel point on est privilégiés... Ce genre d’histoire relativise nos propres problèmes.»
SAVOIR OSER
On va à l’extérieur sur ma terrasse pour poursuivre notre jasette. Elle admire mon jardin. Je lui promets un bouquet d’hydrangées et je me souviens alors qu’elle m’a déjà dit qu’elle n’avait pas le pouce vert. Elle rit: «Je te confirme que ça ne s’est pas amélioré! Quoique j’ai planté des gloires du matin comme les tiennes... mais mon chum a passé la tondeuse dessus. Je lui avais pourtant dit: “Pas là, Jean-Claude!”» Elle éclate de rire... et moi aussi. «Merci, Saskia. Ça me fait du bien cet échange. Je me rends compte que je ne prends peut-être pas assez de temps pour jaser comme ça et avoir du fun.» Et moi donc! Merci, douce Sonia! Et maintenant, fonce! «Oui, c’est ce que je me souhaite! Je suis maître de ce projet. Je me souhaite de me botter le derrière et d’écrire ma série! Ça fait assez longtemps que j’y pense. Là, il faut que je le fasse. Je dois oser, foncer et n’avoir peur de rien!» Un autre câlin bien senti sur le balcon à son départ, puis je la regarde marcher d’un pas joyeux vers sa voiture. Je fais le plus beau métier du monde. À bientôt, Sonia! Oh non! On a oublié le bouquet d’hydrangées! ;-)
L’Échappée, lundi 20 h, à TVA. 5e rang, lundi 20 h, à Radio-Canada. Cerebrum, mardi 21 h, à Radio-Canada. Ma mère, mardi 20 h, dès le 8 novembre, à TVA.
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