S’initier au vélo d’hiver pour pas cher
Camille Lalancette
La pandémie a poussé plusieurs personnes à fuir les transports en commun et à adopter le vélo comme mode de déplacement, ou encore à se mettre à ce sport par pur désir de faire du plein air. Ceux qui pensent continuer cet hiver peuvent se rassurer : pas besoin d’investir une fortune ou d’être un pro pour faire du vélo hivernal.
La chargée de programme chez Vélo Québec Magali Bebronne pense que le débat «pour ou contre le vélo d’hiver» est révolu. «C’est une question qui ne se pose même plus. Maintenant, c’est plus "comment on en fait et comment on rend ça accessible au plus grand nombre de monde?"», a-t-elle avancé.
La spécialiste du vélo d’hiver a assuré qu’il est possible de s’initier en investissant un montant raisonnable.
Il faut d’abord choisir un vélo auquel on ne tient pas trop, puisqu’avec le gel, le dégel et le sel qui est répandu sur les routes, l’hiver n’est pas tendre envers les bicyclettes.
Il faut ensuite mettre des pneus adaptés à l’hiver – un peu comme sur une voiture – et bien graisser les pièces mobiles, comme la chaine et la roue libre située à l’arrière du vélo.
On peut choisir des pneus à clous, qui adhèrent mieux à la glace, ou encore des pneus d'hiver non cloutés, qui sont moins chers. «Personnellement, je mets un pneu à clou en hiver sur mon pneu avant et j’ai un pneu d’hiver en arrière», a expliqué Magali Bebronne.
Les coûts
Selon des recherches effectuées par le «24 Heures», on peut trouver à Montréal des pneus d'hiver réguliers coûtant entre 30 $ et 45 $ chacun, tandis que le prix des pneus à clous varie entre 80 à 120 $ chacun. Il faut aussi compter des frais d'installation d'une dizaine de dollars par pneu.
Mme Bebronne estime les frais de maintenance et d'ajustement de début de saison à une centaine de dollars.
Une somme entre 250 $ et 400 $ taxes incluses pourrait ainsi vous permettre d'adapter votre vélo à l'hiver la première année. Le prix sera cependant amené à varier considérablement en fonction du type de pneu choisi et de votre capacité à entretenir ou adapter votre vélo vous-même.
Vélos alternatifs?
Certains cyclistes d’hiver décident d’utiliser des vélos à une seule vitesse pour minimiser le risque de bris, ce qui peut être intéressant, selon Mme Bebronne.
Elle dément toutefois le mythe voulant que les vélos de type «fat bike», avec de larges pneus, soient les mieux adaptés à l’hiver, en soulignant qu’ils sont plutôt destinés à une utilisation dans les montagnes. «C’est n’est pas nécessairement le vélo le plus adapté pour rouler en ville en hiver. Ça prend beaucoup d’énergie parce que c’est des pneus "balloune"», a-t-elle souligné.
La carte OPUS : un essentiel
La plupart des essentiels pour le vélo d’hiver sont les mêmes que lors des autres saisons :
- Un feu blanc en avant et une lumière rouge en arrière pour être bien visible, surtout que les automobilistes s’attendent moins à voir des cyclistes l’hiver et qu’il fait plus sombre
- Un bon cadenas dont les pièces qui s’imbriquent ont été préalablement graissées
- Des garde-boues pour préserver ses vêtements des éclaboussures
Un item de la liste de Mme Bebronne peut toutefois surprendre: un titre de transport en commun!
«Le meilleur outil, c’est la carte OPUS. Parce que si on se ramasse avec un problème qu’on ne peut pas solutionner, et bien, on barre notre vélo et on repart en transport en commun», a-t-elle dit.
L’habillement
Mme Brebonne est convaincue que la plupart des gens ont le matériel nécessaire à la maison pour pédaler confortablement.
«Si tu dois faire 15 minutes, tu peux t’habiller quasiment comme si tu marchais, tu vas être bien confortable. Si tu as plus de distance à faire, le piège, c’est de trop s’habiller, d’avoir trop chaud et de transpirer énormément. Ce qu’on veut, c’est adopter une technique en pelures d’oignon», a-t-elle détaillé.
Comme pour tous les sports d’hiver, on mise sur des vêtements en fibres synthétiques et on évite les fibres de coton qui absorbent la transpiration. On s’assure d’avoir de bonnes mitaines et des bottes chaudes et on trouve une tuque mince qui glisse bien sous le casque.
Il faut prévoir quelque chose pour couvrir ses jambes des éclaboussures et du vent froid, comme un pantalon en toile ou des jambières.
Le trajet
Bien prévoir son trajet peut éviter un lot de mauvaises surprises. Magali Bebronne calcule en temps hivernal 50 % plus de temps qu’à l’habitude pour se permettre d’arriver à l’heure tout en roulant de façon sécuritaire.
Elle recommande surtout de choisir des pistes cyclables qui sont séparées de la route, comme celles sur les rues Rachel et Berri, sur le boulevard de Maisonneuve ou encore le Réseau express vélo sur la rue Saint-Denis. L’experte a cependant rappelé que certaines pistes cyclables vont disparaître cet hiver.