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Picolo, le vélo qui stocke du carbone

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Alexis Magnaval

2020-09-25T16:12:36Z
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Tabloïd et Unpointcinq s’unissent pour vous présenter des Québécoises et des Québécois qui placent l’action climatique au cœur de leurs initiatives. 

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Se déplacer à vélo, c’est déjà donner un bon coup de pouce au climat. Quand notre bicyclette est écoresponsable, c’est encore mieux : c’est ce que propose la compagnie montréalaise Picolo avec ses vélos avec des cadres en bois.

Picolo, c’est avant tout l’histoire d’une rencontre entre deux ébénistes et un passionné de vélo, qui s’étaient lancé un pari un peu fou. Ensemble, Loïc Dehoux, Nicolas Goupil et Pierre Laplante ont fini par mettre au point puis à commercialiser le premier vélo en bois de frêne au Canada.  

« Pour nous, l’aspect environnemental est très important. On doit faire attention à notre planète et chaque petit geste compte », indique Loïc Dehoux. 

Pierre Laplante, ébéniste et passionné de vélo, a commencé à travailler sur son idée de vélos en bois il y a une quinzaine d'années.
Pierre Laplante, ébéniste et passionné de vélo, a commencé à travailler sur son idée de vélos en bois il y a une quinzaine d'années. Alejandra Carranza

Sur le plan climatique, les vélos Picolo présentent un avantage imbattable, puisqu’ils sont en bois. Les arbres constituent en effet des réservoirs naturels capables d’absorber et de stocker le carbone issu du CO2. Le cadre en frêne blanc d’un Picolo emmagasine ainsi 6 kg d’équivalent CO2 environ. À l’inverse, la fabrication du même cadre en aluminium rejette dans l’atmosphère quelque 35 kg d’équivalent CO2, tandis que celle d’un modèle en carbone produit environ 380 kg d’équivalent CO2.   

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Contrairement à l’aluminium ou au carbone, le bois est une ressource qui, bien gérée, est renouvelable. Dans le cas des vélos Picolo, ce bois a poussé ici, il est transformé ici, puis utilisé ici. Au final, il contribue positivement à l’économie du Québec. 

Les vélos Picolo sont par ailleurs fabriqués pour durer, précise Loïs Dehoux. « On ne veut pas revendre un deuxième vélo à un acheteur dans 10 ans. C’est un vélo qu’on achète pour la vie », signale-t-il.   

Projet solo concrétisé en trio    

Fils de menuisier, Pierre Laplante se dit « d’une époque où le bois existait encore » et servait à fabriquer une multitude d’objets. «C’est le bois qui a supporté le développement humain», rappelle ce passionné de cyclisme qui a eu son déclic en tombant par hasard sur un professeur d’ingénierie de l’Université de Cedarville, en Ohio, qui construisait des vélos en noisetier.   

Il se met dès lors en tête de concevoir son propre vélo en bois, se renseigne et dessine ses premiers plans alors qu’il travaille dans un magasin de... vélos. Pour concrétiser son idée, il loue en 2014 un coin d’atelier dans une petite ébénisterie nouvellement créée par Loïc Dehoux et Nicolas Goupil. Les deux associés embarquent dans son projet.

Loïc Dehoux, co-fondateur de Picolo vélos, met en avant les qualités d'absorption des chocs des cadres en frêne du Québec.
Loïc Dehoux, co-fondateur de Picolo vélos, met en avant les qualités d'absorption des chocs des cadres en frêne du Québec. Alejandra Carranza

 Après quatre ans de travail et trois prototypes plus tard, les premiers vélos en bois Picolo sont produits grâce à une campagne de sociofinancement. Depuis, les trois compères en ont vendu une quinzaine à des passionnés. « Le vélo de bois est moins populaire parce qu’il est beaucoup plus coûteux. Un vélo d’industrie, qui sort d’usine en Chine, coûte de 15 $ à 20 $. Tandis qu’un cadre comme le nôtre, c’est à peu près 25 fois plus cher », explique Pierre Laplante.

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En bout de course, les vélos Picolo sont vendus à partir de 6000 $, leur prix pouvant grimper jusqu’à 8500 $ selon les équipements choisis. 

Performance et confort    

Le Picolo « est un vélo extrêmement confortable, qui présente des propriétés de rigidité exceptionnelles », prétendent ses concepteurs. « Quand on l’essaie, tous nos préjugés tombent. Sa grande force, c’est le confort », confirme Pierre Lavoie, qui l’a testé et approuvé en 2018 lors d’une étape du Grand défi qui porte son nom. Le Français Cédric Guérin l’a quant à lui éprouvé sur les secteurs pavés du Paris-Roubaix Challenge et il est du même avis. « C’est un des premiers vélos en bois tournés vers la performance. Il est assez léger, mais rigide, avec des qualités d’absorption des vibrations. Je n’ai eu mal qu’aux bras, pas ailleurs, contrairement aux autres concurrents », a constaté le cycliste.  

Lors de la confection, deux coques en bois sont formées et apposées l'une contre l'autre pour former le cadre.
Lors de la confection, deux coques en bois sont formées et apposées l'une contre l'autre pour former le cadre. Alejandra Carranza

Fabriqués sur mesure à partir de planches provenant d’une scierie de la région de Sherbrooke, qui sont ensuite débitées en lamelles de 6 mm, les vélos Picolo sont aussi solides et rigides que ceux en aluminium ou en carbone. Selon des tests menés en laboratoire, leur cadre en frêne blanc, un bois très dense (le même que celui des bâtons de baseball), absorbe 25 % de vibrations en plus. 

À peine plus lourd qu’un vélo ordinaire en carbone, mais bien plus léger pour notre atmosphère, le Picolo est en outre garanti à vie.   

L’atelier des vélos Picolo est localisé sur la rue Masson, dans l’arrondissement de Rosemont—La Petite-Patrie. à Montréal. 

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