Séries québécoises: 10 personnages dans une position vulnérable

On dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire. Quand le doute s’installe, le deuil, la malchance, il est normal de perdre pied. C’est aussi vrai en fiction. Et ça crée de bons revirements. Même les personnages les plus forts ne sont pas à l’abri d’un passage à vide ou d’un moment de vulnérabilité. En voici dix qui jonglent avec une certaine fragilité en cette saison hivernale. 

Emmanuelle St-Cyr (Suzanne Clément) dans Stat

Dans les dernières semaines, l’urgentologue a vu apparaître les symptômes de crises de panique qu’elle tente de cacher à ses collègues. Il faut dire qu’elle en a plein son assiette depuis la mort de son conjoint et les aveux de Jacob avec qui elle partageait tous les détails de l’enquête. Il y a eu aussi le cancer d’Isabelle, bien que celle-ci en ait caché la gravité, et le départ prématuré d’une patiente importante, Alix, qu’elle croyait pouvoir aider. On ajoute à tout cela les magouilles de son père qui n’est peut-être pas innocent face à la mort de sa mère. Ça fait beaucoup de deuils pour une médecin dont la mission est de sauver des vies. Voilà que coup sur coup, sa collègue, Delphine, s’est éteinte, puis Philippe, son meilleur ami, son pilier, est décédé dans des circonstances tragiques. Elle est plus que jamais vulnérable. Emmanuelle perd tranquillement ses repères, alors qu’elle doit garder le cap pour le bien des collègues et patients de l’Hôpital St-Vincent.

Léo Macdonald (Sébastien Delorme) dans Indéfendable

Le procureur de la défense a pris un grand risque en acceptant de faire équipe avec M^e Danielle Alain dans une cause impliquant le fils d’un motard criminel notoire. Il avait pourtant promis d’être plus présent à la maison alors que sa conjointe vit un post-partum difficile. Il a aussi vu M^e Legrand courir à sa perte dans des affaires criminelles. De plus, on a découvert chez lui un côté rancunier lorsque Marie-Anne a décidé de plaider pour le camp adverse. Macdonald n’a rien à prouver et pourtant, il semble en manque d’adrénaline. Il s’est montré confiant, a dû gagner la confiance d’hommes dominants qui n’en laissent pas passer. Les motards ont des techniques d’intimidation qui peuvent déstabiliser même un avocat vedette. Alors qu’il a perdu sa cause, doit-il se sentir sur la corde raide?

Danno Boulianne (Olivier Gervais-Courchesne) dans Cerebrum

L’enquêteur a toujours été solide, impeccable. Partenaire de travail de Simone Vallier, il veille sur elle comme un frère. Il a une vie rangée, dont on ne connaît pas les détails. Mais dans la dernière saison, sa rencontre avec Jacqueline Laurent va bouleverser quelques convictions. Séductrice et manipulatrice, la tueuse qui se fait justice semble irréprochable et travaille de pair avec l’enquêteur qui sera lui-même dans une mauvaise posture.

Thomas Dallaire (Frédéric Millaire Zouvi) dans Les armes

Difficile de ne pas détester l’adjudant-chef Dallaire. Il entraîne les recrues d’une main de fer, poussant la note jusqu'à l’intimidation, aux insultes. Membre élite de l’escouade secrète JTF16 sur la base de Kanawata, il est l’homme de confiance du machiavélique colonel Craig, dont les méthodes sont impitoyables. Il ne les remet jamais en question, au contraire, ça lui donne du pouvoir. Il n’accepte pas la rébellion, même lorsqu’elle vient de ses propres frères d’armes. La mort nébuleuse de son collègue Augustin va lui faire mal. L’avenir n’est pas rose pour Dallaire qui gonfle moins le torse et s’enfonce sérieusement.

Frédéric Lamontagne (Benoît McGinnis) dans Alertes

On sait peu de choses concernant le directeur de l’Escouade Cerbère. On sait qu’il aime manger, qu’il semble toujours un peu à côté de la track, qu’il n’a pas l’autorité que son poste exige. Il a souvent eu l’air d’un pousseux de crayon. Quand le capitaine Roméo Goulet s’est amené pour remplacer Stéphanie, atteinte d’une balle lors d’une intervention corsée, on a découvert un côté plus tendre chez Lamontagne. Cette nouvelle amitié lui allait bien. Mais la mort de Goulet l’a complètement bouleversé et il a débarqué sur le terrain comme on ne l’a jamais vu.

David Fraser (Maxim Gaudette) dans Mea Culpa

Beau thème que celui de la justice réparatrice. À l’adolescence, David a commis l’irréparable, tuant par jalousie son ex-petite amie et laissant son nouveau chum lourdement handicapé. Face à ce geste fatal, David a tout perdu. Même sa famille n’a pas été en mesure de le soutenir. Il a purgé une peine de 25 ans. Depuis sa sortie, il est pointé du doigt. Il a vraisemblablement changé, déterminé à faire le bien sachant très bien qu’il ne pourra réparer ce qu’il a détruit. Mais on ne lui laisse aucune chance pour se réhabiliter. Sa nouvelle liberté s’avère une nouvelle prison.

Corinne Bougie (Pascale Renaud-Hébert) dans Veille sur moi

Elle a grandi dans un milieu bancal avec une mère qui n’était pas trop présente. Malheureusement, la dépendance s’est avérée héréditaire. Dans le cas de Corinne, elle s’est illustrée à plusieurs niveaux alors qu’elle devenait maman à son tour. Partie sur une dérape, laissant son fils derrière elle à sa mère, Corinne se dit prête à se reprendre en main. Mais une influence négative la draine constamment vers le bas. Un affranchissement parsemé d’obstacle qu’elle seule peut enjamber avec une grande volonté.

Agnès Sullivan (Noémie O’Farrell) dans Sorcières

Passer son enfance dans une secte laisse des traces. Si Agnès a réussi à devenir une femme d’affaires en misant sur le bien-être, sa séparation, la perte de son bébé, le changement de vocation de sa clinique, le retour de sa mère dans le décor, tout cela déstabilise la belle à qui on a dit qu’elle avait un don pour guérir. Fragile émotivement, Agnès se laisse séduire par Romane, une jeune femme mystérieuse qui, visiblement, ne cherche pas son bien.

André Surprenant (Patrick Hivon) dans Détective Surprenant

Le sergent-détective André Surprenant traîne un passé qui l’a écarté de la circulation. Droit, il ne tolère pas l’injustice même au-delà de la fraternité. Il œuvre désormais aux Îles-de-la-Madeleine, où il connaît tout le monde. Voir débarquer une équipe de la grande ville pour résoudre le meurtre d’une jeune femme qu’il connaît bien est une véritable insulte. Au fil de son enquête, il se peut que des gens en qui il a confiance lui mentent. Surprenant remet tout en doute, y compris sa propre santé mentale.

Judith de Léry (Catherine Brunet) dans In Memoriam

Elle est la plus jeune d’une famille dysfonctionnelle menée par un père autoritaire, caractériel, qui prenait un plaisir malsain à opposer ses enfants les uns aux autres, dans des jeux comme dans la vie, si bien que la plus jeune, Judith, en a souffert. Elle souffre toujours du décès de sa mère, seule bouée dans cette joute sadique. Si ses frères et sœurs ont réussi à fuir pour refaire leur vie, Judith a succombé à la drogue et aux relations toxiques. Alors que tous s’affrontent une ultime fois pour l’héritage paternel, les souffrances de la fragile jeune femme refont surface.