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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Saga Jacques Delisle: «Une véritable fortune» en ressources

Des criminalistes qualifient «d’extraordinaires» les ressources mobilisées, mais estiment qu’il s’agit là du «prix de la justice»

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

13 mars 2024
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Le dossier Jacques Delisle occupera une place de choix dans les annales judiciaires du Québec, notamment en raison des ressources faramineuses déployées par l’État, du jamais-vu selon plusieurs avocats qui rappellent toutefois qu’il s’agit là du prix de la démocratie et de la justice.

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«C’est une véritable fortune qui a été dépensée par l’État pour essayer de démontrer la culpabilité de Jacques Delisle pendant toutes ces années-là», observe l’avocat criminaliste Jean-Pierre Rancourt.

Les juges, les procureurs de la couronne, le personnel de la cour, les experts entendus, dont certains étaient venus d’Europe, toutes ces ressources viennent évidemment avec un coût important pour l’État.

  • Écoutez l'entrevue avec Walid Hijazi, avocat criminaliste, via QUB :

«Mais, ils n’avaient pas le choix, M. Delisle n’a jamais voulu régler autrement avant aujourd’hui. Il n’a jamais voulu admettre rien ni témoigner. La Couronne n’avait pas le choix de faire appel, d’aller en Cour suprême», analyse Me Rancourt. 

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Le prix de la justice

Or, l’ensemble de ces démarches jusqu’à la révision ministérielle, bien «qu’inhabituelles et inédites» mises bout à bout, convient Me René Verret, représentaient le droit le plus strict de l’accusé à une défense pleine et entière.

Me René Verret
Me René Verret Photo d'archives, AGENCE QMI

«M. Delisle avait des droits. Il avait le droit d’aller devant la Cour d’appel et la Cour suprême. Et il ne faut pas oublier qu’il a eu gain de cause lors de sa révision par le ministre», rappelle l’avocat de la défense, qui a longtemps œuvré en couronne et qui a lui-même mené plusieurs procès d’importance.

C’est là, selon Me Rénald Beaudry, le coût de la justice que l’on a choisi de se donner en tant que société.

«C’est particulier, après une aussi grande saga, qu’un individu plaide coupable, mais c’est le prix de la démocratie et de la justice», insiste l’avocat de plus de 40 ans de carrière, qui qualifie l’affaire Delisle comme du «jamais-vu».

Inégal

L’ex-ministre provincial de la Justice, Me Marc Bellemare, porte toutefois un regard critique sur le processus de révision judiciaire dont a profité Jacques Delisle. 

Celui qui a porté les deux chapeaux, celui de juriste et celui de politicien, estime que l’implication du ministre fédéral dans la révision qui a mené à l’ordonnance de nouveau procès jette un «discrédit significatif» sur le système judiciaire.

«Il n’y pas une journée où ce dossier est dans l’actualité où je n’entends pas que Jacques Delisle a eu un traitement de faveur. [...] Ça fait politique, ça fait copinage, ça fait favoritisme et ça, ça ne sent jamais bon», critique Me Bellemare, précisant que la révision judiciaire est nécessaire lorsque des faits nouveaux sont démontrés, mais qu’elle devrait être faite par des juges et non des élus.

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Me Marc Bellemare
Me Marc Bellemare Photo d'archives, DIDIER DEBUSSCHÈRE

L’aspect financier laisse aussi croire à certains avocats que Delisle a bénéficié de plus de possibilités de défense que d’autres citoyens.

«Un petit plombier de la Gaspésie n’aurait pas eu cette opportunité-là», illustre Me Bellemare.

«N’importe quel citoyen aurait pu faire le même processus, à condition d’avoir le même argent. Pas certain qu’il serait allé aussi loin sur l’aide juridique», renchérit Me Jean-Pierre Rancourt.

La communauté juridique surprise du dénouement de l’Affaire Delisle

«Les jambes m’ont un peu plié quand j’ai appris la nouvelle. [...] Ça fait 42 ans que je pratique et je n’ai jamais vu une saga pareille qui se rend deux fois devant la Cour Suprême, avec un recours au ministre. C’est du jamais-vu.»

– Me Rénald Beaudry


«C’est étonnant parce que la Cour Suprême devait rendre sa décision demain sur la demande de casser l’ordonnance de nouveau procès. C’est drôle que ça arrive avant cette décision là, on ne devrait jamais anticiper quelque décision que ce soit parce que si la Cour Suprême annulait l’ordonnance de nouveau procès, tout tombait.»

– Me René Verret


«C’est surprenant, oui et non. Être l’avocat de la défense, tu veux régler son dossier et éviter le risque qu’il puisse retourner en prison. Parce que s’il y avait eu un deuxième procès, il risquait d’y retourner à vie.»

– Me Jean-Pierre Rancourt

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