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Environnement

Rouler sur une chaussée sans sels en hiver

Sur les écoroutes d'hiver, on privilégie la «gratte» et un peu d’abrasif lorsque nécessaire pour assurer la santé des cours d’eau et des zones vulnérables.
Sur les écoroutes d'hiver, on privilégie la «gratte» et un peu d’abrasif lorsque nécessaire pour assurer la santé des cours d’eau et des zones vulnérables. Pascal Girard/AGENCE QMI
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

4 janvier 2022
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  •  24 écoroutes du Québec sont déglacées presque sans sels de voirie. 

  • Les sels y sont appliqués seulement en cas de force majeure, comme après de la pluie verglaçante.   

  • Seules des routes régionales à faible débit sont visées par ce mode d’entretien, pour des raisons de sécurité.   

Un matin d’hiver, à -20 °C, 10 centimètres de neige sont tombés: les chemins du Québec reçoivent leur dose de sels de déglaçage. Tous? Non. Sur les «écoroutes», on privilégie la «gratte» et un peu d’abrasif lorsque nécessaire, une opération qui fait ses preuves pour assurer la santé des cours d’eau et des zones vulnérables.

Sur une partie de la route 309 menant au centre-ville de Saint-Aimé-du-Lac-des-Îles, «on ne met pas de sels», lance le maire Luc Diotte. «Les gens conduisent plus tranquillement, il n’y a pas plus d’accidents, tout le monde est content et ça aide notre beau lac. C’est merveilleux!»

Depuis 2014, cette municipalité de 790 habitants possède son «écoroute d’hiver».

Les sels y sont appliqués seulement en cas de force majeure, après un épisode de pluie verglaçante, par exemple. Le chasse-neige y passe plus souvent et l'on priorise les abrasifs – mélange de pierres et de sable – dans les courbes, les pentes puis aux arrêts.

Pour la sécurité des automobilistes, donc, la limite de vitesse a été diminuée de 80 à 50 km à l’heure. Et laisser une petite couche de neige rend l’adhérence bien meilleure.

«Tous nos lacs sont en danger et il faut s’en occuper», souligne M. Diotte. «L’écoroute, ça fait partie de ces gestes pour les protéger.»

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• À lire aussi: En raison de l'activité humaine et des changements climatiques, il y a maintenant près de 500 zones mortes dans les eaux mondiales

Le danger des sels de voirie 

Autrefois appelés «routes blanches», ces chemins entretenus sans sels de voirie à la demande des villes sont apparus à l’hiver 2011-2012.

Aujourd’hui, 24 écoroutes sillonnent le Québec.

Elles sont, pour le ministère des Transports (MTQ) et les municipalités, un outil pour protéger les sources d’eau potable, les milieux humides, les lacs, les rivières et les nappes phréatiques de la toxicité des fondants. 

• À lire aussi: Détruire une forêt pour construire une autoroute

En 2001, une évaluation scientifique d’Environnement Canada a démontré que les chlorures de sodium et de calcium utilisés pour déglacer la chaussée représentaient un danger pour la faune, la flore et les milieux aquatiques.

Mais attention, avise le porte-parole du MTQ Louis-André Bertrand, ce mode d’entretien de rechange ne pourrait pas être appliqué sur l’ensemble du réseau routier. «On ne peut complètement éliminer le sel. C’est une question de sécurité», dit-il.

«On vise donc des routes régionales à faible débit où circulent moins de 500 véhicules par jour. Dans la grande région montréalaise, ce n’est pas une solution envisagée», illustre M. Bertrand.

Utiliser les sels intelligemment 

Le problème avec les sels de voirie est qu’ils ne se dégradent pas, signale la biogéochimiste des rivières au Centre d'écologie et d'hydrologie de l’Angleterre, Isabelle Fournier.

«Quand ils atterrissent dans les lacs ou les rivières, le seul moyen de s’en débarrasser est qu’ils aillent ailleurs. L’eau qui s’écoule doit être remplacée par de l’eau moins salée. Mais si on ne change pas nos habitudes, l’eau qui va entrer sera encore riche en sodium. La concentration de sels ne peut qu’augmenter», explique la chercheuse.

L’idée, selon elle, est «d’utiliser la bonne quantité de sels, au bon endroit, au bon moment pour réussir à en mettre le moins possible».

Comme à Saint-Hippolyte, dans les Laurentides, où le déglaçage des routes se fait uniquement avec la niveleuse à neige et par l’épandage d’abrasifs auxquels est ajouté un maigre 3% de sels pour les empêcher de geler.

«On a 62 lacs à Saint-Hyppolite, on a beaucoup de zones humides», fait valoir le directeur des travaux publics de la Municipalité, Alexandre Dumoulin. «C’est une décision entièrement environnementale qu’on a prise il y a quelques années.»

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