Longueuil championne des eaux usées non traitées
Alex Proteau
La Ville de Longueuil est la plus grande émettrice d’eaux usées non traitées au Québec, toutes catégories confondues, selon un palmarès émis par Fondation Rivières.
• À lire aussi: Urgence climatique: voici les plans des partis en environnement
• À lire aussi: L’eau est précieuse, même au Québec
Longueuil trône en première position de ce palmarès, tout juste devant Trois-Rivières, Laval, Québec et Lévis.
Cette nouvelle tombe à quelques jours des élections alors que la Ville de Longueuil est déjà au coeur d'une controverse environnementale entourant la destruction d'un des derniers habitats de la rainette faux-grillon au Québec.
L'ancienneté des installations et l'accroissement rapide de la population pourraient expliquer ses trop nombreux déversement d'eaux usées, croit le directeur général de la Fondation Rivières, André Bélanger.
«À Longueuil, comme à Montréal, c’est des réseaux unitaires. Les eaux pluviales et d’égout se mélangent pour arriver à la station», dit-il. Et en raison de cette particularité, dès qu’il y a de la pluie, ç’a engorge le système, bouche les tuyaux et crée donc des déversements.
Les eaux usées non-traitées sont donc rejetées dans l'environnement plutôt que d'arriver à la station pour le traitement.
Ça arrive principalement lorsqu'il y a une surcharge à l’intérieur du réseau, par exemple lors de pluies ou de la fonte des neiges, explique le chargé de projet en qualité de l'eau de Fondations Rivières, Gabriel Cliche.
La ville de la Rive-Sud affiche un indice d’intensité par habitant de 45.30 pour ce bilan des déversements de 2020. Pour arriver à ce calcul, l’organisme multiplie la taille du réseau par la durée totale des déversements, divisé par le nombre d'habitants. À titre de comparaison, l'indice de Montréal se chiffre à 1.30.
Plus de 50 000 déversements en 2020
Les villes de Lévis et Trois-Rivières sont parmi celles où il y a eu une dégradation importante entre 2019 et 2020.
À l'inverse, d’autres villes se sont améliorées, notamment Laval, Québec, Gatineau et Saguenay, même si elles trônent toujours dans le top 10.
L’organisme a recensé 52 794 déversements d’eaux usées pendant environ 1,6 million d’heures en 2020. L’année précédente, le compte était de 60 663 déversements.
Un total de 700 municipalités figurent dans le palmarès et vous pouvez voir le résultat de votre ville sur le site de la Fondation Rivières.
Plus de déversement avec les changements climatiques
Des déversements seront plus intenses et plus fréquents en raison des changements climatiques, prévoit l’organisme.
Pour le Québec méridional, dans les prochaines années, il y aura moins d’épisodes de pluie, mais avec une plus grande intensité, explique Gabriel Cliche.
Et plus la surcharge est importante, plus les débordements le seront.
Quels sont les impacts d’un déversement?
André Bélanger voit deux conséquences immédiates à l’augmentation des déversements.
D’abord, comme les eaux usées ne sont pas traitées, cela veut dire que plus de déchets solides s’accumulent dans l’eau, ce qui favorise la croissance d’algues. Et plus il y a d’algues, moins il y a de poisson.
Quelles sont les solutions ?
Les villes peuvent réduire les déversements en réduisant la quantité d’eau dans le réseau lors de la construction de nouveaux logements, explique André Bélanger.
Elles ont aussi la responsabilité d’identifier les quartiers problématiques pour faire les aménagements adéquats, dit-il.