Roland-Garros: le roi n’est pas mort
Jessica Lapinski
Malgré son pied blessé, malgré la nuit parisienne qu’il aime moins que le jour, malgré l’immensité de l’adversaire qui se dressait devant lui, Rafael Nadal n’a pas bronché. Sa quête d’un 14e sacre à Roland-Garros demeure bien vivante.
Mardi, la 59e confrontation entre Nadal et le Serbe Novak Djokovic aura donné droit à un autre grand spectacle.
- À lire aussi: Roland-Garros : Dabrowski à une victoire de la finale
- À lire aussi: C'est terminé pour Leylah Annie Fernandez à Roland-Garros
Et au terme des 4 h 12 min qu’il aura duré, c’est l’Espagnol qui a reçu le trophée du meilleur acteur, s’imposant 6-2, 4-6, 6-2 et 7-6 (4) sur le numéro 1 mondial. Le tout sous les acclamations d’une foule en liesse.
«Le public a été incroyable, a relevé Nadal. Je crois que les gens savent que je ne vais pas être là pendant encore très longtemps. Le fait de jouer à l’endroit le plus important dans ma carrière, et de sentir le soutien de la foule, c’est difficile à décrire comme sentiment.»
Malgré son palmarès phénoménal à la Porte d’Auteuil – 13 titres, 105 victoires contre seulement trois revers –, «Rafa» ne partait pourtant pas favori dans ce duel.
«Djoko» avait remporté ses neuf derniers matchs. Il l’avait éliminé en demi-finale à Paris, il y a un an. Et surtout, il y avait le pied de Nadal, qui menace de céder à tout moment, de l’aveu même du cinquième favori.
Mais c’est bien le «taureau de Manacor» qui a amorcé le match en force. Tout d’abord en brisant son grand rival d’entrée, au terme d’un jeu de 10 minutes, qui laissait présager un long duel.
Car cette confrontation qui s’est entamée en milieu de soirée à Paris s’est conclue au début de la nuit.
À la surprise générale, Nadal s’est octroyé un deuxième bris dans cette manche. Et au deuxième set, il a creusé l’écart 3-0.
Le réveil de Novak
Mais Djokovic s’est alors réveillé. Il a limité les fautes directes, ses principales ennemies depuis le début du match. Le Serbe est revenu de l’arrière pour finalement enlever la manche.
Nous étions à une manche partout. Le favori semblait avoir repris l’ascendant. Mais...
«Quand j’ai réussi à gagner le deuxième set, je me suis dit: "Ça y est, je suis de retour dans le jeu"», a expliqué Djokovic après le match.
«Sauf qu’ensuite, a-t-il poursuivi, il a joué deux ou trois jeux fantastiques au début du troisième set. Il a réussi à monter son niveau de tennis à ce moment-là.»
Comme de fait, on a revu le Nadal de la première manche. Un Nadal qui ne semblait plus avoir 35 ans, qui rappelait ses années avant les blessures. Le Nadal qui avait battu «Nole» sept fois en neuf rencontres à Roland-Garros.
«Le docteur est là avec moi ici, ce qui veut dire que l’on peut faire des choses qui aident, a expliqué Nadal au sujet de sa condition physique. Je rassemble tout ce que j’ai pour essayer de jouer ce tournoi, avec les meilleures conditions possible.»
Il a survolé la troisième manche, mais s’est de nouveau embourbé en début de quatrième, coulé par une faute directe tombée très près de la ligne.
Presque un cinquième set
Sur le Philippe-Chatrier, c’était l’euphorie malgré le froid ambiant. Même si la foule était majoritairement en faveur de son roi, les spectateurs souhaitaient qu’un cinquième set vienne couronner cette bataille.
Et c’est passé tout près. Djokovic a obtenu une balle de set à 5-4, mais Nadal l’a effacée, avant de briser. Il y a eu un bris d’égalité. L’Espagnol s’est offert cinq balles de match. Le Serbe a effacé les trois premières.
Mais la quatrième fut la bonne, celle qui ramenait à 30-29 la fiche entre les deux monuments. Et qui assurait à Nadal un affrontement avec l’Allemand Alexander Zverev (3e), vendredi, dans le carré d’as.
«Cette soirée a été pleine d’émotions, a convenu "Rafa". Je me donne la possibilité dans deux jours [jeudi] de jouer une demi-finale à Roland-Garros. Cela veut dire énormément pour moi.»