Luongo intronisé au Temple de la renommée
Jessica Lapinski
Il n’a jamais remporté la coupe Stanley ni le trophée Vézina. Mais fort de 489 victoires dans la LNH, le quatrième plus haut total, et d’une médaille d’or olympique, le gardien Roberto Luongo a vu les portes du Temple de la renommée du hockey s’ouvrir devant lui, lundi.
Le Montréalais y fera son entrée en novembre à Toronto, aux côtés de ses anciens coéquipiers chez les Canucks de Vancouver, les jumeaux Henrik et Daniel Sedin, de l’ex-capitaine des Sénateurs d’Ottawa Daniel Alfredsson et de l’attaquante finlandaise Riikka Sallinen.
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Herb Carnegie, considéré comme le meilleur hockeyeur noir à avoir jamais joué dans la LNH, sera aussi intronisé, à titre de bâtisseur.
À l’instar de Luongo, aucun joueur de cette cuvée 2022 – la première en deux ans, en raison de la pandémie – n’a porté à bout de bras le Saint-Graal du hockey.
«Je n’ai jamais gagné la coupe Stanley, mais j’ai pu jouer au sommet de ma forme durant plusieurs saisons, a relevé le Québécois de 43 ans lors d’une conférence téléphonique. Et c’est en raison de mon éthique de travail que j’ai pu performer comme ça pendant plusieurs années.»
Émotif et fébrile
Luongo aura porté durant 24 matchs seulement l’uniforme des Islanders de New York, l’équipe qui en avait fait le quatrième choix de l’encan 1997.
C’est plutôt avec les Panthers de la Floride et les Canucks qu’il a laissé sa marque dans l’histoire de son sport.
Le gardien aura été le capitaine à Vancouver durant deux saisons, fait inusité dans le hockey moderne. Il a aidé l’équipe à atteindre la finale de la Coupe Stanley en 2011, lors de laquelle elle s’est inclinée devant les Bruins de Boston.
Luongo est par la suite retourné en Floride, avec comme objectif d’amener les Panthers en séries éliminatoires.
Ce qu’il a réussi en 2016, trois campagnes avant d’accrocher ses jambières à l’âge vénérable de 40 ans.
L’appel du Temple, Luongo l’a reçu à sa première année d’admissibilité. Et il a déclenché chez lui de grandes émotions.
«Tu ne t’attends jamais vraiment à ça. Quand tu réponds et que c’est [le Temple de la renommée] au bout du fil, c’est excitant», a concédé l’ancien de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.
Trois Suédois
Les jumeaux Sedin auront presque tout fait pareil durant leurs 17 saisons avec les Canucks. Daniel aura récolté 1041 points en 1306 matchs. Henrik, 1070 en 1330.
Et les voilà les deux attaquants suédois devenus immortels le même jour, eux aussi à leur première année d’admissibilité.
«Mon frère et moi sommes arrivés dans la ligue en même temps. C’est vraiment spécial d’entrer au Temple avec lui. Je suis tellement fier de cette reconnaissance», a souligné Daniel, qui a été repêché deuxième au total, un rang devant son jumeau, en 1999.
Visage des Sénateurs durant presque deux décennies, Alfredsson attendait depuis cinq ans que les portes du Panthéon s’ouvrent pour lui.
Pour l’attaquant aux 1157 points en 1246 parties, cette intronisation «est très spéciale».
«C’est un honneur, a ajouté le Suédois, double médaillé olympique, qui a aujourd’hui 49 ans. On n’y pense pas trop quand on joue, mais maintenant que je suis à la retraite, je suis touché de me retrouver au Temple aux côtés d’aussi grands noms.»
Une première Européenne
L’attaquante finlandaise Sallinen est devenue lundi la première hockeyeuse européenne à être admise au Temple.
L’ancienne joueuse a connu une longue et fructueuse carrière sur la scène internationale. Elle a remporté deux fois le bronze olympique : à Nagano, en 1998, puis à Pyeongchang, 20 ans plus tard.
Elle est d’ailleurs la joueuse de hockey la plus âgée, tous sexes confondus, à avoir décroché une médaille aux Jeux. Elle avait alors 44 ans.
La lutte contre les préjugés
Intronisé à titre de bâtisseur, Carnegie n’a jamais joué dans la LNH.
À l’époque, le propriétaire des Maple Leafs de Toronto, Conn Smyth, aurait dit du joueur de centre qu’il « l’aurait pris dans son équipe si quelqu’un avait pu lui rendre la peau blanche ».
Le Torontois a eu des offres pour jouer au sein des filiales des Rangers de New York, mais pas avec le grand club.
Il a préféré rester au Québec, dans la Quebec provincial hockey league et la Quebec senior hockey league, où il a notamment connu une saison de 127 points en 56 rencontres, à Sherbrooke.
Carnegie a aussi porté l’uniforme des Aces de Québec, en compagnie de Jean Béliveau.
Décédé il y a 10 ans, Carnegie a travaillé sans relâche pour accroître la diversité au hockey après sa retraite, au début des années 1950.
En novembre, en raison de la pandémie, ce sont les intronisés de 2020 qui ont fait leur entrée au Temple. Jarome Iginla, Marian Hossa, Kevin Lowe, Doug Wilson, Kim St-Pierre et Ken Holland ont été admis.
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Inspiré par Grant Fuhr et Patrick Roy
Roberto Luongo a grandi en idolâtrant Grant Fuhr. Quand il jouait dans les rues de son quartier, le Montréalais aimait imiter les arrêts de la mitaine du gardien de la dynastie des Oilers d’Edmonton.
Puis, quand il a voulu bien apprendre les rudiments de la position, Luongo s’est inspiré de Patrick Roy.
Et voilà qu’il deviendra un immortel, à l’instar de ses deux inspirations. Mais le Québécois n’est pas pour autant nostalgique de ce qu’étaient les gardiens à leur époque.
Car Luongo a expliqué voir d’un bon œil l’évolution de la position. Il a rappelé lundi qu’il a lui-même tenté de toujours progresser durant presque deux décennies dans le circuit et que cela lui a peut-être ouvert les portes du Temple de la renommée du hockey.
Les meilleures personnes
Elle est particulière, cette classe 2022. On y retrouve plusieurs joueurs qui se connaissent bien, dont trois anciens coéquipiers chez les Canucks en Luongo ainsi que Henrik et Daniel Sedin.
Il fallait donc s’attendre à ce que tous ces nouveaux immortels se lancent des fleurs, lundi, lorsqu’ils ont discuté avec les journalistes quelques heures après avoir appris la nouvelle.
Et c’est ce qu’ils ont fait. Luongo sera intronisé aux côtés de deux joueurs qu’il a pris plaisir à affronter à l’entraînement durant ses années à Vancouver.
«La meilleure chose dans cette intronisation, c’est que j’entrerai au Temple aux côtés de deux de mes coéquipiers préférés de tous les temps. Deux des meilleures personnes que je connaisse», s’est réjoui l’ancien gardien.
«Ç’a été incroyable de les voir s’entraîner. De savoir qu’ils pouvaient se trouver sur la glace sans se voir. Ils étaient de grands compétiteurs et de grands coéquipiers», a-t-il poursuivi.
«Je ne pourrais être plus heureux de rentrer en même temps qu’Henrik et Roberto, a pour sa part ajouté Daniel Sedin. Roberto est aussi une des personnes que je préfère.»
Strombone sera-t-il présent?
Luongo est le quatrième gardien le plus victorieux de l’histoire, derrière trois autres Québécois : Martin Brodeur, Roy et Marc-André Fleury.
Mais sur les réseaux sociaux, il est reconnu comme l’un des athlètes les plus drôles. Sur son compte Twitter Strombone1, «Lou» aime multiplier les remarques empreintes d’autodérision.
Et les amateurs sont déjà nombreux à espérer que son discours d’intronisation sera dans la même veine.
«Je vais sûrement tweeter un peu pendant la cérémonie, s’est exclamé Luongo. C’est quelque chose qui m’a aidé à passer à travers les moments plus difficiles. Je tente d’être drôle sur cette plateforme, mais c’est vraiment thérapeutique.»
«On verra ce qui arrivera en novembre, mais je ne peux pas promettre [que je serai aussi drôle]!»