«Convoi de la liberté»: quand la liberté est plutôt une mêlée générale
Anne Caroline Desplanques | Journal de Montréal
Les hôtels du centre-ville et les rares commerces ouverts ont été pris d’assaut samedi par une foule où porter un masque, jeter ses déchets à la poubelle ou uriner aux toilettes est devenu superflu.
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« La Ville aurait dû prévoir des toilettes. Les seuls qui rentrent ici, c’est pour demander ça, mais on n’en a pas », lance un commerçant de la rue piétonne face au Parlement, un des rares à avoir levé son rideau, samedi.
Non loin, deux hommes en tenue de camouflage urinent le long d’un mur, en riant, une bière à la main. Il n’est pas midi et malgré le froid intense, une odeur de beuverie flotte déjà dans l’air.
Les rares restaurants ouverts débordent. Seuls les employés sont masqués. De l’autre côté du plexiglas, une foule compacte ignore que seuls les repas pour emporter sont permis.
À l’hôtel Delta, à trois blocs du Parlement, le lobby est noir de monde. Des hommes habillés en noir, dont l’un porte un tee-shirt « Trump for President », sont en conciliabule à côté d’une famille qui charge enfants en bas âge et caisses de bière dans un chariot.
Peur d’être agressé
« C’est sûr que pour le business, c’est bon, mais on s’entend que ce ne sont pas les clients les plus respectueux », indique une employée à l’accueil du Sheraton, qui craint pour sa sécurité.
À côté d’elle, on s’entasse dans les ascenseurs sans masque, tandis que les escaliers sont devenus le repère de fumeurs de marijuana et de cigarettes.
Même scénario au Marriott, où le concierge se tient en retrait dans le lobby.
« On ne leur dit rien, ça ne sert à rien de se mettre dans le trouble », dit-il.
Écoutez l’entrevue de David Morin, titulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violents:
Depuis la veille au soir, une vidéo d’agression verbale d’un employé d’hôtel circule sur les réseaux sociaux :
« Nous sommes venus ici pour nous débarrasser de gens comme toi [...] tellement pathétiques que vous n’avez rien de mieux à faire que de respecter des mandats de m... », hurle un homme en anglais.
Devant le tumulte, le centre commercial Rideau, à 1 km du Parlement, a fermé ses portes en milieu d’après-midi.
« Regardez ça. Ils ne respectent même pas les lumières. Ils sont stationnés sur les trottoirs. Il n’y a plus de règles », décrit un chauffeur de taxi, médusé.
Des manifestants ont même stationné leurs véhicules sur le terrain du cénotaphe national où se trouve le Monument commémoratif de la guerre.
C’est précisément là que le caporal Nathan Cirillo a été tué, en 2014, par un tireur qui s’est ensuite introduit dans le parlement où il a été tué le sergent d’arme Kevin Vickers.
– Avec Clara Loiseau