Première impression réussie pour Benjamin St-Juste
Stéphane Cadorette
Sélectionné au troisième tour au dernier repêchage, le demi de coin Benjamin St-Juste n’a jamais caché son objectif d’exercer un impact immédiat à Washington.
Le Montréalais peut dire mission accomplie, même si sa première saison dans la NFL a été ponctuée d’adversité, avec deux commotions cérébrales.
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«Ça s’est super bien passé et je n’ai pas vécu de problèmes majeurs comme le fameux mur des recrues. J’ai continué d’avoir du fun à chaque semaine et j’ai appris beaucoup», a confié St-Juste en entretien avec Le Journal de Québec.
«De ma première à ma dernière partie, j’étais de plus en plus relaxe et confiant sur le terrain. Ça a été une très belle année si on met de côté les commotions et le fait qu’on n’a pas fait les séries éliminatoires.»
En effet, les commotions ont mis prématurément un frein à ce qui semblait être une excellente première saison pour le demi de coin.
Au troisième match des siens face aux Bills, St-Juste a subi une première commotion en plaquant le porteur de ballon Devin Singletary. Il a raté le match suivant avant de revenir et de subir le même sort face aux Broncos, le 31 octobre. Depuis, il est en réadaptation, en Virginie.
«J’ai passé tous les tests et cognitivement, rien dans mon cerveau n’a été affecté. Il y a juste les maux de tête chroniques. C’est souvent le dernier symptôme qui reste», a-t-il indiqué.
Solide contribution
Au total, St-Juste a pris part à neuf matchs, récoltant 26 plaqués et trois passes rabattues. Dans quatre rencontres, il a pris part à plus de 75% des jeux défensifs des siens. Même qu’à son dernier match complet, face aux Packers, il a été sur le terrain pour 98% des jeux défensifs de Washington. Avant de se blesser contre les Broncos, il en était à 96%.
«Dans mes rencontres de fin de saison, les entraîneurs n’avaient rien de négatif à dire. Ils ont vu plus que ce qu’ils avaient besoin de voir. J’ai performé du camp d’entraînement jusqu’à la moitié de la saison quand je me suis blessé.
«C’est ce qu’ils attendaient de moi, et j’ai livré. Ils voyaient le progrès et ils sont excités pour la saison 2022. Je pense avoir encore plus de temps de jeu», s’est-il exprimé.
L’apport de Ron Rivera
Signe que les temps changent au football, c’est l’entraîneur-chef Ron Rivera qui a invité St-Juste à prendre un pas de recul après sa deuxième commotion.
Le fier compétiteur n’en pouvait plus de ronger son frein sans pouvoir aider l’équipe, mais Rivera, lui-même un ancien secondeur des Bears de Chicago, lui a fait entendre raison.
«L’anxiété m’empêchait de dormir parce que j’avais encore des maux de tête, mais je ne voulais pas perdre ma place. Coach Rivera a pris la décision la plus intelligente. Il m’a dit: "On t’a signé pour quatre ans, pas pour un an."
«Les thérapeutes m’ont dit de prendre mon temps pour faire ma réadaptation. Coach Rivera a déjà vécu la même situation avec Luke Kuechly en Caroline et il lui avait dit d’être patient», a raconté St-Juste.
L’ancien des Spartiates du Cégep du Vieux-Montréal fera un saut rapide à la maison prochainement avant de mettre le cap sur Los Angeles pour peaufiner son entraînement. Il compte revenir à Montréal plus longuement après les entraînements printaniers, afin de tenir son deuxième camp de football annuel pour les jeunes.
Un apprentissage accéléré
Benjamin St-Juste a été rapidement plongé dans la marmite de la NFL et c’est en cinquième vitesse qu’il a travaillé à parfaire son jeu dans la cour des grands.
Le joueur de 24 ans, après ses années universitaires dans les universités du Michigan et du Minnesota, ne demandait pas mieux.
«C’est sûr que c’est un défi. À chaque semaine, je me disais: Oh boy! Je vais couvrir des gars comme Tyreek Hill, Stefon Diggs, Davante Adams...
«Tu te demandes à chaque fois si tu es prêt. Après quelques jeux, je réalisais que, moi aussi, je suis dans la NFL avec ces gars-là! Une fois rendu là, il n’y a pas une marge de talent aussi grande que ce qu’on peut penser. J’ai été repêché pour une raison et c’est de couvrir ces gars-là», a-t-il expliqué.
De bons moments
D’ailleurs, c’est de son sixième match, face aux Packers, que St-Juste retire le plus de souvenirs.
«J’ai failli réussir ma première interception au Lambeau Field. C’était contre Davante Adams. J’ai décidé d’y aller avec une main à la place de deux... Ça n’a pas fonctionné. On joue et on apprend!
«J’ai pris le temps de réaliser que je me trouvais dans un stade historique à affronter deux futurs membres du Temple de la renommée. C’est quand même cool et ce sont des choses que tu dois savourer, car ces moments ne durent pas longtemps», a-t-il lancé.
Selon St-Juste, bien plus que le talent athlétique, c’est la préparation qui fait toute la différence dans la NFL.
«Si tu ne suis pas le processus à la lettre en utilisant toutes les ressources à ta disposition pour performer, l’autre équipe va le remarquer et va attaquer tes faiblesses. Au secondaire ou à l’université, si tu es le meilleur athlète, tu t’en sors. Dans la NFL, tout le monde est super bon. C’est fou tous les détails qu’il faut anticiper!»
Nouvelle identité
C’est le 2 février prochain que l’équipe de football de Washington dévoilera son nouveau nom, son logo et ses uniformes. Le Québécois attend le moment avec impatience.
«J’ai hâte de voir. Football Team, c’est bien correct, mais le fait d’avoir vrai un nom d’équipe va nous permettre de créer une identité et une culture. Notre casque avait juste un chiffre dessus, pas de logo. C’était plate un peu!» a-t-il lâché en riant.