Pour tout savoir sur les métiers à pourboire

Léa Villalba — 37e AVENUE
Dans certains domaines — la restauration en particulier, mais aussi la coiffure ou l’esthétique —, laisser un pourboire est une pratique incontournable. Que faut-il savoir avant de se lancer dans l’une de ces carrières ?
Depuis le 1er mai 2019, le salaire minimum des personnes salariées au pourboire est fixé à 10,05 $ l’heure, comparativement à 12,50 $ pour les autres salariés. Une différence expliquée par les sommes présumées que ces employés accumuleront en pourboires, justement, et qui représentent, en moyenne, 15 % des coûts du service.
Et au quotidien, ça ressemble à quoi ?
Chloé est coiffeuse depuis plus de 10 ans. Même si elle ne recevait pas des pourboires réguliers au début, ça s’est arrangé avec le temps. « Une fois qu’on s’est bâti une clientèle, le pourboire est vraiment intéressant », témoigne-t-elle.
Même constat pour Brigitte, coiffeuse depuis plus de 12 ans. « Au début, ça ne représente pas beaucoup d’argent. Plus tard, ça m’a permis de payer mes sorties. »
Le pourboire représente de 10 à 20 % de leurs revenus annuels. Les deux coiffeuses expliquent que donner du pourboire est naturel pour leurs clients. D’après Chloé, « seulement 2 % des clients n’en laissent pas ». De son côté, Brigitte calcule qu’elle reçoit de 6 à 35 % de plus selon le travail effectué.
Émile est barman depuis cinq ans. Dans son cas, le pourboire représente la majeure partie de son salaire, puisqu’il s’agit d’une pratique assez répandue. « Il y a du stress lié à la précarité. Les pourboires, ça varie beaucoup. Parfois, il y a des périodes très payantes, puis ça redescend. Il faut donc essayer de mettre de l’argent de côté en conséquence. »
Selon Émile, au moins 80 % des clients du bar laissent un pourboire. Là où il travaille, les barmans touchent un peu plus d’argent que les serveurs, qui gagnent à leur tour un peu plus que les aides-serveurs. « On met nos pourboires en commun et on les redistribue selon les heures travaillées. C’est un système assez équitable », croit-il.

Des règles à connaître
Certaines règles régissent toutefois l’attribution des pourboires. D’abord, il faut se souvenir qu’il s’agit d’une « somme remise volontairement par les clients à la personne salariée », écrit la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) sur son site Internet. Il appartient donc à l’employé, qu’il soit versé directement (monnaie) ou indirectement (carte bancaire), et l’employeur n’a aucun droit sur ces montants. En restauration, dans les bars et l’hôtellerie, le pourboire reçu doit toutefois être déclaré à l’employeur, et ce, à la fin de chaque période de paie.
Les salariés d’une même entreprise peuvent en outre décider d’une forme de partage des pourboires entre collègues. Cette convention, écrite ou verbale, ne nécessite pas l’accord de l’employeur. C’est d’ailleurs le cas dans le bar où travaille Émile.
Enfin, toutes ces sommes doivent apparaître dans la déclaration de revenus. On n’y échappe pas !