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L'article provient de Le Journal de Québec
Affaires

Pénurie d’effectifs au Québec: beaucoup plus d’aînés au boulot

Le nombre de travailleurs âgés de plus de 65 ans a augmenté de pas moins de 12 % depuis trois ans dans la province

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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

4 juillet 2022
4 juillet 2022
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Depuis trois ans, le nombre de travailleurs de 65 ans et plus a bondi de 12 %, de 173 100, en 2019, à 194 100 le mois passé, au grand bonheur des employeurs, qui s’arrachent cette main-d’œuvre d’expérience en magasin.

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Même si leur taux d’emploi en mai 2022 était de 11,2 %, similaire à 2019 (11,1 %), ils sont de plus en plus visibles en magasin, a pu constater Le Journal.

«Tant que ma santé sera bonne, c’est sûr que je ne resterai pas assis sur une chaise. Assis sur une chaise, tu es porté à penser, parfois tu penses trop pour rien», lance Robert Desjardins, un grand-père de 78 ans, commis au RONA de Boucherville.

  • Écoutez l’entrevue d’Alexandre Moranville avec Simon Savard, Économiste à l’Institut du Québec sur QUB radio :

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«Quand je rentre le matin et que je mets mon uniforme et ma pin, je suis contente», partage Michèle Gagné, 68 ans, caissière au laboratoire du Jean Coutu de l’arrondissement Loretteville, à Québec.

Aujourd’hui, ils sont nombreux comme eux, même si le Québec tire de la patte par rapport au reste du pays avec un taux d’activité 5 % plus bas, de 51 %, chez les 60 à 64 ans, constate Simon Savard, qui est l’économiste principal de l’Institut du Québec.

«Les femmes, de façon générale, prennent leur retraite plus hâtivement au Québec et l’on a plus d’employés dans le secteur public», observe-t-il.

Maintenir son niveau de vie

D’après lui, avec le chômage historiquement bas et la panoplie des postes à pourvoir, les opportunités vont continuer de pleuvoir pour ces travailleurs.

«Il y en a beaucoup qui veulent rester actifs, mais différemment que dans une précédente vie parce que l’intérêt de travailler n’est plus le même», dit-il.

«Dans bien des cas, ils reviennent sur le marché du travail pour maintenir un niveau de vie», souligne Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ, qui rappelle que plusieurs ont du mal à joindre les deux bouts.

À peine 41 % des Québécois ont un régime de retraite de l’employeur, dit-elle.

Au Journal, le ministre du Travail, Jean Boulet, plaide pour qu’on les retienne.

«Ils possèdent un savoir-faire et une expérience précieuse pour les entreprises. Parmi les groupes moins représentés sur le marché du travail, ils sont les plus nombreux», analyse-t-il.

«Leur retour et leur maintien en emploi constituent des solutions importantes pour combattre la pénurie de main-d’œuvre», affirme-t-il.

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Pour Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins, il faut se rappeler les années 1990 pour mieux comprendre les retraites hâtives.

«Une expression populaire, “Liberté 55”, présentait comme légitime l’ambition de se libérer du travail à l’âge de 55 ans», se souvient-elle.

Écoutez la chronique de Gilles Proulx au micro de Patrick Déry sur QUB radio :

«Magasin de jouets»

Dans les grandes surfaces et les pharmacies, ces travailleurs sont recherchés. 

Au Jean Coutu, une affiche «Bienvenue aux retraité(e)s» accueille les clients.

Photo Francis Halin
Photo Francis Halin

Chez RONA, ils sont 10 % de la main-d’œuvre, et hautement appréciés si l’on se fie à Marc Larouche, directeur national acquisition de talents par intérim.

«On a beaucoup d’aînés qui viennent de la construction, qui aiment parler de construction et bricoler un peu. Pour eux, c’est comme un magasin de jouets», image-t-il. Pour lui, ces employés sont «de l’or en barre».

Marc Larouche, directeur national acquisition de talents par intérim chez RONA.
Marc Larouche, directeur national acquisition de talents par intérim chez RONA. Photo Francis Halin

Pour Robert Desjardins, qui approche de ses 80 ans, travailler est un mode de vie. Après la faillite du quincaillier Pascal, il est retourné à l’école à 47 ans pour être plombier, mais une fois à la retraite, il se tournait les pouces.

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«La première année de ma retraite, je n’ai rien fait. Je me suis dit, c’est bien beau, mais je suis toujours rendu dans les magasins», raconte-t-il.

«Faut bouger. Si tu ne bouges pas, ce n’est pas bon», philosophe l’homme qui utilise l’argent gagné pour ses petites dépenses au resto et au chalet.

«Mamie de tout le monde»

Au Jean Coutu de Loretteville, Michèle Gagné (68 ans) est fière de pouvoir donner ses conseils aux plus jeunes employés.
Au Jean Coutu de Loretteville, Michèle Gagné (68 ans) est fière de pouvoir donner ses conseils aux plus jeunes employés. Photo courtoisie

À 236 kilomètres de là, au Jean Coutu de Loretteville, à Québec, Michèle Gagné dit être «tombée dans la potion d’Obélix» à sa pharmacie où elle avait l’habitude de passer pour aller chercher ses médicaments.

Après une trentaine d’années dans le domaine bancaire, et le dur combat d’une maladie qui s’est étirée, elle a intégré l’équipe du Jean Coutu du coin.

«Je suis la mamie de tout le monde», laisse tomber celle qui ne pourrait plus se passer de l’esprit d’équipe qui règne derrière le comptoir.

«Je prenais beaucoup de notes. J’ai fait un guide d’une quarantaine des procédures à suivre, dans mes temps libres», partage-t-elle.

Aujourd’hui, ses notes patiemment rédigées sont une référence. «Je le faisais le soir pour le plaisir», précise-t-elle.


▶Au Québec, un crédit d’impôt pour les PME favorisant le maintien en emploi des travailleurs d’expérience peut atteindre 75 % des cotisations à l’égard des travailleurs âgés de 65 ans ou plus, jusqu’à 1875 $ par travailleur.

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